Jeune maman, mais surtout brillante collégienne

Mbourel, 14 ans, qui suivra sa 4ème année dans un collège de Tambacounda en 2006-2007, après avoir étudié durant deux ans au CEM de Koumpentoum, est originaire de Medina Petel et a fait son cycle primaire à Payar.

mbourel
Mbourel a commencé son CI à sept ans à Payar, où elle logait chez ses tuteurs durant l’année scolaire pour ne rentrer dans sa famille à Medina Petel, distant de 10 km de Payar, que pendant les vacances. Mbourel fréquentait l’école de Payar avec trois enfants de ses tuteurs. Au vu de ses excellents résultats, son maître lui a proposé à la fin du CM1 de présenter le concours d’entrée en 6ème qu’elle a réussi. Mbourel a donc été inscrite au CEM de Koumpentoum à la rentrée 2003, avec deux autres élèves qui avaient achevé leur CM2. Ses parents l’ont accompagnée à Koumpentoum afin de trouver de nouveaux tuteurs pour accueillir Mbourel durant l’année scolaire. Ses parents ont, quant à eux, pris en charge les frais d’inscription au CEM et les fournitures scolaires. La fille des tuteurs suivait la 3ème dans le même collège que Mbourel. Le très bon niveau scolaire de Mbourel s’est maintenu au cours de sa 6ème et de sa 5ème année, sa préférence allant au français. Le cadre de vie offert par ses tuteurs a permis à Mbourel de poursuivre sa scolarité dans de bonnes conditions et elle disposait de suffisamment de temps pour faire ses devoirs.
Alors qu’elle se préparait à entrer en 4ème année, Mbourel est tombée involontairement enceinte et a décidé de rentrer à Medina Petel plutôt que de subir une exclusion de la part du collège, selon ce qui est prévu par loi. Il est à relever que dans la pratique, les filles sont dans la majorité exclues des écoles lorsqu’une grossesse survient, alors qu’un garçon responsable de la grossesse d’une jeune fille ne l’est pas et poursuit sa scolarité, dans bien des cas sans se soucier du sort de la maman et de son enfant.
Les parents de Mbourel étaient prêts à accepter le sort et à se résoudre à la voir rester à Medina Petel, abandonnant un cursus scolaire prometteur. C’était compter sans le souci pour ses élèves et l’ouverture d’esprit de l’enseignant de CM1 de Mbourel, M. Yaya Cissokho, directeur de l’école de Payar qui, voyant la jeune fille de retour au village à l’heure de la rentrée s’en est inquiété et s’est rendu à Medina Petel pour s’enquérir du problème qui la ramenait chez elle.
Connaissant les aptitudes pour les études de Mbourel et touché par l’injustice qui frappe les jeunes filles qui tombent involontairement enceintes, M. Cissokho a décidé de lui venir en aide et lui a proposé de reprendre après sa grossesse sa scolarité à Tambacounda, où il chercherait un accueil pour elle, ce que les parents de Mbourel ont accepté. Elle a donc passé l’année scolaire 2005-2006 avec ses parents au village tout en révisant ses cours. Après l’accouchement d’une petite fille en mai 2006, M. Cissokho est revenu voir Mbourel pour lui demander quand elle serait prête à partir. Le départ a été fixé à juillet et Mbourel a été accueillie dans la famille de M. Cissokho, prenant le temps de s’adapter à son nouveau cadre de vie avec le soutien des membres de la famille. L’inscription en 4ème se fera donc en octobre et Mbourel est confiante pour la réussite de cette prochaine année scolaire grâce à l’encadrement dont elle bénéficie à Tambacounda. Pour son avenir, Mbourel formule le vœux de devenir enseignante à son tour et on lui souhaite bon courage et tous nos vœux de réussite, sans oublier de saluer l’exemplarité de M. Yaya Cissokho et de sa famille.

Propos recueillis par Enna