USA: Etre pom-pom girl, un rêve à décrocher

Un saut en arrière, un bond de côté et les pompons s’agitent en cadence : «Ca fait un an que je travaille là-dessus». La jeune fille, comme des dizaines d’autres, veut devenir pom-pom girl.Dans un gymnase de Baltimore (est) en ce week-end du mois de mars, quelque 200 jeunes filles comme Ali Tripple, 24 ans, mais aussi quelques garçons, s’appliquent à parfaire leurs mouvements de danse. Ils veulent tous être sélectionnés pour faire partie de l’équipe des 50 cheerleaders de l’équipe de football professionnel des Ravens, cinq mois avant le début de la saison de la National Football League (NFL).

Les pom-pom girls, ces sortes de majorettes qui sont dans l’imaginaire du monde entier la quintessence même de l’Amérique, exécutent des mouvements de danse plus ou moins acrobatiques, court vêtues et en agitant des pompons, avant les matches très regardés de la NFL. «C’est mon rêve», explique Ali. Cette jeune institutrice et professeure de danse, longue et blonde, moulée dans un mini-short avec brassière assortie, est sur le point de passer devant le jury de sélection.

Le titre est chaque année remis en jeu
Si la jeune fille gagne le droit de danser devant 71’000 fans des Ravens pour leur prochaine saison, le privilège ne sera pas de tout repos : il lui faudra venir pour chaque match, s’entraîner trois heures deux fois par semaine, participer à un stage de trois jours et prendre part à des cérémonies publiques. Et passer une semaine en Jamaïque pour les prises de photos, en maillot de bain, qui seront publiées dans un calendrier des Ravens. Le tout en poursuivant ses études ou son travail. «Le talent, la beauté, la forme physique, nous cherchons des personnes qui ont tout ça et en général elles l’ont», dit à l’AFP Tina Galdieri, qui entraîne les cheerleaders des Ravens et fait partie des dix membres du jury. Et le titre est chaque année remis en jeu. «Il y a ici des filles superbes qui veulent prendre votre place. Ca vous donne la motivation de travailler plus», dit Stephanie B.

Au début, en faire partie était réservé aux hommes
Il n’y a ni âge limite ni poids requis pour être pom-pom girl mais il faut suivre des règles strictes : les retards ne sont pas tolérés, la présentation doit être soignée et pas de relation coupable avec les joueurs. Les cheerleaders« sont nés à la fin du XIXe siècle, pour réchauffer les spectateurs avant la saison qui démarre à l’automne. Au début, en faire partie était réservé aux hommes – les présidents George W. Bush, Ronald Reagan, Dwight Eisenhower et Franklin D. Roosevelt l’ont été — puis les femmes ont investi le stade dans les années 1940. Dans les années 1970, leur tenue s’est faite glamour lorsque les Dallas Cowboys ont sorti des tenues plus affriolantes et embauché un chorégraphe de Broadway pour imaginer le spectacle. Aujourd’hui, le mouvement est mondial et regroupe 105 pays sous l’égide d’une fédération internationale, l’International Cheer Federation, qui organise ses championnats en Floride du 21 au 25 avril. »C’est totalement américain, avec une innocence que les autres aiment dans l’Amérique, sans politique«, dit Mandy May Cheetham, une Canadienne de Los Angeles qui a entraîné des équipes en Chine et en Finlande.

L’argent compte peu
Les Ravens, deux fois vainqueurs du Super Bowl, sont la seule équipe à avoir une équipe de cheerleaders mixte. Les hommes servent souvent à soulever les jeunes filles exécutant les acrobaties. »On fait beaucoup d’haltères«, dit Deon J., 28 ans, professeur de sciences qui cherche à effectuer une sixième année. L’argent compte peu, même si les Ravens, qui ne veulent pas en dévoiler le montant exact, payent depuis l’an dernier ses cheerleaders un peu plus que le salaire horaire minimum de 7,25 dollars. Certaines équipes donnent 90 dollars par match, rien pour les entraînements. Cette année, des pom-pom girls des Oakland Raiders et des Cincinnati Bengals ont assigné leurs équipes en justice pour être mieux payées. D’autant que la NFL est la ligue la plus lucrative du monde, selon le magazine Forbes, avec une moyenne de chiffre d’affaires, pour chaque équipe, de 1,17 milliard de dollars, en raison notamment des droits de retransmission télévisée. Mais l’argent ne compte pas pour Aia Evans, 23 ans, qui vient de passer devant le jury. »C’est l’occasion de pratiquer l’acrobatie”, dit cette gymnaste, prête à déménager à Baltimore de Louisiane pour réaliser son rêve.