L’UJDT mobilise les jeunes de Tamba pour un développement responsable et durable

Entretien avec M. Mbemba Doucouré son déterminé et dynamique président

mbemba

Mbemba Doucouré est un agent de Développement spécialisé dans la microfinance. Il est originaire de la communauté rurale de Bamba Thialéne (Arrondissement de Koumpentoum- Département de TambaCounda). Il  a eu son CEPE à Koumpentoum à l’école Thierno Sakho et son BEFM  au Collége Thierno Souléymane Agne de Tambacounda.  Il a fait une année au Lycée Mame Cheikh Mbaye de Tambacounda avant de poursuivre ses études à Mbour où il a eu le Baccalauréat série D. Orienté à la Faculté des sciences économiques et de Gestion de l’Université de Dakar, il est  sorti avec une Maîtrise en poche, Option Gestion des Entreprises. Tout en étant étudiant, il a fait des stages dans des organismes de Développement à la base et puis dans des banques et bureaux d’études. Ce capital d’expériences  lui a permis d’être recruté par un cabinet d’études  et affecté à Tambacounda pour la mise en œuvre d’un Programme d’Appui à la Microfinance à Tambacounda initié par l’USAID.

A Tambacounda, il faisait un travail d’appui conseil aux braves femmes regroupées autour de la Fédération Régionale des Groupements de Promotion Féminine (FRGPF). A ce niveau, il jouait un rôle de technicien qui appuyait suivant une méthode participative les femmes leaders des Caisses d’épargne et de Crédit des GPF au niveau  du Département de Kédougou, du Département de Bakel, de la Commune de Tambacounda, des arrondissements de Missirah,  de Koumpentoum, de Koussanar et de Maka Colibantang.  Ce Programme a duré six mois, mais globalement le travail a duré deux ans car d’autres partenaires au développement sont intervenus.  Au finish les femmes ont bénéficié des équipements du Programme, d’un appui technique conséquent et des fonds d’autres bailleurs pour le développement de leurs activités génératrices de revenus.  En somme, cela n’a pas été facile pour lui car en tant que technicien, il lui arrivait souvent de s’opposer à des décisions politiques de certains leaders qui  étaient à l’encontre de l’intérêt général et donc de la région. Et  bonjour les divergences !!!
 
Quelles circonstances vous ont amené à créer l'UJDT (l’Union des Jeunes pour le Développement Durable de la Région de Tambacounda)?

Le travail avec les femmes leaders m’a enseigné.  J’ai beaucoup voyagé dans la région, vu beaucoup de choses et mes connaissances en matière de développement local se sont consolidées. Je les remercie beaucoup pour tout ce qu’elles m’ont appris sur le plan organisationnel et surtout sur le plan politique de développement  des organisations locales. Je veux nommer Mesdames Aya Ndiaye et Ndéye Ndao de Kédougou ; Raby  Cissé,  Diakhére Diouf et  Maïmouna Séne (FAFS) de la commune de Tambacounda ; Djélé Ndiaye, Ndiané Kanté, Diéba Guissé et Dramé Koïta de Bakel entre autres. Ces femmes leaders ont une vision claire du développement  et une expérience qui nous a permis aujourd’hui de faire une translation vers la jeunesse. Ceci a été possible grâce à des amis qui pensaient  déjà à créer  une association du genre « Amicale des anciens de l’ASSERT  (Association des Etudiants et élèves ressortissants de Tambacounda.) Ou d’autres comme notre « Amazone » Ndéye Socé Cissé la Secrétaire Générale de l’UJDT et compagnies  qui pensaient à une autre forme c-à-d créer des associations de développement pour les jeunes dans tous les quartiers de la Commune.  Elle l’avait initié dans le quartier Liberté avec AJDL (Association des Jeunes pour le Développement de Liberté). C’est l’ensemble de ces conditions qui nous ont  permis aujourd’hui d’installer l’Union des Jeunes pour le Développement Durable de la région deTambacounda (UJDT) , une association apolitique de Développement local par et pour les jeunes de la région de Tambacounda.

Combien de cellules et de membres compte l'UJDT dans la région de Tambacounda ?

Nous avons huit cellules féminines fonctionnelles dans la région de 40 à 60 adhérentes chacune. Nous avons quatre cellules féminines dont trois fonctionnelles dans la commune de Tambacounda ; une à Koumpentoum  (département de Tambacounda); une à Tabanding, une à Nguidiwel et une à Koulor dans le département de Bakel. Une cellule féminine est une antenne de l’UJDT composée que de jeunes femmes et filles. Ceci aidant, elles peuvent développer des programmes spécifiquement féminins du genre (lutte contre les violences faites aux filles, des formations sur la santé reproductive, des causeries sur la culture de la personnalité chez les jeunes filles….). Pour l’instant nous parlons d’adhérents plutôt que de membres. Car être membre de l’UJDT est plus compliqué qu’on ne le croît « un membre chez nous, est un bénévole qui se donne physiquement, moralement, financièrement pour Tambacounda là où il se trouve et dans ce qu’il fait. Donc nos adhérents sont au nombre de 625 et sont issus en majorité des départements de Tambacounda et de Bakel. A Kédougou on a vendu des cartes à quelques individus (05) et installé un comité d’initiative en juin 2006, mais à ce jour rien n’a bougé.

Quels sont les principaux objectifs de l'UJDT ?

Vendre la destination Tambacounda à travers la jeunesse responsable. Faire de telle sorte que la jeunesse participe activement au Développement Durable de la région. Qu’elle ait son mot à dire dans toutes les décisions qui intéressent sa région. Et qu’on ne lui balance plus des choses préconçues pour elle et pour sa région sans son aval.

Quelles sont les stratégies que l'UJDT met en œuvre pour atteindre ses objectifs?

Nous partons d’un principe directeur pour atteindre nos objectifs: Bannir la violence sur toutes ses formes, Marcher pas à pas vers l’objectif sans se presser. Tenir un langage de vérité et communiquer le plus que possible les statistiques financières. Que l’UJDT se serve de nous et non l’inverse. Que chaque membre là où il se trouve pense et agit positivement pour sa région. Sur cette base nos leaders des différentes localités sont responsabilisés et chaque antenne est autonome et quasi indépendante l’essentiel est que les textes soient respectés afin d’atteindre nos objectifs communs. Selon nous, l’UJDT pense globalement et chaque antenne agit localement.

Avez-vous des partenaires locaux, nationaux et internationaux et quel type de soutien attendez-vous d’eux ?

Nos partenaires sont : l’ARD, le CDEPS, le ministère de l’environnement, les Eaux et Forêts  l’ONG la Lumière, les associations de quartier comme AJDAC, MADASI, la VOIE, l’Association des médecins de Tambacounda (AMT), une association française dénommée Alternative France, le FNUAP à travers sa coordination régionale, le consortium  LVIA-Eau Vive Tambacounda et le PAREP (PNUD). Les appuis sont souvent sous forme technique ou sous forme de prêt d’équipements ou de locaux. Le FNUAP nous a confié l’organisation de la journée mondiale de la population à Tabanding (Kotiary- Bakel) en juillet 2006. Pour Alternative France c’est juste une relation d’échange culturel. Nous les avons logé (15 français et 15 dakarois) gratuitement pendant 12 jours à Tambacounda , guidé leurs pas et les avons  initié à la « Diatiguiya tambacoundoise » (hospitalité tambacoundoise). Avec le consortium LVIA- Eau Vive Tambacounda, c’est un début de collaboration (nous avons remis notre plan d’action stratégique 2005 – 2008 à leurs stagiaires italiennes venues faire des études sur le « Mamacounda » que nous voudrions bien reverdir un jour par nos propres moyens si les grands projets des autorités locales ou nationales tardent à se réaliser). Autre début de partenariat avec le PAREP (Programme d’Appui à la Réduction de la Pauvreté sous l’égide du PNUD) qui s’est estompé avec le décès du Coordinateur régional Monsieur Aldiouma Cissé qui avait fondé un grand espoir sur l’UJDT pour réaliser certaines activités dés l’instant que la compétence technique y est. Il avait voulu signer des contrats d’entretien et de maintenance avec nos membres informaticiens et d’autres formes de contrat pour l’UJDT en tant que structure locale de développement. Nous profitons de cette page pour présenter à sa famille nos condoléances et prions pour que la terre lui soit légère. AMEN

Avez-vous des appuis suffisants des autorités locales, si oui sous quelle forme et sinon quelles sont vos doléances ?

Nos relations avec les autorités locales sont mi-figue, mi- raisin. Nous remercions quand même Messieurs les Maires de Tambacounda et de Bakel  de nous avoir accordé des audiences pour discuter des problèmes de la jeunesse des deux communes et de nous donner des conseils en tant que père, oncle ou frère. Nos doléances sont : La difficulté de rencontrer le président du conseil régional Monsieur Abdou Khadre Cissokho à son bureau au conseil régional malgré l’existence de requête de notre part adressée depuis le 21 janvier 2006. Le refus catégorique des mairies (Bakel et Tamba) de confier à la jeunesse féminine de l’UJDT ou toute autre jeunesse féminine dynamique les jardins publics pour qu’elles puissent y développer des activités génératrices de revenus et les rendre beaux et accueillants. Lors des journées d’assainissement du marché central qui est une structure sous la responsabilité communale, la Mairie de Tambacounda a daigné nous refuser ses biens et ses équipements d’assainissement. Pourtant cette activité figure bien dans son budget et elle se déploie à la faire seule tous les ans avant l’hivernage à un coût onéreux. Avec des besoins réels estimés à plus de 600 000 FCFA pour le nettoyage du marché central et environnant avec l’appui des sapeurs pompiers et services d’hygiène (qui faute de moyens de notre part nous ont offert leurs réserves de produits), la maire n’a participé qu’à hauteur de cent mille francs CFA (100 000 FCFA). Nous étions obligés avec l’aide de la jeunesse féminine de faire des quêtes pour pouvoir transporter les jeunes qui venaient des banlieues et puis remettre 2000 FCFA à chaque association participante pour se procurer du lait  en poudre (moyen efficace de lutter contre la poussière !!!).  Et l’UJDT s’est taillée le gros lot avec #4 000# FCFA (quatre mille francs CFA) pour son lait elle aussi !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Quelles sont les différentes réalisations de l'UJDT depuis sa création ?

Plusieurs formations dans les domaines liés à la dynamique de groupe, à la planification et au développement organisationnel.  Participation à plusieurs séminaires organisés par les partenaires. Participation à la journée d’applaudissement ( !!!) ou d’approbation et de validation du Programme d’Action Communautaire initié par le Conseil Régional en rapport avec les systèmes des nations unies intervenant  à Tambacounda (Un programme très intéressant pour l’atteinte des OMD et le développement de la région si les fonds sont bien utilisés ) Assainissement du marché central, de la Poste, du CDEPS, de quelques quartiers de la Commune. Organisation de la journée mondiale de la population ; création de pépinières à Maka Colibantang ; co-organisation de Forum à Tambacounda avec Alternative France présidé par le Ministre de la Jeunesse en septembre 2006 ; Co-organisation avec l’AMT des journées médicales à Tambacounda. Point focal des vacances citoyennes à Tambacounda. Installation de nos différentes cellules féminines ; mise en place du comité d’initiative de la Coordination Spéciale de Dakar de l’UJDT (structure qui doit chercher des fonds à Dakar pour la reverser à Tambacounda puisque Dakar est le moteur économique du pays)

A quelles occasions l’UJDT s’implique-t-elle dans les événements à Tambacounda ?

Si ce n’est pas son propre événement, elle s’implique lorsqu’elle est invitée et que cet événement est  en droite ligne avec les textes en vigueur.

Quel sera le programme et les défis de l'UJDT en 2007 et quels espoirs fondez-vous dans les élections présidentielles, législatives et communale pour améliorer la situation à Tambacounda?

2007 est une période électorale au Sénégal et de crainte d’être emportée par des politiciens véreux l’UJDT risque de geler beaucoup de ses activités jusqu’après les campagnes électorales. Car c’est une association de masse et  elle pourra être piégée par  ces politiciens.  Le programme se limite juste à la mise en place des clubs de développement durable ; à l’assainissement du marché central, au reboisement ; à la création d’activités lucratives pour la jeunesse féminine. Je fonde le développement de la région sur la jeunesse donc sur l’avenir. Sous cet angle les élections de 2007 changeraient  peu de choses dans la région.  Je compte beaucoup plus sur le Programme national de développement local  (PNDL) qui va injecter 100 milliards par an dans le pays et l’exploitation du fer de Bakel   que sur nos politiques pour voir la physionomie de Tambacounda changer un tout petit peu.

Quel appel aimeriez-vous lancer à travers tambacounda.info ?

Les élections s’approchent, je demande à ce que les jeunes ne soient pas  des jouets des politiciens véreux. Qu’ils ne soient pas utilisés à des fins politiques dans des combats qui ne sont pas les leurs. Je souhaite que ces élections se déroulent en paix et que les meilleurs gagnent.  Bref, je souhaite que les fils de la région et  surtout  son élite (qui est encore passive dans le cadre des réalisations concrètes capables de changer la vie quotidienne de nos pauvres mamans, sœurs et frères)  participe au développement de son village, de son quartier, de sa commune à l’image des émigrés de la Commune de Diawara à Bakel et Environnants qui construisent des écoles et des dispensaires  de leurs propres moyens sans se soucier de l’existence d’autorités et d’institutions locales, régionales ou nationales qui sont habilitées à le faire.

Propos recueillis par tambacounda.info