Ukraine : Un violent assaut de la police à Kiev fait des morts

Les forces anti-émeute ukrainiennes, soutenues par un blindé, ont repris mercredi une partie du centre de Kiev. De violentes batailles avec les manifestants ont fait au moins 3 morts, après deux mois de confrontation. L’Union européenne a appelé à «un arrêt immédiat» des violences qui ont fait plusieurs morts ce mercredi 22 janvier, alors que les Etats-Unis ont révoqué les visas de plusieurs Ukrainiens.

Deux hommes ont été tués par balles dans la zone du centre-ville où ont lieu les affrontements, a indiqué le parquet ukrainien, confirmant des éléments donnés par l’opposition. Celle-ci a fait état aussi d’un troisième tué, un jeune homme décédé mardi après être tombé dimanche de plus de 10 mètres de haut alors qu’il cherchait à échapper aux forces anti-émeutes. Elle en a rejeté l’entière responsabilité sur le pouvoir. Selon une source au sein du service médical improvisé de l’opposition, un des manifestants a été «probablement tué par un tireur embusqué».

 

Arrestations

Cinquante personnes ont été arrêtées dans la nuit et 29 d’entre elles inculpées de participation à une manifestation de masse, a rapporté la police, qui parle de 167 blessés dans ses propres rangs. Depuis dimanche, au moins 200 personnes avaient été blessées avant même l’assaut de mercredi, selon le ministère de l’Intérieur. Et un corps avec des traces de tortures a été découvert dans la banlieue de Kiev, ont annoncé des médias ukrainiens citant un policier local. Depuis mercredi matin, les forces de l’ordre, dont les unités anti-émeute, casquées et équipées de boucliers, ont lancé plusieurs assauts contre les barricades dressées dans la rue où se trouvent le siège du gouvernement et le parlement. Les manifestants jetaient des cocktails Molotov et des pierres sur les forces de l’ordre et celles-ci ripostaient avec des tirs de balles en caoutchouc et de grenades assourdissantes. Les manifestants isolés ou tombés étaient battus sans ménagement à coup de pied et de matraque.

 

Gouvernement menaçant

Dans le centre de Kiev, un véhicule de transport de troupes blindé a été utilisé pour la première fois depuis le début de la contestation, selon les images de la télévision. Des centaines d’hommes des forces anti-émeutes le suivaient, forçant les protestataires à se replier vers la place centrale de Kiev, occupée depuis plus de deux mois. Le président Viktor Ianoukovitch, qui a appelé dans la matinée les Ukrainiens à ne pas suivre «les extrémistes», a rencontré les trois leaders de l’opposition ukrainienne. Dans un communiqué, la présidence a indiqué que la réunion avait duré trois heures et constituait une «première étape» dans des négociations, sans donner davantage de précisions. Au même moment, le Premier ministre Mykola Azarov a autorisé la police à passer outre l’interdiction habituelle des canons à eau par des températures inférieures à zéro. Il faisait près de moins dix degrés mercredi à Kiev. Le chef du gouvernement avait menacé mardi soir de recourir à la force.

 

Bruxelles condamne

En réponse, l’Union européenne a appelé mercredi à «un arrêt immédiat» des violences. «Je condamne fermement l’escalade violente des événements à Kiev», a déclaré dans un communiqué la diplomate en chef de l’UE, Catherine Ashton. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a averti Kiev de «possibles actions» et de «conséquences pour les relations» avec l’Ukraine. Dans la foulée, les Etats-Unis ont annoncé qu’il révoquait les visas de plusieurs Ukrainiens, sans révéler l’identité ni la fonction de ces personnes.

 

Critique lancée par Moscou

Moscou a de son côté dénoncé «l’ingérence étrangère» dans les affaires intérieures de l’Ukraine, tout en estimant que l’opposition «extrémiste» en violait «outrageusement la Constitution». L’adoption de lois controversées, entrées en vigueur mercredi et qui durcissent les sanctions contre les manifestants, a relancé la contestation en Ukraine. Des centaines de milliers de personnes sont mobilisées depuis fin novembre à Kiev, après la volte-face du président Ianoukovitch qui a mis le feu aux poudres. Le chef d’Etat a choisi de ne pas signer un accord d’association avec l’UE et s’est tourné vers la Russie.

 

(ats/afp/Newsnet)