Kidira : Oumar Cissokho et la croisade contre les IST / SIDA

Par Boubacar Dembo Tamba / Tambacounda.info /

oumar

Personne ne saurait nier la position stratégique de Kidira dans la croisade contre la pandémie du sida et les IST. Cette ville fait frontière avec le Mali et est hyper fréquentée surtout par les routiers, des travailleuses du sexe clandestines ou avérées. Les autorités sanitaires de la région l’ont si bien compris qu’avec les partenaires au développement tels que UNFPA et l’OIM, elles y développent des programmes de sensibilisation et d’accompagnement au cœur desquels figure un homme dont le dynamisme et le sens des affaires dépassent l’entendement humain.

Du haut de son mètre quatre vingt dix, Oumar Cissikho pèse lourd même s’il est frêle voire squelettique. L’homme a réussi à se frayer un passage dans le processus du développement de son Kidira natal pour lequel il est prêt à tout. Oumar est en fait de tous les combats, celui de la jeunesse aux destinées de laquelle il a présidé des années durant (ce jeudi, il s’activait encore pour la prise en charge des jeunes victimes d’un accident à l’entrée de Bélé), mais et surtout du plus grand combat qui vaille, celui de la santé. Au centre de santé de Kidira, sous la houlette de l’infirmière responsable du service départemental de l’éducation pour la santé de Bakel, il se démène comme un beau diable pour réussir, avec l’équipe cadre du district sanitaire de Kidira ,d’excellentes performances en termes de stratégies avancées dans le cadre de la lutte contre les IST/SIDA et des programmes de vaccination. Depuis près de deux ans, Oumar anime un kiosque d’informations sanitaires et de conseils, implanté à la gare routière de Kidira avec l’appui de UNFPA en collaboration avec le ministère de la santé à travers sa division nationale de lutte contre le sida. Chaque jour que le Bon Dieu fait, Oumar y reçoit pas mal de visiteurs, qui pour des informations, qui pour se procurer des préservatifs, qui pour chercher à connaître leur statut sérologique et c’est de là que Mr Cissokho les réfère au centre de santé pour se faire dépister. En moyenne, 50 à 80 personnes sont référées tous les mois, ce qui, de l’avis de techniciens de la santé est non négligeable.

Durant le premier trimestre de l’année 2007 par exemple, Oumar a distribué à partir de son kiosque quelques 6’352 préservatifs masculins et 93 préservatifs féminins. A Kidira, un nombre inestimable de camionneurs côtoient quotidiennement la horde de travailleuses du sexe venues de partout et qui, le jour, sont dans les nombreuses gargotes du coin. « Elles attirent les chauffeurs » s’est écriée une jeune collégienne. Oumar, toujours égal à lui-même, avec en permanence un sourire déroutant, a réussi la prouesse de pénétrer cet autre monde où il tisse d’excellentes relations avec tous, surtout les travailleuses du sexe qu’il est parvenu à convaincre de la nécessité pour elles de s’officialiser et de se faire suivre régulièrement. « Des travailleuses du sexe d’origine ghanéenne et nigérianes ayant installé leurs quartiers de l’autre côté de la frontière, dans la ville de Diboli, passent régulièrement me voir et je les trouve d’ailleurs moins dangereuses que nos compatriotes qui officient clandestinement dans ce secteur à travers quelques maisons closes » expliquera Mr Cissokho. Et comme il a plusieurs cordes à son arc, il supervise les relais de l’ONG « La Lumière » qui a, en partenariat avec l’OIM, mis en place un programme de sensibilisation sur les IST/SIDA. Six relais s’activent dans ce programme dont les cibles sont, outre les routiers, les collégiennes et les adolescents en général. Ce programme de l’ONG « La Lumière » concerne pour l’instant, en dehors de Kidira, les villages de Sinthiou Fissa, Nayé, Diboli, Sénédébou et Youpé Hamadi. Oumar, redoutable communicateur, anime à ce sujet sur les ondes de Diboli FM, la seule radio curieusement captée à Kidira et qui émet en territoire malien des émissions interactives. Ce sujet est l’un des rares qui le fâchent, « ici nous sommes plutôt des sénémaliens parce que complètement enclavés au plan médiatique ». Il ne reste qu’à espérer que les populations de Kidira lui rendent la pièce de la monnaie, lui qui a préféré rentrer au bercail, après un séjour e France, pour se battre aux côtés des siens.

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