Adja Aïssata Aya Ndiaye la “lionne du Niokolo”

Par Boubacar Dembo Tamba | Tambacounda.info |

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Elle a réussi à faire l ‘unanimité autour de sa personne, du moins chez les femmes laborieuses du département de Kédougou. Conseillère régionale de son état et présidente régionale depuis une décennie des groupements de promotion féminine de Tambacounda, Adja Aissata Aya Ndiaye a su insuffler une dynamique nouvelle dans le département de Kédougou pour la lutte contre la pauvreté :mouiller le maillot pour subvenir aux besoins des familles.


Une femme qui force l'admiration

Elle n ‘a fréquenté l’école que le temps d’une rose (une seule matinée) et pour cause, »à mon retour des classes, ma mère a fondu en larmes arguant que je l’ai abandonnée et j’ai préféré moi abandonner l’école »lancera avec beaucoup de notes d’humour celle que l’on assimile à tort ou à raison à l’héroïne  Miniyamba du royaume du Bélédougou correspondant approximativement à l’actuelle communauté rurale de Khossanto. Du haut de son mètre quatre vingt, le regard fuyant, Adja Aissata Aya Ndiaye a soufflé sur ses soixante bougies et ni ses huit bouts de bois de dieu ,ni son époux , n’ont pu entamer son combat pour la cause féminine et le recul des barrières de la pauvreté. Conseillère régionale ,elle préside depuis une décennie aux destinées des groupements de promotion féminine à l’échelle de la région orientale.            

La lutte contre la pauvreté: un sacerdoce 
« Je suis à des années lumière de penser que moins que les hommes ,les femmes peuvent pleinement jouer leur partition pour le développement socio-économique du pays »signifiera d’entrée de jeu Adja Aissata Aya Ndiaye qui a fourni de gros efforts ,d’abord pour la constitution des femmes en groupements d’intérêt économique, ensuite pour les déployer dans des activités génératrices de revenus., parmi celles-ci, la riziculture ,la transformation du fonio ou encore la fabrication du beurre de karité.

Des activités rizicoles depuis plus de dix ans
         
Rien que pour les femmes de la commune de Kédougou  au nombre de soixante dix,70 ha sont exploitées tous les ans, avec des hauts et des bas. Les laborieuses femmes se doivent tous les matins se livrer à une randonnée pédestre de plus de 10 km pour rallier leurs parcelles situées dans la communauté rurale de Bandafassy. L’unique tracteur utilisé pour les cultures est la propriété de Aya Ndiaye. Leur appel pour l’acquisition d’autres engins semble tomber dans l’oreille d’un sourd sans qu’elles ne sachent pourquoi et pourtant ,un tracteur est depuis des lustres garé dans l’enceinte de la préfecture sans être attribué ,soutiennent-elles .Aujourd’hui ces femmes développent depuis 15 ans un partenariat avec le Pam qui les appuie en vivres de soudure .N’eurent été quelques contraintes de taille qui ont pour noms :divagation de animaux, défaut d’engrais et d’herbicide ,insuffisance des surfaces cultivables .elles peuvent doubler voire tripler la production. »Toutefois ,nous réalisons des productions nous permettant de vivre un bon moment et par moments ,nous nous payons même le luxe d’en vendre »laissera entendre la présidente régionale des groupements féminins. Présentement ,des femmes tournent les pouces en attendant que leurs parcelles soient labourées du fait des ennuis techniques du tracteur.

La transformation du fonio: un exemple à méditer

Quatre groupements de la commune s’y activent :le koba club,Mère Theresa,Fatou Diallo et Wula Tono et ils cherchent maintenant à percer le mystère du marché mondial. »Au début ,nous avions de la peine à écouler 500 kg toute l’année. De nos jours ,nous en vendons une tonne tous les mois à raison de 1000 francs le kilogramme »souligne Aya Ndiaye.Une commande de 4 tonnes attend d’être satisfaite. Le fonio se fait rare depuis les convulsions ayant secoué la république frontalière de Guinée. Les femmes se rabattent maintenant sur le Mali pour se procurer cette céréale devenue trop prisée. Les groupements en cultivent certes ,mais la production est encore insuffisante et  il leur faut nécessairement un appui pour accroître leur surface financière pouvant leur permettre d’acheter et de stocker de grandes quantités. Elles disposent d’une unité de transformation faite de décortiqueuses, de séchoirs de machines à fabriquer des sachets et de bâches mis à leur disposition par des partenaires comme Usaid/Wula Nafa,le Plcp,le Paoa. A ces activités sont venues se greffer d’autres comme la production du beurre de karité ,la culture du sésame et du maîs .Cette propension des femmes du département de Kédougou à croiser le fer avec la pauvreté commence à faire tâche d’huile et beaucoup de bonheur et elles ont une ambition, propulser leur bienfaitrice affectueusement appelée la « lionne du Niokolo »au sénat.
 
Un seul voeu pieux: investir le SENAT
De Saraya à Salémata,en passant par Fongolimbi etBandafassy,le discours des femmes membres des centaines de groupements de la future région est le même :à défaut du parlement, envoyer leur présidente au sénat .Les femmes que nous avons trouvées en pleins travaux champêtres ce jeudi l’ont dit de vive  voix. »Nous n’avons que Adja Aya,Mamadou Makalou et Amadou Gano Diallo qui essuient nos larmes chaque fois que nous sommes dans des situations difficiles. Si le chef de l’état, comme il l’a souvent dit ne cherche que notre bonheur .qu’il nous installe le duo Adja Aissatou Aya Ndiye-Amadou Gano Diallo au sénat »fulminera Ndèye Ndao,la chargée de l’organisation de la fédération des groupements féminins de Kédougou .A la question de savoir pourquoi opérer un glissement vers le landernau politique ,les femmes répondent en chœur qu’elles font très bien la par des choses ,mais elles se disent pertinemment convaincues que les « questions politiques sont des questions de tout le monde et les questions de tout le monde sont des questions politiques ».

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