FRANCE: Manuel Valls: «Soyons fiers d’être Français!»

Le nouveau chef du gouvernement français Manuel Valls a prononcé mardi sa très attendue déclaration de politique générale, une semaine jour pour jour après avoir succédé à Jean-Marc Ayrault. Il a promis «vérité» et «efficacité» et proposé une nouvelle carte de la France. Pour parvenir à économiser 50 milliards d’euros (60 millions de francs) d’ici la fin du quinquennat, le Premier ministre a annoncé un «changement de rythme pour éviter tout recours à l’impôt». L’Etat et ses agences seront mis à contribution à hauteur de 19 milliards d’euros, l’assurance maladie pour 10 milliards et les collectivités à hauteur de 10 milliards également.

Moitié moins de régions
Manuel Valls préconise de «réduire de moitié le nombre de régions dans l’Hexagone», avec une nouvelle carte des régions le 1er janvier 2017 si ces entités n’ont pas fusionné auparavant «par délibérations concordantes». L’ancien ministre de l’Intérieur propose aussi la suppression des conseils départementaux en 2021, une annonce qui a suscité l’enthousiasme à gauche, sourires crispés et protestations à droite.

«Trop de souffrance»
Tendu durant les premières minutes de sa déclaration, le Premier ministre s’est peu à peu libéré pour dépeindre durant 47 minutes la situation de la France, marquée selon lui par «trop de souffrance, pas assez d’espérance». Son prédécesseur avait regretté, après sa déclaration de politique générale, de ne pas avoir dit, sur pression de l’Elysée, la vérité aux Français sur la situation réelle du pays. Manuel Valls, qui a effectué une tournée ces dernières semaines dans des villes sur lesquelles lorgnait le Front national, n’a pas commis cette erreur.

«Fiers d’être Français»
Le Premier ministre a décrit la «situation d’urgence de notre pays», évoquant «ces ouvriers qui attendent, depuis trop longtemps, de pouvoir retravailler, ces salariés précaires pour qui le quotidien n’est pas le travail, mais la survie, ces patrons de PME, ces artisans, ces commerçants qui n’ont qu’une seule obsession: sauver leur activité pour sauver leurs équipes». «Soyons fiers d’être Français !», s’est-il exclamé avant de saluer le fait que «peu de pays» permettent les plus hautes fonctions à des citoyens nés à l’étranger. Manuel Valls, né à Barcelone, a été naturalisé français à 20 ans, en 1982.

Le reportage d’Euronews

La croissance «se stimule»
Au chapitre économique, Manuel Valls a estimé que «la croissance ne se décrète pas» mais «se stimule». Selon lui, baisser le coût du travail est «un des leviers de la compétitivité». Manuel Valls a ainsi annoncé qu’à partir de 2015, les cotisations patronales à l’Urssaf seraient «entièrement supprimées» sur les salaires équivalant au Smic. Les cotisations familiales seront aussi abaissées en 2016 pour les salaires «jusqu’à 3 fois et demi le Smic». Celles des travailleurs indépendants diminueront également. Au total, le coût du travail baissera de 30 milliards d’euros d’ici 2016, comme l’avait annoncé en janvier François Hollande.

Un extrait de ce discours, repris par France 24:

Un geste fiscal
Manuel Valls, qui a admis que «les feuilles d’impôts (étaient) trop lourdes», a aussi promis un geste fiscal avec des baisses d’impôts de production, ou de l’impôt sur le résultat des sociétés. La fiscalité «pesant sur les ménages modestes» sera revue à la baisse, a-t-il promis. S’il s’est prononcé contre un «euro trop fort» qui pénalise selon lui les entreprises, Manuel Valls a aussi confirmé l’objectif de réduction de la dette, en dépit des voix qui s’élèvent à gauche pour récuser la rigueur budgétaire.

Rwanda
Sur le plan international, Manuel Valls a rejeté les accusations du gouvernement rwandais sur la responsabilité présumée de l’armée française dans le génocide de 1994. Il a rendu hommage aux soldats français engagés à l’étranger, notamment au Mali et en Centrafrique. Le président rwandais Paul Kagamé avait dénoncé ce week-end le rôle direct de la Belgique et de la France dans la «préparation politique du génocide» et dans la participation de cette dernière à son exécution.

L’Assemblée nationale lui accorde sa confiance
L’Assemblée nationale – le parlement français – a accordé par 306 voix contre 239 sa confiance à Manuel Valls. Comme l’y autorise la Constitution, il avait décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement sur son discours de politique générale. Outre le groupe socialiste, celui des radicaux de gauche a voté la confiance, ainsi que la majorité du groupe écologiste. Cinq de ses membres se sont abstenus et un seul a voté contre. Le groupe Front de gauche a voté contre, mais plusieurs de ses élus divers-gauche d’Outre-mer ont apporté leur soutien au gouvernement. L’opposition UMP et UDI (centriste) a voté contre, de même que plusieurs non inscrits, comme les deux élus du Front national.

 

(ats/Newsnet)