Syrie: La réélection d’Assad attendue en juin prochain

La présidentielle en Syrie, qui devrait conduire à la réélection de Bachar al-Assad, aura lieu le 3 juin malgré la guerre sanglante qui ravage le pays. Le week-end de Pâques a été marqué par la libération de quatre journalistes français, l’une des rares sorties du président et un appel du pape François. «Je fixe au mardi 3 juin la date de l’élection d’un président (…) pour les citoyens résidant en Syrie (…) et au 28 mai 2014 (…) pour les Syriens vivant à l’étranger», a dit le président du Parlement Mohammad al-Laham lors d’une séance solennelle du Parlement.

Avant la séance, deux personnes ont été tuées par trois tirs au mortier près du Parlement, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), proche des rebelles. Trente-six personnes ont par ailleurs été blessées, selon l’agence officielle SANA. «Il s’agit de la première élection pluraliste et nous sommes confiants que vous (le peuple syrien) allez choisir celui qui mérite de diriger la Syrie, de la défendre, de garantir un avenir où tous les Syriens jouiront de leurs droits sans discrimination», a affirmé M. Laham.

Soutien d’au moins 35 des députés
Les dépôts des candidatures se feront du 22 avril au 1er mai auprès de la Cour suprême. Jusqu’à présent, Bachar al-Assad avait été choisi par référendum. Candidat unique, il avait été élu pour sept ans en 2000 par référendum avec 97,29 % des voix, puis réélu en 2007 avec 97,62 % des votes.

La nouvelle Constitution, approuvée en 2012, donne pour la première fois la possibilité à plusieurs candidats de se présenter. Toutefois, selon les clauses approuvées par le Parlement le 14 mars, le futur président doit avoir vécu en Syrie de manière continue au cours des 10 dernières années. Par ailleurs, tout candidat doit obtenir le soutien d’au moins 35 des 250 députés.

Assad prévu
Or, comme le Parlement est acquis au régime, ces articles rendent quasiment impossible la candidature d’un opposant de l’extérieur et très difficile celle d’un opposant de l’intérieur. Le président Assad, qui n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature, avait évoqué en janvier dans une interview à «de fortes chances» qu’il se représente. «L’annonce aujourd’hui du régime d’Assad, qu’une ‘élection présidentielle’ sera organisée en juin, devrait être considérée comme une farce et rejetée par la communauté internationale», a estimé le bureau du chef de la Coalition nationale de l’opposition, Ahmad Jarba, dans un communiqué. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a également estimé que ce scrutin ne pouvait que saper les efforts en vue de trouver un règlement politique en Syrie.

Demande par l’opposition
En vertu de la nouvelle Constitution, Bachar al-Assad a le droit de se présenter à deux nouveaux mandats de sept ans. Cette mesure, théoriquement, lui permettrait de diriger son pays jusqu’à 62 ans. L’opposition et plusieurs pays réclament le départ de Bachar al-Assad du pouvoir. Dimanche, lors de son traditionnel message avant la bénédiction «urbi et orbi», le pape François avait évoqué la Syrie. Il a notamment exhorté les belligérants à cesser d’«utiliser la force pour semer la mort, surtout contre la population sans défense» et à permettre l’accès des populations «aux aides humanitaires nécessaires».

Assad visite un monastère
Dimanche matin, Bachar al-Assad s’était rendu à Maaloula. Ce village a été repris aux rebelles par l’armée en début de semaine. Il a visité un antique monastère endommagé. Durant ce week-end également, quatre journalistes français ont été libérés après dix mois de captivité en Syrie aux mains d’un groupe jihadiste lié à Al-Qaïda. Ils sont arrivés dimanche en France, chaleureusement accueillis par le président François Hollande. Sur le terrain, 52 civils ont été tués dimanche par des raids aériens dans la province d’Alep, selon l’OSDH.

Armes chimiques utilisées?
Les Etats-Unis disposent d’éléments donnant à penser qu’une substance chimique toxique a été utilisée en avril en Syrie, a déclaré lundi le département d’Etat. Ils examinent les éléments pointant vers une responsabilité du régime de Bachar al-Assad. «Nous avons des indications sur l’utilisation d’une substance chimique industrielle toxique» dans la ville de Kfar Zeita, a affirmé la porte-parole du département d’Etat, Jen Psaki. «Nous examinons les allégations selon lesquelles le gouvernement est responsable», a-t-elle ajouté.

Autres violences évoquées
Selon un activiste, certaines victimes ont été brûlées vives parce qu’un baril d’explosif est tombé sur un dépôt de carburant. A Homs, l’armée a repris lundi des immeubles occupés la veille par les rebelles. L’explosion d’une voiture piégée au nord de Damas a tué deux soldats. Les violences avaient par ailleurs fait dimanche au moins huit tués. Et les Etats-Unis disposent d’éléments donnant à penser qu’une substance chimique toxique a été utilisée en avril en Syrie et ils examinent les éléments pointant vers une responsabilité du régime syrien, a dit lundi le département d’Etat. La guerre a fait depuis mars 2011 plus de 150 000 tués tandis que trois millions de Syriens ont fui leur pays et 6,5 millions ont été déplacés.

(ats/Newsnet)