Chine : peur sur la ville

« Légende et gloire. » Le nom trouvé par le groupe immobilier Wharf pour son complexe de villas privées et d’immeubles d’appartements du nord de la ville de Changzhou incarne le futur glorieux auquel cette ville se voyait promise. Dans le nouveau quartier de Xinbei, l’ouverture voici plus de trois ans d’une gare hypermoderne par laquelle le train à grande vitesse relie désormais la ville en moins d’une heure aux deux plus grands pôles du delta du fleuve Yangzi, Shanghaï et Nankin, a donné des ailes tant à la municipalité qu’aux promoteurs immobiliers.

Tous deux tentent aujourd’hui de gérer l’atterrissage. Dans le salon de ventes sur plan qui fait face au chantier, sous un lustre digne d’un Versailles kitsch, une commerciale reconnaît qu’à moins de 5 000 yuans (580 euros) du mètre carré, le promoteur a déjà dû casser ses prix d’un quart ces dernières semaines, faute d’acquéreurs.

Ce rabais a suscité ces dernières semaines la furie des quelques clients qui avaient signé au prix fort quelques mois plus tôt et apprennent que leur investissement a déjà perdu de sa valeur. « Nous voulons récupérer l’argent gagné si durement ! », lit-on sur les banderoles de ces nouveaux propriétaires en colère, lorsqu’ils manifestent certains samedis.

Il a fallu remettre sur pied la grande maquette dans le hall d’accueil des clients potentiels, après qu’elle eut fait les frais de leur colère. La responsable des ventes voudrait convaincre que la chute appartient au passé, mais elle ne peut le garantir. « Les prix ne continueront pas à descen…

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