RETROSPECTIVE  2013 à Tambacounda : Crimes, Viols, CBV…qui ont marqué l’année

Jadis connu comme un lieu de villégiature, Tambacounda a basculé en 2013 laissant la place à une insécurité ambiante à dresser les cheveux à toutes personnes éprises de paix. Le nombre de crimes et d’agressions ont font perdre le sommeil à bon nombre d’habitants de la région. Retour sur ces faits saillants car une hausse significative est notée, comparativement aux années précédentes.

La dégradation de la situation sécuritaire dans la région de Tambacounda a inspiré la psychose. Les Tambacoundois, au même titre que les visiteurs de la capitale ont assisté en cette année 2013. Mercredi 20 novembre 2013 dans le département de Goudiry, les hommes du Maréchal des Logis en Chef Mor Cissé, commandant la brigade de la gendarmerie de Goudiry ont été alertés d’une découverte macabre dans la forêt du village de Bangol dans la communauté rurale de Bala département de Goudiry. Sans désemparer, les hommes en bleu se sont aussitôt rendus sur les lieux en compagnie d’un médecin légiste. Sur place, ils manquent de s’évanouir face au spectacle qui s’offrait à leurs yeux. Mamadou Diallo âgé de 25 ans, exploitant forestier et domicilié au village de Bangol gisait dans une marre de sang et le corps largué de plusieurs coups de couteau puis abandonné dans la forêt. Après constat, le corps sans vie de Mamadou Diallo a été déposé à la morgue du centre hospitalier régional de Tambacounda pour les besoins de l’autopsie. L’enquête ouverte par la gendarmerie n’identifie pas encore le ou les auteurs du crime odieux. Dans la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 août 2013, une scène insoutenable a eu pour cadre le quartier Plateau. Une jeune femme de 18 ans, Awa Danfakha a reçu plusieurs coups de hache assénés par son mari, lui occasionnant une fracture de la jambe, un doigt sectionné, un visage défiguré et des sévices corporels. Elle a été admise d’urgence au centre hospitalier régional de Tambacounda. Dans la nuit du 4 au 5 août 2103 au village de Saré Sandy dans la communauté rurale de Maka département de Tambacounda, Alimatou Dembélé une fillette âgée de 6 ans a été sauvagement violée, tuée puis jetée à 500 mètres derrière le village. Le présumé coupable qui a pris la fuite, a été identifié comme étant Djiby Diakité, un saisonnier qui était de passage dans ce village. Cette rocambolesque histoire a été précédée d’une autre qui a secoué cœur et estomac dans la capitale orientale. Une malade mentale a été tuée. En effet, c’est dans la nuit du mercredi 21 août alors que l’horloge affichait 21heures 40 minutes dans la pénétrante qui mène dans ce quartier Liberté naguère paisible. Juste derrière le lycée Mame Cheikh Mbaye, il n’était pas difficile de retrouver les lieux à cause d’une foule inestimable composée de curieux et autres badauds éparpillés non loin d’une maison en construction où la découverte a été faite. Sur place, c’est une dame identifiée sous le nom d’Aissatou Diallo âgée de 25 ans, qui ne jouit pas de toutes ses facultés, étalée au sol. Sur les lieux où le corps a été découvert, des traces de sang ont été visibles avec un gros bâton tacheté de sang. L’enlèvement du corps par les soldats du feu a également permis de constater une plaie profonde au niveau du cou. Dans la journée du 26 juillet 2013, coïncidant avec le mois béni du ramadan, les populations du quartier Liberté se sont réveillées dans la plus grande stupeur. Et pour cause, un crime des plus horribles a été perpétré sur un jeune homme dont l’identité reste encore inconnue.  L’homme a été froidement égorgé, trainé puis jeté dans un bassin rempli d’eau.

Dans une des chambres de la maison en construction où il a été découvert, une marre de sang asséchée, un petit pagne (béthio), un matelas déchiqueté, un drap bleu et blanc et un pagne en tissu « wax » multicolore y ont été découverts mais également des traces de sang visibles de la chambre au bassin. Quatre conducteurs de moto taxis Youssouf Sarr, Mandoye Diarra, Mamadou Aliou Barry et Pape Maguette Ngom ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Tambacounda le mercredi 31 juillet 2013 à deux (02) ans de prison ferme. Ils sont reconnus coupables de pédophilie, de détournement de mineure et d’incitation à la débauche sur une mineure mariée, du nom de M. S., âgée de 15 ans. En outre, les quatre maniaques devront payer solidairement la somme d’un million à titre de dommages et intérêts et la somme de 300 000FCFA d’amende. Le 12 juillet 2013, le village de Diam Diam dans le département de Tambacounda a été le théâtre de violents affrontements. Pendant plusieurs heures, des bergers et des cultivateurs se sont affrontés sans merci en usant de coupe-coupe, bâtons et même d’une arme à feu détenue par les bergers peulhs. Bilan : Quatre blessés graves. Il s’agit de deux bergers Samba Diallo et Moussa Diallo et de deux cultivateurs Djiby et Balla Leyti. A l’origine de cette bataille rangée, le champ des cultivateurs avait été dévasté par les troupeaux des bergers.

Deux jours plustard, précisément le 14 août 2013, un éboulement s’est produit, sur le site d’orpaillage de Sounkounkou dans la communauté rurale de Sadatou département de Bakel. Un mort et un blessé, retirés des décombres, ont été admis au district sanitaire de Kédougou. Auparavant, le 10 juillet 2013, la gendarmerie de Kéniéba dans le département de Bakel avait réussi un joli coup de filet. Un mauritanien, élément d’une bande de trois caïds qui avaient braqué d’honnêtes citoyens des zones aurifères de Kédougou et Tambacounda avant d’emporter plus de 10 millions, des motos, des vélos, téléphones portables, a été arrêté avec une arme de guerre MAT 49. L’autre phénomène qui hante le sommeil des populations de Tambacounda, c’est celui naturel qu’est la foudre occasionnant trois morts à Tambacounda. Les faits se sont produits le 30 juin 2013 au village de Marodji située à une soixantaine de kilomètres de la commune de Koumpentoum. Trois membres d’une même famille Mamadou Bâ (38 ans), Pathé Bâ (30 ans) et Djiby Bâ (7 ans) ont été tués par la foudre qui a accompagné les fortes précipitations qui se sont abattues dans ce village. Les victimes étaient dans leur concession faite de paille quand la foudre s’est abattue sur elles. A Bakel, une rocambolesque histoire a défrayé la chronique. Le mardi 18 juin 2013, Djiby Diakité âgé de 46 ans, et domicilié aux HLM et marié à une épouse et père de cinq enfants, est tombé pour son penchant pour le désir charnel. Il a été surpris par sa femme dans une chambre entrain de procéder à des attouchements sur sa propre fille. Cette dernière âgée de 16 ans en classe de 6e a raconté devant les hommes de l’adjudant Bakary Mané, commandant la brigade de gendarmerie de Bakel que son propre père a plusieurs fois tenté d’abuser d’elle.

Le 14 mai à Diyabougou, un village situé dans la communauté rurale de Sadatou département de Bakel, un groupe de villageois, frustrés d’être privés d’orpaillage au détriment des étrangers, s’est dirigé vers les sites pour empêcher les multiples exploitations qui s’y tenaient. Les gendarmes ont décidé de s’interposer pour éviter que le pire ne se produise. Malheureusement, cette intervention a suscité la colère des populations qui s’en sont pris aux forces de sécurité en lançant aux « corps habillés » des projectiles et autres objets dissimulés au préalable dans les poches de leur pantalon. Débordés, les gendarmes ont procédé à des tirs de sommation qui ont provoqué la panique et le dispersement des populations. Mais aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Bambo Danfakha âgé de 24 ans marié et père d’un enfant aurait été tué avec le bout d’un fusil, comme l’atteste la profondeur du trou noté sur sa tête, dans l’enceinte même de son domicile, où, suite à une course-poursuite avec les hommes en bleu, il avait tenté de se réfugier. Outre Bambo Danfakha, il y a également eu trois blessés. Il s’agit de Djimba Macalou, Sira Sakiliba grièvement atteinte au cou et un autre Bambo Danfakha atteint par balle à la main. Samedi 20 avril 2013 à Bakel huit caïds dont les maliens Oumar Barry condamné à une peine de 3 ans ferme après avoir soustrait à lui seul 32 bovins qu’il a bradés au Mali et Amadou Bâ condamné à 1 an ferme, les sénégalais Ousmane Amadou Dia 2 ans ferme, Mamadou Diallo 2 ans ferme, Djiby Niangane 2 ans ferme, Abdoulaye Amadou Deh 3 ans ferme et le Mauritanien Djiby Sow condamné à 3 ans ferme ont profité de la négligence manifeste du personnel de la maison d’arrêt et de correction de Bakel qui n’observait qu’une seule ronde le jour pour munir un plan qui consiste à faucher compagnie les 12 autres détenus incarcérés dans la même cellule. En plus de la négligence des agents, ces huit caïds ont profité de la faiblesse des barres de fer de la fenêtre qui datent de la période coloniale pour s’envoler dans la nature. Cette fenêtre n’avait que des barres de fer parallèles en bande horizontale à intervalles. La cabale des détenus a démarré à 00 h pour être constaté tôt le matin du dimanche vers 6 heures.

Le 17 avril 2013, un rappeur a été poignardé à coup de couteau pour des rivalités entre groupes de jeunes rappeurs. La dispute entre membres de deux groupes de rap avait éclaté au beau milieu d’un podium de rap. Et c’est le surlendemain qu’elle s’est terminée d’une manière atroce. En pleine altercation à la gare routière de Sinthiou Maléme, le rappeur Doudou Konté reçoit un coup de couteau au ventre de la part d’Aladji Niakhasso. Ce dernier est alpagué puis envoyé en prison

Le jeudi 4 avril 2013, Khady Bâ une fillette de trois ans a été retrouvée morte à trois Kilomètres du village de Maka. Portée disparue la veille, le corps sans vie a été retrouvé avec des traces d’égratignures, la tête coincée entre deux branches qui couvrent un jujubier. Samedi 30 mars 2013 à Lambabougou un village situé à la périphérie de Tambacounda, un jeune homme a été retrouvé pendu sur un arbre dans la forêt touffue dudit village. L’homme dont le corps était en état de putréfaction reste inconnu jusqu’ici. Samedi 30 mars 2013, Sédy Sy âgé de 51 ans, marié à deux épouses et père de quatre enfants, était loin de se douter qu’il avait rendez-vous avec la mort. Ce jour-là, l’homme a fait une chute spectaculaire d’une trentaine de mètres lui occasionnant plusieurs fractures après s’être monté sur un poteau téléphonique à Kidira. Apparemment, la vétusté du poteau téléphonique était à l’origine de cette chute. Selon la famille de la victime, Sédy Sy travaillait à la Sonatel de Bakel depuis 1998 et ne serait pas régularisé. Les proches de la victime nous signalent qu’aucun membre de la famille n’a été informé de cet accident. La montée de la criminalité ces derniers temps dans la région de Tambacounda peut se mesurer aux affrontements entre étrangers au village aurifère de Diyabougou dans la communauté rurale de Sadatou. Mercredi 6 mars 2013 aux environs de 4 heures du matin, des maliens se sont vengés sans merci des Burkinabés qui ont tué un des leurs répondant au nom de Sorry Sanogo (28 ans) en usant de toutes sortes d’armes blanches : Jets de pierres, haches, couteaux, barres de fer, gourdins et même des armes à feu comme des fusils de chasse.  Bilan : 6 morts et 37 blessés occasionnant la fermeture du site d’orpaillage. La volonté commune de cette population qui partage le même territoire avait un seul objectif : celui de retrouver chaque jour des pépites d’or. Au courant du mois de février, les populations de Cissé Counda, une bourgade située dans l’arrondissement de Maka Kolibantang ont été surpris de constater qu’un jeune cultivateur du nom de Lamine Cissé d’ôter la vie de son propre père. Ce jour aux environs de 23 heures, Lamine Cissé avait des bisbilles avec sa propre femme décrite comme étant une femme sans histoire et toujours disponible à satisfaire les besoins de son mari et de ses beaux parents. Mais c’était sans compter avec son mari Lamine qui saute sur toutes les occasions pour lui chercher noise. Cette fois, pour une banale histoire, Lamine décide de corriger sa femme et commence à se livrer à des attaques incontrôlées contre elle. Les voisins viendront le calmer. Croyant que l’affaire close, le fou revient cette fois-ci avec la ferme intention d’exécuter ses promesses. Mais en l’absence du voisinage, son père s’y oppose catégoriquement et prend la défense de sa belle fille. Non content, il se met à traiter son père de tous les noms d’oiseaux. Pis, il pousse le bouchon loin. Trop loin même. Après un tour dans la cuisine, il sort avec un pilon et s’acharne sur son géniteur qu’il administre de violents coups. Mal en point, le vieux Ngaly âgé de 53 ans tombe et commence à giser de son sang avant de rendre l’âme. Ce parricide a été précédé d’une découverte monstrueuse à Bakel. Un  petit garçon C. Sidibé âgé seulement de 7 mois qui vivait avec sa mère Adji Dieng au quartier Darou Salam a été retrouvé mort étranglé avec un pagne dans une malle sans couvercle à un endroit isolé de la maison.  La découverte macabre faite vers 00h30, a pris de court tout le quartier. Une fois la nouvelle de sa mort répandue, les supputations vont bon train dans la commune sur l’auteur de cet acte odieux.  Mis au courant de cette découverte macabre, les pandores de la brigade de Bakel se hâtent de rejoindre les lieux malfamés aux fins de constatation de la mort du petit garçon C. Sidibé.

A Tambacounda, c’est une découverte  pas des moindres qui a défrayé la chronique le vendredi 25 janvier 2013. Un groupe de jeunes à la recherche du bois mort, est aussitôt attiré par une odeur pestilentielle sur la vallée du lit marécageux du quartier Abattoirs. Pour y voir clair, les jeunes fouinent les coins et recoins avant de visiter une concession de fortune faite de paille, de toutes sortes de tissus et de nattes. Horreur. Pris de panique, ces derniers accourent pour aller informer les habitants qui se sont vite attroupés sur les lieux. Sur place, le décor a secoué cœurs et estomacs.  Des squelettes d’une personne ont été découverts éparpillés à même le sol. Ce qui laisse présageait que la victime serait morte depuis longtemps. Il s’agit de Mamadou Diouf, un ancien militaire devenu peintre. Un  homme pieux. Il était marié à une épouse qui a fini par rejoindre le Fouta, déclarent les riverains du lit marécageux, ajoutant qu’il vient de la ville Rufisque avant d’installer ses quartiers à Tambacounda. Force est de constater que le redéploiement des services de sécurité et la forte présence des hommes en bleu répartis à travers la région, n’ont pas pour autant contribué à mieux sécuriser les personnes et leurs biens. Hormis les zones aurifères où on constate une présence massive de force de sécurité, d’autres localités comme la commune de Tambacounda sont livrés aux bandes de malfaiteurs et dealers qui imposent leur «loi». «J’habite ici au quartier Plateau depuis des années, et je vous confie que la situation s’est dégradée. Il faut rentrer chez soi avant 20 heures et n’en sortir que le lendemain matin. Le risque de se faire voler ou balafrer est omniprésent. Mieux vaut éviter de tomber sur le chemin de ces malfaiteurs qui sèment la peur et la violence dans ce quartier, autrefois, paisible et sûr…», témoigne avec désolation un vieil habitant de ce quartier populeux. Ici, des personnes se font voler au vu des passants qui assistent impuissants devant des voleurs armés de couteaux et encouragés par l’impunité. Les voleurs guettent leurs proies, les dépouillant de tout ce qu’elles ont (argent, téléphone, bijoux…). Une fois leur forfait commis, ils prennent la fuite et se perdent dans les ruelles des quartiers qu’ils connaissent parfaitement. Les services de sécurité sont appelés à redoubler d’efforts pour restaurer la sécurité dans les rues et les quartiers de Tambacounda, notamment la nuit. Tambacounda retrouvera alors son lustre d’antan, celui d’une capitale paisible et sûre.


Ousseynou DIALLO / www.tambacounda.info /