Ukraine: La trêve pascale terminée, les tensions ont repris

La trêve de Pâques est terminée, ont proclamé mercredi les autorités ukrainiennes de transition. Elles ont relancé la «phase active» de l’opération «antiterroriste» contre les militants séparatistes pro-russes de l’est du pays.

Leurs efforts ont été suivis d’effets. La ville de Sviatoguirsk, 5000 habitants, à une vingtaine de kilomètres du bastion pro-russe de Slaviansk, a été «libérée» des séparatistes, «sans victime», ont indiqué les autorités.

Les séparatistes pro-russes de l’est du pays se montraient néanmoins résolus à faire face à l’opération «antiterroriste» de Kiev, notamment à Kramatorsk, Slaviansk et les autres villes des régions de Donetsk et Lougansk», a assuré le vice-Premier ministre Vitaly Iarema, cité par l’agence Interfax Ukraine.

Exercices militaires

De l’autre côté de la frontière, l’armée russe a procédé à des exercices dans la région de Rostov. La marine russe a en outre déclenché des manoeuvres impromptues impliquant sa flotte de la mer Caspienne.

La Russie ripostera si ses intérêts sont menacés, a assuré mercredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Il a rappelé le précédent de l’intervention russe, il y a six ans, en Ossétie du Sud, région séparatiste de Géorgie.

En soirée, l’OTAN a exprimé sa «préoccupation» après les menaces d’intervention russe en Ukraine. L’organisation a condamné la «rhétorique enflammée» de Moscou et l’a appelé à soutenir la mise en oeuvre de l’accord de Genève.

Car Ukrainiens, Russes, Américains et Européens ont conclu jeudi dernier à Genève un accord qui devait servir de premier jalon sur le chemin d’un règlement pacifique du conflit. Mais tout le monde ne s’accorde pas sur sa lecture.

Accusations mutuelles

Mercredi, le ton est monté à nouveau entre Moscou et les Occidentaux, qui s’accusent mutuellement d’orchestrer les actes de leurs partisans et déploient leurs troupes près des frontières ukrainiennes. L’Union européenne a demandé à la Russie de mettre fin aux violences.

«Nous appelons en particulier la Russie à faire en sorte qu’un terme soit mis aux enlèvements et aux meurtres dans l’est de l’Ukraine», a déclaré un porte-parole de Catherine Ashton, haute représentante de la diplomatie européenne.

«Chaque jour qui passe (…) rend une solution de plus en plus difficile», a reconnu le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. Il s’est exprimé mercredi lors d’une visite en Moldavie.

Plan d’aide américain

Les autorités ukrainiennes sont arrivées au pouvoir après la chute de Viktor Ianoukovitch au mois de mars. Elles semblent avoir été revigorées par la visite du vice-président américain, Joe Biden, mardi.

Celui-ci est venu avec un plan d’aide de 50 millions de dollars (44 millions de francs) dans ses valises. Il a par ailleurs exigé de la Russie qu’elle retire les troupes massées le long de la frontière et apaise la situation en Ukraine.

«Nous avons obtenu le soutien des Etats-Unis, (la garantie) qu’ils ne nous laisseront pas seuls face à un agresseur. Nous espérons que dans l’éventualité d’une agression russe, cette aide sera plus substantielle», selon le vice-Premier ministre ukrainien Vitaly Iarema.

Contentieux gazier

Sur un plan économique, le commissaire européen à l’Energie rencontrera jeudi le ministre ukrainien de l’Energie et le ministre slovaque de l’Economie à Bratislava. Cette réunion aura pour thème la distribution du gaz, a fait savoir Bruxelles.

En outre, des responsables européens, ukrainiens et russes se rencontreront lundi prochain pour discuter du contentieux gazier entre Moscou et Kiev. Ils vont tenter de prévenir une suspension des livraisons de gaz russe à l’Ukraine, ont annoncé mercredi soir les autorités russes. Le lieu de la rencontre n’a pas été précisé.

La compagnie publique russe Gazprom affirme que l’Ukraine lui doit 2,2 milliards de dollars (1,9 milliard de francs) d’arriérés. Elle envisage d’exiger des paiements par anticipation pour toute livraison future, ce qui équivaut à une menace de rupture des approvisionnements.

(ats/Newsnet)