Tambacounda : Le collège de Gouye file sur ses 10 ans

Le collège Gouye du quartier éponyme,  a entamé il y a quelques semaines sa dixième rentrée des classes. Avec un effectif dépassant pour la troisième année consécutive le millier d’élèves. État des lieux et moral des troupes avec le principal, Samba Sall, à la tête de l’établissement depuis sa création en 2004.

Dans le collège, pour tous (élèves comme enseignants) Samba Sall est  d’abord le «Prince ». Le « Prince » comme le diminutif de Principal. Le « Prince » peut-être aussi, pour désigner le maitre d’un lieu dont il tient les rênes depuis 2004 et auquel il est toujours resté fidèle. Un « Prince » dans tous les cas très accessible, et dont la porte du bureau toujours ouverte, témoigne de la volonté de mettre au premier plan les rapports humains. « Il est très ouvert et toujours prêt à entendre nos petits soucis. On a confiance en lui », confirme Coundo, une ancienne élève de l’établissement. Avec plus de 30 années au compteur, ce natif de Tambacounda qui a commencé à enseigner l’histoire-géo à St-Louis en 1983, affiche une grande sérénité et une toute aussi grande disponibilité qui rejaillit sur l’ensemble du collège et notamment de son équipe, 32 enseignants, 6 surveillants coiffés par un surveillant général.

Le petit collège de proximité est devenu un gros collège

Le collège Gouye, situé de l’autre côté des rails est l’un de ces collèges dits de proximité. Ouvert en 2004, il est le fruit d’une mobilisation massive des parents d’élèves lassés de voir leurs enfants parcourir plus de 3km tous les matins. Passé de 200 élèves lors de son ouverture à plus de 1 000 élèves depuis 2012, l’évolution impressionnante des effectifs (500%) en moins d’une décennie confirme la raison d’être de l’établissement. « Notre collège polarise 3 écoles élémentaires, Gouye, Kothiarinding, Lamine Danfakha, mais aussi de nombreux villages situés autour de la nationale », confirme Samba Sall.

Seulement 11 salles physiques pour 15 classes pédagogiques et des enseignants sous-utilisés

Mais si les effectifs ont augmenté de façon pléthorique obligeant l’équipe éducative à relever toujours plus de défis –notamment au niveau organisationnel- les infrastructures et les moyens n’ont pas suivi. Ce que déplore le principal. « Aujourd’hui, nous avons 15 classes pédagogiques mais nous ne disposons que de 11 salles physiques », poursuit Mr Sall. Une insuffisance de locaux qui a des conséquences multiples. « Nous avons des effectifs trop nombreux dans les classes : de 75 à 80 élèves en 5éme, ce qui au niveau pédagogique n’est pas satisfaisant. Par exemple, nous avons dû réduire le volume horaire de certaines matières l’année passée, en maths et en Français ce qui abaisse la qualité et le quantum. Enfin, certaines classes sont nomades », poursuit Samba Sall, «  car elles n’ont pas de salle de classe fixe. » Une situation ubuesque pour le principal, car si les locaux manquent, paradoxalement, les effectifs de professeur sont satisfaisants. « Le ministère et l’académie ont mis les moyens humains nécessaires pour qu’on assure notre mission éducative » confirme Mr Sall.

1 000 élèves, une clôture inachevée sur 340 mètres, pas d’électricité : un appel à l’aide

A ce problème de locaux, s’ajoutent 2 autres problèmes importants, poursuit le principal. L’absence d’une clôture, qui ne permet pas d’assurer la sécurité idéale des élèves, et de reboiser la cour du collège. Et l’absence d’électricité. Une situation incroyable en ce début de 21éme siècle. «  Nous sommes obligés de gérer l’école de façon artisanale : on perd beaucoup de temps et d’énergie », poursuit le chef d’établissement. « Cela prive aussi nos enseignants et nos élèves de l’accès aux *nouvelles technologies de l’information et de la communication via l’outil informatique et Internet ». Une priorité pourtant et un enjeu car aujourd’hui, aucune activité professionnelle n’échappe à l’informatique et aux NTIC*. L’électricité est aussi une nécessité pour soulager élèves et enseignants, qui de mars à juin sont obligés de subir une chaleur extrême dans les salles de classe. Une chaleur sans doute pas étrangère aux nombreuses crises des élèves filles enregistrées durant cette période. L’électricité permettrait d’installer des ventilateurs. Un appel à l’aide que le principal Samba Sall lance aux collectivités locales (Mairie, région), mais aussi aux partenaires présents sur le territoire national, voire à l’étranger.

Des résultats satisfaisants et une communauté éducative motivée

En dépit de ces difficultés matérielles qui constituent autant de freins au développement idéal d’un collège qui a désormais atteint le millier d’élèves, le principal reste confiant. « Nous avons la chance de constituer une communauté éducative très soudée et très mobilisée, confirme « Le Prince ». Une association de Parents d’élèves très dynamique – l’APE la plus active de la Ville- témoigne Mr Sall. Une équipe composée d’enseignants assez jeunes et très impliqués dans leur travail. Enfin, des élèves bien formés en primaire, poursuit le principal. « Nous devons d’ailleurs rendre hommage aux écoles polarisées qui nous envoient de bons élèves et qui réalisent un excellent travail à la base. » Au final, des résultats plutôt satisfaisants qui situent le collège de Gouye dans le peloton de tête des bons établissements de la zone. Un collège qui malgré les difficultés matérielles, nourrit pour ses élèves beaucoup d’ambition. Et conjugue au quotidien, la recherche de l’excellence, du progrès. Le tout dans une bonne humeur et une sérénité qui doit beaucoup à son principal. « Chapeau Prince ! ».

 

Bruno SOTIN / www.tambacounda.info /