Pérennisation des cantines scolaires : Le partenariat Etat du Sénégal, Brésil, Pam et Fao booste la production rizicole à Bandafassi

Dans l’arrondissement de Bandafassi et d’autres localités de la région de Kédougou, le partenariat Etat du Sénégal, Brésil, Pam, et Fao dans le cadre du Programme « achats par les Africains et pour l’Afrique », a donné des résultats satisfaisants. Les producteurs rizicoles de la région de Kédougou ont eu des rendements de 3,5 tonnes à l’hectare. Une production en hausse par rapport aux années précédentes.

Dès les premières heures de cette matinée de mardi, le soleil darde ses rayons étincelants sur la ville de Kédougou. En cette période de l’année, le mercure monte en flèche et peut atteindre 40 degrés dans la journée. Le ministre de l’Education nationale et sa délégation, qui visitaient les champs rizicoles de Bandafassi, sont accueillis à l’entrée de la ville par les autorités administratives, avec à leur tête le gouverneur. Les présentations et les salutations d’usage faites,  le cortège de véhicules s’élance en direction de Bandafassi. Pour rallier ce chef lieu d’arrondissement distant d’une quinzaine de kilomètres de Kédougou, les véhicules empruntent  une piste latéritique, soulevant une poussière rougeâtre. Après une dizaine de minutes de trajet, les chauffeurs bifurquent et se faufilent entre arbres et arbustes. Au bout de quelques minutes, les voitures s’arrêtent. Le reste du chemin se fait à pied. Les responsables de l’antenne régionale de Kédougou du Pam et de la Fao, accompagnés des responsables des services déconcentrés de l’Etat, font visiter les  membres de la délégation un vaste périmètre rizicole. L’arrondissement de Bandafassi est par excellence une zone de riziculture.

Sur le périmètre, le ministre Serigne MBaye Thiam, Ingeborg Maria Breuer du Programme alimentaire mondial (Pam), Marco Sparano de l’ambassade du Brésil au Sénégal et le représentant de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) écoutent les explications des techniciens. Cette année, les rendements sont bons. Les producteurs ont récolté 3,5 tonnes à l’hectare. Des rendements en hausse par rapport aux années précédentes. Cette production été rendue possible grâce à l’aide du Brésil, de la Fao, du Pam et des services déconcentrés de l’Etat qui ont apporté un appui technique. Cinq groupements d’intérêt économique de femmes productrices de riz ont bénéficié, dans le cadre de la phase-pilote du Programme « achats par les Africains et pour l’Afrique », plus connu sous l’acronyme de Paa, d’un important appui financier et technique.

 

Production totale de 3 546 tonnes de riz paddy

Pape Codé Wade, le chef de l’antenne de Kédougou du Papil, souligne que la Fao a fourni 20 tonnes de semences de riz, 25 tonnes d’engrais et 50 tonnes d’urée à 1000 ménages et à des groupements de femmes pour la mise en œuvre du Paa. « Pour la campagne agricole 2012-2013, 1183 hectares ont été emblavés à l’échelle de la région et 33 tonnes de semences ont été distribuées. Cela nous a valu une production totale de 3546 tonnes de riz paddy.  Si nous appliquons un taux d’usinage de 50 %, nous avons au moins 1600 tonnes de riz blanc disponibles pour les populations de la région de Kédougou », explique M. Wade qui vante les mérites du programme. Toutefois, en dépit des bons rendements, les populations et les techniciens ont soulevé quelques difficultés liées, entre autres, aux matériels post récolte et de labour. Avec des rendements de plus de 3 tonnes à l’hectare, il estime qu’il est nécessaire d’acquérir des décortiqueuses qui peuvent faire 2 tonnes à l’heure.  « Le riz traité peut être vendu à 270 000 francs Cfa la tonne au Pam avec le programme Paa, et c’est plus intéressant pour les producteur », affirme le chef de l’antenne de Kédougou du Papil.

Le technicien insiste aussi sur le matériel de labour. Il note que le labourage se pose avec acuité dans la région de Kédougou à cause de la nature des sols et constitue la charge de travail la plus importante. « Sans les tracteurs, les femmes ne veulent pas emblaver de grandes surfaces, parce que le travail est dur», indique Pape Codé Wade. L’acquisition et la mise à disposition du matériel de labour peut booster davantage les rendements d’autant que le potentiel rizicole de la région est important. Kédougou dispose d’importants bas-fonds où on peut pratiquer la riziculture à souhait. De plus, avec le Programme « achats par les Africains et pour l’Afrique », les problèmes liés à la commercialisation sont amoindris. Dans la phase pilote du Paa, 1000 producteurs ont été ciblés. Ainsi, Ils ont pu bénéficier, grâce à l’appui du Brésil, de semences et d’intrants offerts gratuitement. L’Union de Bandafassi, qui regroupe 18 organisations paysannes réparties dans 15 villages, va commercialiser, pour la présente campagne, 22 tonnes de riz, souligne M. Wade.  L’année dernière, cette union avait tiré de la vente près de 8 millions de FCfa.

 

Le Pam achète 250 tonnes de riz aux femmes de Kédougou

Ingeborg Maria Breuer, la représentante-résidente du Programme alimentaire mondial (Pam) au Sénégal, a annoncé, mardi dernier, à Bandafassi, que son organisme achètera 250 tonnes de riz paddy à des groupements de femmes de la région de Kédougou. « Nous sommes en train d’acheter auprès de trois groupements de femmes de Bandafassi 250 tonnes de riz paddy », a  déclaré Mme Breuer. « Cette production va satisfaire 50 % des besoins en céréales des cantines scolaires de la région de Kédougou », a-t-elle ajouté. Ces achats s’inscrivent dans le cadre du Programme « achats par les Africains et pour l’Afrique ». Ce programme est inspiré du programme « Faim zéro » au Brésil qui a permis de sortir des millions d’individus de la pauvreté. Ainsi, grâce à l’appui du Brésil, le Pam et la Fao sont en train de tester la faisabilité de ce programme au Sénégal. Il comporte deux volets. Le premier est un appui aux exploitations familiales pour qu’elles génèrent un surplus de production. La Fao soutient les exploitants en intrants (semences, urée) et en équipements agricoles (décortiqueuses, batteuses). Après les récoltes, le Pam achète le surplus de production et le met à la disposition des cantines scolaires. Ces dernières ont leur importance dans le taux d’achèvement. Elles permettent aux élèves d’apprendre dans de bonnes conditions. Les résultats de l’école primaire de Bandafassi le confirment avec un taux d’admis de 100 % au Cfee.  Dans un sketch,  ils ont loué les mérites de la cantine scolaire, puisqu’elle a permis de réduire les déperditions scolaires surtout des filles. Cela a fait dire au chef du village, Moussa Diallo, que le Pam a fait reculer « la faim, la pauvreté et l’abandon scolaire ». « Nous avons atteint des résultats inattendus. La production de riz a trouvé un acquéreur et les résultats scolaires sont très bons grâce aux cantines scolaires », se réjouit le président du conseil rural de Bandafassi, El Hadj Amadou Diallo.

Ce programme comporte aussi un volet maraîchage. En effet, les femmes mènent des activités maraîchères et cela  permet d’améliorer le régime alimentaire des populations. A Keur Yoro Khodia (département de Nioro), première étape de sa tournée, le ministre de l’Education nationale a annoncé l’introduction, dans le cadre ce projet, d’un volet apprentissage des techniques agricoles à l’intention des élèves.

 

SERIGNE MBAYE THIAM, MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE : « Les cantines scolaires peuvent jouer un rôle central dans la  promotion des céréales locales »
C’est par des chants et des pas de danse que les femmes de Bandafassi ont accueilli le ministre de l’Education nationale et sa délégation. Serigne Mbaye Thiam a déclaré que les cantines scolaires peuvent jouer un rôle central dans la politique nationale de promotion des céréales locales. « Les cantines scolaires pourraient être amenées à jouer un rôle central dans la politique nationale de promotion des céréales locales pour octroyer des revenus monétaires aux populations », dit-il. M. Thiam a indiqué que depuis 2010, le gouvernement du Sénégal, grâce à l’appui de ses partenaires, a entrepris une mobilisation autour des cantines scolaires selon le modèle d’achat des produits locaux dénommé Paa. Lequel est inspiré du programme brésilien « Faim zéro ». Le Sénégal, avec l’appui du Brésil, de la Fao et du Pam, a démarré à Bandafassi (région de Kédougou) un projet-pilote visant à améliorer la sécurité alimentaire des populations et à accroître les revenus des producteurs rizicoles de la région. Serigne Mbaye Thiam a déclaré que le Paa vise à pérenniser le programme des cantines scolaires à travers l’achat local de céréales pour approvisionner celles-ci. Il a salué l’action de toutes les parties prenantes de la stratégie, qui vise à doter le Sénégal d’un programme d’alimentation scolaire durable et soutenable. Le ministre a rappelé que ce projet est l’une des retombées du sommet de haut niveau intitulé « Dialogue Brésil-Afrique sur la sécurité alimentaire, la lutte contre la faim et le développement rural ». Il a également annoncé que le projet sera élargi à d’autres régions et l’accent sera mis sur les potentialités de chacune.

 

A KEUR YORO KHODIA : Le champ communautaire soulage les femmes des cotisations
Awa Cissé a le sourire aux lèvres. Elle parle avec enthousiasme du champ communautaire de son village, Keur Yoro Khodia, situé à 6 kilomètres de l’arrondissement de Wack Ngouna, à environ 40 km au sud de Kaolack. Ses cinq enfants mangent à l’école sans qu’elle ne dépense un sou. « Je ne cotise plus à la cantine scolaire pour mes enfants grâce aux revenus que nous avons tiré, l’année dernière, de notre champ communautaire », lance-t-elle, en gardant toujours son large sourire.

Le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, et sa délégation, composée, entre autres, de la représentante-résidente du Pam au Sénégal, Ingeborg Maria Breuer, du Pam, du responsable de Plan international, ont visité, lundi dernier, ce projet de champ communautaire qui est à sa phase d’expérimentation. Sur le périmètre maraîcher, les femmes sont à pied d’œuvre. Certaines arrosent les plants alors que d’autres labourent. Des spéculations comme le piment, la tomate, la salade, le concombre y sont semées.  Le champ communautaire est exploité par 30 femmes. L’année dernière, elles avaient semé du maïs et du gombo. La  commercialisation de ces produits avait rapporté  497 000 francs Cfa. Une partie des fonds a été affectée à la cantine scolaire.  Dans l’arrondissement de Wack Ngouna, le village de Keur Yoro Khodia est choisi avec cinq autres pour expérimenter les champs communautaires. Ces villages ont bénéficié d’un appui financier du Programme alimentaire mondial (Pam) et de Plan international. Les fonds ont permis l’aménagement du champ communautaire, la clôture du périmètre maraîcher, la réalisation de bassins et d’un château d’eau, la mise en place du goutte à goutte comme système d’irrigation, l’achat de matériel et d’intrants. Serigne Mbaye Thiam a salué les actions du Pam et de Plan international, partenaires qui accompagnent le projet de champ communautaire. Il a également magnifié l’engagement des populations, particulièrement des femmes. Ingeborg Maria Breuer, la représentante-résidente du Programme alimentaire mondial au Sénégal, a expliqué que le champ communautaire vise à encourager la production locale. « C’est possible de produire sur place les aliments nécessaires aux cantines scolaires », estime-t-elle. Aussi, Mme Breuer a salué le partenariat dynamique entre le Pam, Plan international et le ministère de l’Education nationale.

Le projet de champ communautaire, qui est dans sa phase pilote, est déroulé dans 15 villages répartis dans quatre communautés rurales de la région de Kaolack. Il a bénéficié à 2713 élèves de six écoles élémentaires de l’arrondissement de Wack Ngouna, dont 1279 filles. Les intervenants sont unanimes. Le champ communautaire a apporté des changements qualitatifs dans la vie des populations.


Dossier réalisé par Mamadou GUEYE / lesoleil.sn /