Tambacounda : Entre or et drogue, les gabelous se « défoulent » sur les contrebandiers

Décidément les gabelous en poste dans la région naturelle du Sénégal oriental ont le flair du lynx. S’ils n’épinglent pas un dealer, ce serait un trafiquant d’or comme ces deux guinéens tombés à Moussala il ya quatre jours avec 2,5 kg du métal précieux avec lesquels ils s’apprêtaient à franchir la frontière malienne.

Vaste comme le monde, la région naturelle du Sénégal Oriental peine à être correctement couverte par les soldats de l’économie. Elle partage des kilomètres de frontière avec les républiques du mali, de la Mauritanie, de la Gambie, de la Guinée Bissao et de la Guinée, ce qui rend la tâche compliquée aux douaniers dont il n’est un secret pour personne que leurs effectifs posent problème tout comme les moyens logistiques appropriés, surtout que les malfrats sont très subtils avec un modus operandi qui leur permet de traverser les mailles des filets des gabelous. En début de semaine à Moussala, village frontalier au Mali dans le département de Saraya, malgré les subterfuges mis en branle par deux guinéens (ils ont dissimulé 2,5 kg d’or brut dans des tubes de médicament CaC1000), ils tomberont sur plus futé qu’eux. Ils n’avaient guère de document justifiant la détention du produit, encore moins son exploitation et sa vente. Des sources dignes de foi indiqueront que les saisies opérées sur l’or commencent à se faire nombreuses. Près de 5kg sont saisis sur des motocyclistes avec de grosses cylindrées pour des livraisons rapides, 1,3kg, 800 g et de nombreuses autres petites quantités mais de grande valeur par les brigades de Kédougou, Saraya et Koumpentoum. « Par moments ce sont de potentiels acheteurs qui se présentent avec des documents justifiant la vente ou la détention pour couvrir les contrebandiers une fois épinglés, mais la loi minière est suffisamment explicite, il faut une autorisation pour une exploitation artisanale et pour la petite mine, un comptoir d’achat pour l’achat et la vente de l’or » expliquera un spécialiste du droit minier.

Les rouages du commerce licite sont utilisés pour faire passer la drogue

Les dealers aussi changent souvent leur façon d’opérer. Ils utilisent les rouages du commerce licite pour passer entre les mailles des filets. « Ce sont de petites quantités (10 à 20 kg) que les trafiquants utilisent avec des véhicules particuliers ou de transport en commun » laissera entendre une source proche du dossier qui n’a pas manqué de déplorer certaines complicités comme ce fut le cas lors d la saisie de 80 kg de chanvre indien dans le train de marchandises. Il ajoutera qu’ils utiliseront « le renseignement et la recherche pour boucher les couloirs de passage de la drogue ». Celle dure se fait un peu plus rare, mais le chanvre indien est souvent saisi avec les 200 autres kilogrammes sur lesquels les gabelous ont mis la main. Les soldats de l’économie ne sont visiblement pas prêts à baisser la garde, ils paraissent plus que jamais déterminés à mouiller la casquette pour notre économie, car il est connu que dans cette région naturelle du Sénégal oriental, ils mettent entre deux et trois milliards de nos francs dans les caisses de l’Etat, malgré la situation qui sévit au Mali.


Boubacar Dembo Tamba / Tambacounda.info /