Corée du Sud: Arrestation du capitaine du ferry naufragé

Lee Joon-Seok, le capitaine du ferry sud-coréen qui a fait naufrage mercredi, a été arrêté samedi matin (heure locale) selon l’agence nationale Yonhap. Il est visé par cinq chefs d’accusation, dont celle de négligence et de violation du droit de la mer. La catastrophe a fait 28 victimes, mais 268 personnes sont toujours portées disparues. La justice a émis vendredi un mandat d’arrêt contre le capitaine du ferry, qui a coulé au large des côtes avec 475 passagers dont 352 lycéens, et deux membres de l’équipage. Les premiers éléments de l’enquête montrent que Lee Joon-Seok avait laissé la barre à son troisième officier avant l’accident.

Le capitaine et la plupart des 28 membres de l’équipage du Sewol ont quitté le navire avant qu’il ne sombre. Ils ont été vivement critiqués pour l’avoir abandonné alors que la majorité des passagers était prise au piège dans le ferry.

«Survivre seul est trop dur»
Vingt-huit corps ont été retrouvés, selon le dernier bilan. A bord du Sewol se trouvaient 475 passagers, dont 352 lycéens. Vendredi soir, 268 personnes manquaient toujours à l’appel. Aucun rescapé n’a été retrouvé depuis mercredi. L’un des survivants, le proviseur du gymnase où étudiaient les lycéens (sud de Séoul), a été retrouvé mort vendredi matin sur l’île de Jindo. Un suicide selon l’agence Yonhap, qui a précisé que la police avait trouvé une lettre dans son portefeuille: «Survivre seul est trop dur… J’endosse toute la responsabilité», y lit-on. Selon les médias locaux, son corps a été retrouvé pendu à l’aide d’une ceinture à une branche d’arbre.

Porte ouverte dans l’épave
Plus de 48 heures après le drame, et malgré la violence des courants, deux plongeurs ont réussi à ouvrir une porte pour pénétrer dans la partie cargo du navire totalement immergé. «Il n’y a quasiment aucune visibilité. Vous ne pouvez pas voir votre main devant votre figure», a raconté l’un d’eux. Les sauveteurs espèrent toujours retrouver des passagers réfugiés dans des poches d’air, une hypothèse de moins en moins crédible au fur et à mesure que le temps passe. Deux plongeurs ont injecté de l’oxygène dans le bateau, ont indiqué les gardes-côtes. Trois immenses grues flottantes ont été envoyées sur place. Elles commenceront à redresser l’épave lorsqu’il n’y aura plus d’espoir de retrouver des survivants, a indiqué le chef régional des gardes-côtes Kim Soo-Hyun.

Changement de cap
Les causes de l’accident ne sont pas connues. De nombreux passagers disent avoir entendu un grand bruit suivi d’un arrêt soudain du ferry, ce qui pourrait signifier qu’il a heurté le fond ou percuté un objet immergé. Des experts évoquent la possibilité que la cargaison du navire, quelque 150 véhicules, se soit déplacée, le déséquilibrant irrémédiablement. Selon le ministère de la mer, le bateau a brusquement changé de cap juste avant d’envoyer un signal de détresse. L’opérateur du Sewol (Chonghaejin Marine Co.) a fait savoir que le capitaine, âgé de 69 ans, avait de nombreuses années d’expérience et effectuait depuis huit ans la liaison Incheon-Jeju sur laquelle s’est produit l’accident.

«Mensonges» du gouvernement
La colère des proches des victimes et disparus s’amplifie tous les jours. Les parents, dévorés d’angoisse et de chagrin, critiquent violemment les autorités, accusées d’indifférence et de tromperie. «Le gouvernement a menti, hier», a déclaré vendredi un homme, disant s’exprimer au nom des parents, dans une intervention en direct à la télévision. Il affirme n’avoir vu sur les lieux du drame que quelques embarcations et plongeurs, loin des 169 bateaux, 29 aéronefs et 500 plongeurs que les autorités affirment avoir envoyés.

Consigne fatale
Dans le gymnase de Jindo, qui accueille des centaines de proches des disparus, ceux-ci regrettent amèrement que les passagers aient reçu la consigne de ne pas quitter leur siège ou leur cabine après que le ferry s’est immobilisé, suite à un choc.

Trente à quarante minutes plus tard, le bateau a commencé à piquer du nez. Il était trop tard pour beaucoup d’occupants, incapables de ramper le long de corridors en pente, où l’eau entrait à flots.

(ats/afp/Newsnet)