”Taxi-Jakarta”, un projet de normalisation du métier de vélo-taxi présenté à Tambacounda

Un projet de normalisation du métier de conducteur de vélos-taxis, dénommé ‘’Taxi-Jakarta’’, a été présenté vendredi à Tambacounda, à des acteurs du secteur, venus des régions de Sédhiou, Kolda, Kaffrine et Tambacounda. Des conducteurs de vélos-taxis venus de Sédhiou, Kolda, Koungheul ainsi que des autorités administratives et des élus ont pris part au conseil régional de Tambacounda, à un atelier sur le transport en commun par les vélos-taxis Jakarta.

Il visait à présenter le projet et à favoriser une concertation avec les acteurs du secteur, mais aussi à les sensibiliser sur la nécessité d’une réorganisation de ce mode de transport.

Le projet ‘’Taxi-Jakarta’’ est initié par l’Agence de développement local (ADL), en partenariat avec Satech Services, une structure privée basée à Kaolack et devant participer à la mise en œuvre de la phase, pilote dans le cadre d’une joint-venture.

‘’Taxi-Jakarta’’ vise à formaliser le métier de conducteur de vélo-taxi marqué, de manière générale, par son caractère informel.

Il s’agit d’abord d’identifier les vélos-taxis, ainsi que les vélomoteurs à usage personnel, avec des plaques d’immatriculation, afin de disposer de statistiques fiables sur leurs effectifs, a expliqué Chamsédine Ndiaye, de l’ADL. Il est aussi envisagé de mettre en place une licence pour les conducteurs en plus de leurs permis de conduire.

Le projet s’attèlera, en outre, à aidera les conducteurs à souscrire à une police d’assurance, tout en s’intéressant à leur prise en charge médicale.

A travers un partenariat avec le Groupement des sapeurs pompiers, l’hôpital régional et une compagnie d’assurance, le projet travaillera à une ‘’réduction du délai entre le sinistre et la prise en charge’’, a dit son coordinateur.

La formation à la sécurité routière et l’encadrement des associations de vélos-taxis sont aussi des axes d’intervention de ‘’Taxi-jakarta’’.

Il est prévu un réseau de garages mécaniques modernes agréés de motos-taxis qui prendra en charge les pannes de ces engins et où pourront être détachés certains conducteurs qui étaient des mécaniciens à l’origine.

Un conseil de surveillance où seront représentées les associations de vélos-taxis et les autorités administratives et un comité de gestion seront mis en place. Le tout sera piloté par la Satech qui se chargera des démarches auprès des différentes institutions et structures.

Le projet sera dans un premier temps testé à Kaolack et Tambacounda avant d’être élargi au bout d’un an au reste du pays, a noté M. Ndiaye.

Il sera mis en œuvre à travers un partenariat entre les conseils régionaux de la jeunesse des deux régions, Satech Services, l’ADL et le ministère de l’Aménagement des territoires et des Collectivités locales.

‘’Il faut que le vélo-taxi soit un métier reconnu’’, a estimé Chamsédine Ndiaye, dont la structure a mené un travail d’observation du secteur depuis 2010.

M. Ndiaye a souligné la ‘’particularité’’ de Tambacounda où il y a une ‘’avance’’ par rapport à l’organisation du secteur à travers des initiatives locales. Les nombre de vélos-taxis y est estimé à 2.000 à 2.500, dont des particuliers, a-t-il noté, même s’il admet qu’à ce jour personne ne peut dire leur nombre exact.

Ce sous-secteur du transport compte plus de 3.000 emplois informels directs et indirects à Tambacounda. Plus de 5.000 personnes, dont les importateurs, les distributeurs, les mécaniciens, en plus des conducteurs, vivent du vélo-taxi dans la commune, a indiqué M. Ndiaye.

Cela représente, a-t-il dit, un ‘’pouvoir d’achat de plus de 2,75 milliards’’ de francs CFA. Les vélos-taxis ont généré quelque 90 millions de recettes municipales, a noté Chamsédine Ndiaye.

Cependant, le phénomène des vélos-taxis représente une ‘’catastrophe totale’’, au vu des accidents qui sont comptabilisés et qui représentent 3% du taux annuel d’accidents, et dont 25% sont des accidents fatals. Les 65% des acteurs directs du secteur sont analphabètes et sont dans la tranche d’âge de 15 à 35 ans, a dit Ndiaye.

Saluant cette initiative de l’ADL, Adama Soumaré, président du Vélo-taxi Tambacounda (VTT), qui a introduit les vélos-taxis dans la commune, voit dans l’identification le seul moyen de sécuriser les jeunes conducteurs. Son association compte à ce jour, 1.174 conducteurs de vélos-taxis identifiés, dont 819 détenant un permis de conduire, attend de ce projet un renforcement de ses capacités managériales.

Pour Adama Camara, président de TMT, la deuxième association de vélo-taxi née il y a trois mois, ce projet vient les appuyer dans la vision qu’ils avaient. Avec ses 37 adhérents, elle mise sur la rigueur, en exigeant de ses membres, le port d’un casque, la détention d’un permis de conduire. Ils sont aussi équipés de gilets numérotés et leurs motos portent une plaque d’immatriculation pour une meilleure identification.

 

APS /