Proche-Orient: Les Palestiniens se réconcilient au grand dam d’Israël

 

Un accord a été conclu sur la constitution d’un gouvernement de personnalités indépendantes dirigé par le président Mahmoud Abbas d’ici cinq semaines. Il a été signé tôt mercredi matin à Gaza, ont annoncé dans l’après-midi lors d’une conférence de presse commune le mouvement islamiste Hamas et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Peu après, des milliers de personnes sont spontanément descendues dans les rues de Gaza, ainsi que dans les principales agglomérations et les camps de réfugiés de l’enclave palestinienne. Certains ont brandi des drapeaux en criant: «Unité palestinienne !» Plus tard, l’aviation israélienne a effectué une frappe sur le nord de Gaza, à Beit Lahiya. Six civils palestiniens ont été blessés, dont un très grièvement, selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur du Hamas.

Préparer des élections

Aux termes de l’accord de réconciliation, le nouveau gouvernement, constitué de technocrates, aura pour mission de «préparer des élections législatives et présidentielles». Celles-ci auront lieu six mois après que le Parlement aura voté la confiance au gouvernement», précise le communiqué.

Les dernières législatives dans les Territoires palestiniens datent de 2006: elles avaient été gagnées par le Hamas. La dernière présidentielle a été remportée par M. Abbas en 2005.

Israël mécontent

Le Premier ministre israélien n’a pas tardé à réagir. Il a demandé au président Mahmoud Abbas de choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas. «On peut avoir l’une mais pas l’autre. J’espère qu’il choisira la paix. Il ne l’a pas fait jusqu’à présent», a déclaré Benjamin Netanyahu.

Le chef de la diplomatie israélienne Avigdor Liberman, par ailleurs dirigeant d’un parti d’extrême droite, se montre plus menaçant. La conclusion d’un accord de partage du pouvoir avec le mouvement islamiste reviendrait selon lui à «signer la fin des négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne».

«Réconciliation et négociations»

Répondant aux commentaires israéliens, Mahmoud Abbas a estimé que cet accord n’empêche nullement la poursuite des négociations avec les Israéliens en vue de trouver une solution négociée prévoyant la création d’un Etat palestinien.

«Il n’y a vraiment aucune contradiction entre l’unité (des Palestiniens) et les négociations. Nous voulons une paix juste fondée sur une solution à deux Etats», a-t-il dit.

Première conséquence concrète de cette tentative de réconciliation palestinienne, Israël a annulé en fin d’après-midi une réunion de négociations prévue mercredi soir.

Pourparlers de paix

Négociateurs palestiniens et israéliens tentent depuis plusieurs jours de prolonger les pourparlers de paix au-delà de la date-butoir du 29 avril. Selon des sources dans les deux camps, de profonds désaccords restent après cette réunion.

Selon la chaîne de télévision israélienne Channel 2, Benjamin Netanyahu réunira jeudi son cabinet de sécurité. Il entend examiner la réponse à apporter à l’initiative palestinienne.

Washington «déçu»

Les Etats-Unis ont fait part de leur «déception». La conclusion de l’accord interpalestinien ne peut que compliquer, selon Washington, la recherche d’une solution négociée entre Israël et les Palestiniens.

«On voit mal comment Israël pourrait négocier avec un gouvernement qui ne reconnaît pas son droit à l’existence», a dit mercredi soir Jen Psaki, porte-parole du département d’Etat.

Des tactiques
«La réconciliation (palestinienne) et les négociations (avec Israël) sont maintenant des tactiques (…) cette réconciliation n’a guère de substance sur le terrain. Elle pourrait capoter à tout instant», a affirmé à l’AFP un politologue, Hani al-Masri.

Le Hamas et le Fatah, le principal parti de l’OLP, ont signé en 2011 un accord de réconciliation pour mettre fin à la division politique entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. Mais la plupart des clauses sont restées lettre morte.

(ats/Newsnet)