[Tamba Portrait] Médoune Mbow, un tailleur à la pointe du bon goût à Tambacounda

Il suffit de prononcer le nom de Médoune à travers les artères de la capitale orientale pour que tous les férus de mode identifie le bonhomme. Il a su innover et imposer sa griffe en un laps de temps relativement court. Cet homme aux doigts d’or a pourtant acquis les rudiments de son métier au populeux quartier MédinaCoura. Ce qui suffit amplement pour donner du crédit à un jeune homme qui a décidé de conseiller ses pairs dans le domaine si sensible de l’habillement.

Il faut dire que notre bonhomme a du mérite car laisser tomber une carrière de Modou Modou en Espagne pour revenir investir dans sa terre natale, dans un domaine qui n’est pas des plus faciles, est une chose difficile à admettre sous nos cieux. Il a osé faire ce pari sur l’excellence et cela semble lui réussir particulièrement.

Médoune un jeune ambitieux et déterminé

Nous vous invitons à aller à la rencontre de ce jeune qui compte réussir son pari de faire des femmes et hommes les plus élégants de la planète. Vaste programme qui n’effraye pas cependant notre invité qui a plus d’une corde à son arc…

Médoune Mbow est un jeune Tambacoundois qui a osé parier sur l’excellence. Il n’aime pas trop parler de lui-même car il estime qu’il travaille pour la prospérité et que le plus important pour lui est son œuvre et non sa modeste personne. Cela ne doit pas occulter la qualité de son parcours personnel. Il serait intéressant de se revenir sur quelques événements ponctuels qui ont fait de ce jeune trentenaire un des piliers de la mode au Sénégal et particulièrement à Tambacounda. Médoune Mbow a eu à participer à l’élection miss Sénégal à Mbour où il est classé 2e au niveau national. A cela s’ajoute ses relations avec l’actuel Ministre de la culture et du Tourisme Youssou Ndour qu’il avait habillé à l’occasion de son concert au stade régional en 2011, Djiby Dramé, Fallou Dieng, pour ne citer que ces trois stars de la musique Africaine. Ce qui témoigne de la valeur intrinsèque de ce jeune qui a eu à flirter avec la crème des musiciens. Sa carte de visite inspire respect et considération. Le patron du REVE a fait appel à lui pour valoriser ses articles. Ce bref rappel s’impose pour permettre de cerner le personnage qui est un travailleur acharné qui croit toujours en ses possibilités et qui refuse de se laisser aller au découragement ou au doute.

La visite de ses deux grands ateliers sis au marché central et ses 16 employés, permet de se faire une idée précise de l’étendue du travail abattu par ce jeune Tambacoundois qui a pour modèle Cheikh Ahmadou Bamba, son guide religieux. Ce choix qui est loin d’être fortuit renseigne sur le degré d’enracinement et d’ouverture de ce jeune qui a su toujours maintenir un lien fort et particulier avec la mère patrie et ses valeurs de Jom, Ngeum, Fiit et Fayda.(Honneur, Foi, Courage et Dignité). Au sein de ses antres où le visiteur est considéré avant tout comme un ami, la mise en place renvoie à la boutade de certaines célébrités mondiale de la mode. Médoune habille tout, même les fleurs.

Dans son immense domaine artistiquement décoré par ses soins règne une impression de félicité et de bien être qui transparaît à tous les niveaux. Toutes les grandes marques y sont représentées. Les articles fabriqués par le maître des lieux n’ont rien à envier à ceux qui proviennent de l’étranger. C’est à première vue le défi que Médoune tient à relever en toutes circonstances. Les sacs de marque y côtoient les Bazins, chemises, les cravates, les boutons de manchettes et autres vestes et autres sans oublier les accessoires. Il n’y a pas de doute chez Médoune au marché central, tout est mis en œuvre pour satisfaire le client qui est considéré comme un proche, un partenaire auquel l’on souhaite tout le bonheur du monde.

Une Philosophie basée sur des valeurs cardinales

Médoune a bâti sa réussite sur le socle de valeurs bien reconnues à travers le pays. A l’entendre parler le doute n’est pas permis et sa devise renseigne largement sur la volonté du bonhomme de relever tous les défis. La citation qui figure en lettre d’or est déclinée en deux langues et s’articule ainsi, « Omnia Munda Mundis, (Tout est pur aux yeux d’un pur ».) Cela peut aider à comprendre la philosophie du créateur de la Maison de la Mode.

Il est d’avis que la confiance doit être à la base de toute entreprise humaine. Il pense qu’il faut savoir saisir les opportunités et il a fini de faire sienne cette assertion de Daniel Alleamn qui pense que, « se sous estimer et avoir une image assez négative de soi n’encourage pas à entreprendre. Cela nous pousse plutôt à nous résigner et à renoncer à nos aspirations personnelles ». Médoune qui a bien assimilé la leçon du maître est convaincu que la confiance se travaille. Rompu aux arcanes de la mode et de la haute finance, il a su tirer profit de cette rare situation d’artiste doublé d’un bon gestionnaire. C’est ce qui lui a permis de monter sa propre affaire sur fonds. Dans un avenir proche il compte fructifier cet investissement de base en ouvrant trois grandes boutiques. Il avoue beaucoup réfléchir mais cela ne l’empêche nullement d’agir et de persévérer. Médoune Mbow a su se frayer un chemin tout seul grâce à ses atouts qu’il a su faire prospérer mais aussi grâce à la croyance en ses possibilités. En nous guidant dans ses locaux il a bien voulu nous expliquer quelques aspects de son travail unanimement apprécié. On ne peut pas rencontrer Médoune Mbow et ne pas parler de sa conception de l’Habillement. Il a choisi de s’investir dans le seul domaine qu’il avoue connaître profondément. Il aime passionnément son métier et avec lui il n’est pas question d’échapper à recevoir des leçons sur l’habillement. Quand il parle de ce domaine qui le passionne littéralement, on sent une certaine jouissance qui transparaît dans ses propos, l’orateur exulte intérieurement et sa joie est loin d’être feinte. Cela témoigne de l’intensité de la relation quasi charnelle qu’il entretient avec le monde de la mode. Il vit et ne respire que pour son travail. Il peut en parler des heures durant sans se lasser ou laisser transparaître un quelconque signe de fatigue.

Il commence d’abord par vous inviter à faire la différence qui existe entre le mannequin, le styliste, le designer, le couturier et enfin le conseiller en habillements. De l’avis du maître, le mannequin est celui qui montre. Il est le modèle qui porte l’habit pour le présenter au public. Avant qu’il n’intervienne il y’a le styliste qui pense et conceptualise un modèle. Après le designer qui fait office de dessinateur intervient. Le couturier est celui qui finalise le projet de départ car c’est lui qui confectionne. Le conseiller en habillement intervient pour faire des suggestions et aider le client potentiel à opérer un choix judicieux en fonction de plusieurs critères qu’il est le seul à détenir. Notre interlocuteur a bien voulu nous entretenir de l’opinion qu’il se fait de son métier et de ses projets. « Je voudrais profiter de l’occasion pour remercier vivement ma famille et la population Tambacoundoise. Je suis revenu au bercail parce que je suis convaincu que l’Espagne continuera toujours d’évoluer dans le domaine de la mode et de l’habillement avec ou sans mon apport tandis qu’au Sénégal, l’expertise que j’ai pu acquérir à l’étranger peut grandement servir. C’est la raison principale qui m’a poussé à rentrer au Sénégal. En l’espace de cinq ans j’ai pu ouvrir deux magasins et créer des emplois. A l’heure actuelle, j’emplois 16 personnes et c’est un réel plaisir pour moi que de savoir que je contribue tant soit peu au développement de ma ville natale. Je tiens à remercier chaleureusement mes jeunes employés. En un laps de temps relativement court, ils ont assimilé beaucoup de choses et je voudrais les encourager à persévérer dans cette voie.

Je ne fais que ce que je connais et j’interviens dans un domaine que j’ai la chance de maîtriser. Dans le mot habillement, on retrouve la même racine que dans les mots habitude, habitat et habitation. C’est une suite logique. Je vous dirais que dans un pays, il faut que trois secteurs marchent pour que le reste suive il s’agit de l’Architecture, de la Nourriture et de l’Habillement. Rien n’est fortuit dans ce domaine. Prenez l’exemple de la cravate, elle symbolise la rectitude et la ponctualité. Il est vrai que l’habit ne fait pas le moine mais sans l’habit il n y a point de moine », a tenu à disserter Médoune. En attendant, ce fin connaisseur de la mode, qui n’a pas oublié ses cours de commerce, est toujours entre Tambacounda et Dakar, continue son bonhomme de chemin et invite ses frères et sœurs de Tambacounda à oser entreprendre car la réussite est au bout de l’effort.