Tambacounda expose ses maux

Des classes fermées faute d’enseignants, un Taux brut de scolarisation(TBS) en chute libre et un nombre important d’abris provisoires (environs 319). La région de Tambacounda expose « ses maux » qui entravent le bon fonctionnement de son système éducatif, tout en réclamant son université. Les acteurs ont profité de la tribune du Comité régional de développement(Crd) spécial que présidait Serigne Mbaye thiam, ministre de l’Education nationale, ce lundi 8 avril.

Après Kolda et Matam,  c’était au tour de la région de Tambacounda d’accueillir  hier, lundi 8 avril, le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam pour présider le Comité régional de développement (Crd) spécial. Comme partout ailleurs, les problèmes restent identiques. Sauf qu’ici, le déficit d’enseignants a pour conséquence majeure la fermeture d’une centaine de classes, faute d’enseignants dans les départements de Goudiry et de Bakel. Par conséquent, le Taux brut de scolarisation (Tbs) dans la capitale orientale chute d’une manière vertigineuse.

«La baisse du Tbs se justifierait par la présence massive de classes multigrades qui empêche aux écoles de procéder à un recrutement régulier au CI, faute de disponibilité de personnel opérationnel pour prendre en charge les enfants enrôlés», a déclaré d’emblée l’inspecteur d’Académie, Alioune Ndiaye, dans son rapport introductif portant sur le système éducatif de la région de Tamba. Pour le gouverneur de Tambacounda, Gabrielle Ndiaye, «des raisons de mobilités et de déficit d’enseignant, beaucoup d’écoles, une centaine de classes élémentaires, dans ces deux départements ont été fermées. Je pense que ça doit dater de deux ou trois ans».

Le gouverneur indique surtout que «les enseignants au bout de quelques années demandent à partir. Malheureusement, le mouvement inverse n’est pas remarqué. Vous ne voyez pas d’enseignants de Kaolack, Dakar ou de Fatick qui demandent à venir à Tamba».

Estimant qu’ils sont environs 150 enseignants à quitter, dans les départements de Goudiry et de Bakel, l’inspecteur d’Académie, Alioune Ndiaye a précisé que «pour ne pas procéder à des fermetures d’écoles, on a opté pour des classes multigrade ou des classes à double flux pour gérer les cohortes d’élèves». Par conséquent, indique-t-il, «nous constatons la chute du Taux brut de scolarisation. Le taux d’abandon est élevé à tous les niveaux notamment dans l’élémentaire, du moyen et secondaire, surtout chez les filles».

En ce qui concerne le taux d’abandon, l’inspecteur de l’Académie a laissé entendre dans sa communication que «le taux d’abandon à l’élémentaire est de 15,3%.»

Abordant la question de l’Inspection médicale des écoles (Ime), l’inspecteur d’Académie, a informé que « le personnel de l’Ime ne comprend qu’un agent de santé. Il est dans un seul bureau. Ailleurs dans les régions ce sont des services, ils ont un Médecin, des infirmiers et d’autres personnels de santé». Selon ses explications, «il faudra renforcer le personnel pour la prise en charge des cas de santé de la reproduction».

Autres contraintes qui entravent le fonctionnement normal du système éducatif dans la capitale orientale, ce sont les abris provisoires, tout comme à Kolda et Matam. Selon le rapport introductif de l’Ia, «sur les 2 316 classes, 319 sont des abris provisoires soit 14%».

Dans le cas d’espèce, Serigne Mbaye Thiam a annoncé qu’il y a «un programme de résorption des abris provisoires. Nous avons pensé à faire une opération coup de poing pour diminuer ces abris de fortune».
«Je préfère un enfant qui étudie dans les abris à un enfant qui est dans la rue », ajoute-t-il.

Tamba réclame son université

Dans une salle pleine, certains intervenants ont plaidé pour la construction d’un Centre universitaire régional (Cur). Pour régler le problème des nouveaux bacheliers non orientés, dira Youssou Diallo, représentant des parents d’élèves, «il faut construire un Cur à Tamba. Nous avons déjà un acquis, le terrain. Thiès, Bambey Saint louis, ont leur université pourquoi pas nous?». Une proposition qui n’est pas tombée dans une oreille sourde. Le ministre de l’Education nationale promet aux populations «d’être un interlocuteur auprès de son collègue de l’Enseignement supérieur et de la recherche».

 

Ibrahima Baldé / Sud Quotidien /