Esclavagisme: Le travail forcé génère 150 milliards de profits illégaux

Le travail forcé génère 150 milliards de dollars de profits illégaux par an, selon une étude du Bureau international du travail (BIT) publiée lundi à Genève.

Quelque 21 millions de personnes dans le monde sont victimes du travail forcé, plus de la moitié sont des femmes et des filles, pour l’essentiel dans l’exploitation sexuelle commerciale et le travail domestique. Les hommes et les garçons sont surtout exploités dans l’agriculture, la construction et les mines.

Selon le rapport du BIT «Profits et pauvreté: l’économie du travail forcé», deux tiers des 150 milliards de dollars, soit 99 milliards, proviennent de l’exploitation sexuelle à des fins commerciales. Les 51 autres milliards résultent de la traite à des fins d’exploitation économique.

Economies sur le dos des domestiques

Ces 51 milliards se décomposent en 34 milliards dans la construction, le secteur manufacturé, les mines et les services d’utilité publique, et neuf milliards dans l’agriculture, y compris les forêts et la pêche. En outre, huit milliards sont économisés par des ménages privés qui ne rémunèrent pas ou qui sous-paient les travailleurs domestiques employés sous la contrainte.

Une première estimation publiée en 2005 avait évalué à 44 milliards de dollars par an les profits liés au travail forcé. Les 2,2 millions de victimes du travail forcé imposé par des Etats ne sont pas compris, en l’absence de données fiables.

Surtout en Asie

La région Asie-Pacifique compte le plus grand nombre de travailleurs forcés dans le secteur privé, près de 12 millions, soit 56% du total. Les profits de l’exploitation sexuelle atteignent dans cette région 31 milliards et au total 52 milliards, soit le tiers de l’ensemble des profits tirés du travail forcé.

Dans les pays riches et l’Union européenne, le BIT évalue à 1,5 million le nombre de victimes. Là encore, ce sont les profits liés à la prostitution qui sont les plus élevés, soit 26 milliards. Au total, toutes sources confondues, les profits dans les économies avancées atteignent près de 47 milliards.

Les profits sont les plus élevés en cas d’exploitation sexuelle, ce qui s’explique par la demande pour de tels services et les prix que les clients sont prêts à payer, par le faible investissement en capital et par les faibles coûts d’exploitation de cette activité.

La pauvreté principale cause

Le rapport identifie la pauvreté comme le principal facteur économique qui pousse les individus vers le travail forcé. Les autres facteurs de vulnérabilité sont le manque d’éducation, l’analphabétisme, les inégalités homme-femme et les migrations.

Pour la directrice du programme d’action du BIT contre le travail forcé, Beate Andrees, il faut renforcer les socles de protection sociale pour éviter que les ménages pauvres ne contractent des emprunts abusifs en cas de perte soudaine de revenus. Il faut investir dans la formation professionnelle, prévenir le travail clandestin des migrants et lutter contre les abus à leur encontre.

(ats/Newsnet)