Ulster Gerry Adams libéré après quatre jours de garde à vue

Le président du Sinn Fein, qui était entendu depuis mercredi soir dans l’affaire du meurtre par l’IRA de Jean McConville, une mère de 10 enfants, a été «libéré», a annoncé la police nord-irlandaise.

Son dossier a été transmis aux services du procureur, à qui il reviendra ultérieurement de décider d’inculper ou non Gerry Adams.Devant le poste de police d’Antrim, à une trentaine de km de Belfast, un petit groupe de protestataire s loyalistes portant des drapeaux britanniques, attendaient la sortie du dirigeant républicain.

Gerry Adams, 65 ans, qui est député en République d’Irlande, dément fermement toute implication dans le meurtre de Jean McConville, l’un des plus marquants du conflit nord-irlandais, et a toujours nié avoir appartenu à l’Armée républicaine irlandaise (IRA), dont le Sinn Fein a été l’aile politique.

Sa garde a vue a suscité de vives critiques dans le camp catholique, ses partisans accusant la police d’avoir des «motivations politiques», et provoqué des tensions à la tête du gouvernement bi-confessionnel de cette province britannique.

Menaces et accusations

Gerry Adams «s’inquiète des dégâts que (sa garde à vue) peut causer sur l’image de la police, et de voir à quel point cela a été mal géré», avait commenté dans l’après-midi un élu du Sinn Fein, Gerry Kelly, après avoir pu s’entretenir avec le leader de son parti au poste de police.

Le Sinn Fein avait menacé en cas d’inculpation de Gerry Adams de «reconsidérer» son soutien à la police, une institution-clé dans le fragile processus de paix dans la province britannique.

Cette mise en garde a été proférée par l’ancien commandant de l’IRA Martin McGuinness, désormais vice-Premier ministre au sein d’un gouvernement bi-confessionnel. Samedi lors d’un rassemblement à Belfast, il a accusé une partie de la police d’être «opposée au processus de paix et de haïr Gerry Adams».

Mais ces propos n’ont pas été du goût du Premier ministre Peter Robinson (protestant unioniste), qui a accusé le Sinn Fein d’avoir «franchi la ligne».

Une GAV diversement appréciée

«La menace exprimée publiquement envers la PSNI (police nord-irlandaise) au plus haut niveau par le Sinn Fein, de ré-examiner sa position à l’égard de la police si Gerry Adams était inculpé, est une tentative de chantage abjecte et agressive», a-t-il accusé.

«Les citoyens ordinaires vont conclure que la police et le parquet ont cédé à cette menace politique ouverte et grossière si Adams n’est pas inculpé», a souligné le Premier ministre nord-irlandais.«J’avertis le Sinn Fein qu’ils ont franchi la ligne et doivent immédiatement abandonner leur attitude destructrice».

La police a quant à elle défendu son action, exprimant sa volonté de «traiter tout le monde de façon égale devant la loi». La PSNI a succédé en 2001 à la très contestée RUC, quasiment exclusivement composée de protestants et accusée de partialité pendant le conflit interconfessionnel qui a ensanglanté l’Ulster.

Si elle a suscité l’indignation des républicains et fait naître des tensions dans une province qui connaît encore des violences sporadiques, la garde à vue de Gerry Adams a en revanche été saluée par des victimes de crimes de l’IRA.

Un meurtre reconnu en 1999

L’enlèvement et le meurtre de Jean McConville est l’un des crimes les plus marquants des trente ans du conflit interconfessionnel qui a fait 3500 morts en Irlande du Nord

.Cette femme de 37 ans, veuve et mère de 10 enfants, avait été enlevée chez elle en décembre 1972, au paroxysme des «troubles», par un commando de l’IRA, dans le quartier catholique des Falls, à Belfast-ouest.

Elle faisait partie des «disparus» dont l’IRA n’a admis le meurtre, d’une balle dans la nuque, qu’en 1999. Son cadavre enfoui sous une plage a été retrouvé quatre ans après. Une enquête policière a démenti qu’elle était une «informatrice» comme l’en accusait l’IRA.

(smk/afp/Newsnet)