La CPI ne doit pas être dédiée aux seuls Africains (juriste américain)

La Cour pénale internationale (CPI) ne doit pas être une juridiction pour juger des dirigeants africains seulement, mais doit regarder au de-là du continent africain pour soigner son image de juridiction qui ne s’intéresse qu’aux crimes commis en Afrique, a déclaré, mercredi à Dakar, le juriste américain Louis Aucoin, spécialiste du droit international.

‘’C’est un problème grave (…), le procureur de la CPI a dit que cet état de fait s’explique par le fait que les plus grands abus des droits de l’homme, à l’heure actuelle, sont commis en Afrique. Je ne suis pas d’accord avec cet avis’’, a dit M. Aucoin, dans un entretien avec l’APS.

‘’Il y a des abus qui se passent dans d’autres pays comme la Colombie où de terribles violences se déroulent’’, a dit Louis Aucoin qui a servi comme professeur au département de droit de l’Université de la Sorbonne en France.

Louis Aucoin a fait des communications dans différentes institutions, notamment à l’Association des femmes juristes du Sénégal, à l’Institut supérieur de droit, aux Universités de Dakar, de Ziguinchor et de Saint Louis, et au Centre de Formation Judiciaire de Dakar.

‘’Même sur un plan purement visuel, je suis très gêné par le fait que les gens jugés par un tribunal international ne sont que des Africains’’, a-t-il admis, espérant que l’adhésion des Etats-Unis d’Amérique comme membre de cette juridiction pourrait contribuer à changer cette image.

‘’Peut-être cela va changer un jour pour soigner l’image de la CPI. L’adhésion de mon pays à cette juridiction internationale pourrait changer beaucoup de choses. J’ai honte que les Etats-Unis ne soient toujours pas membre de la Cour pénale internationale”, a-t-il encore dit.

C’est honteux de voir que l’administration de Bush n’a pas œuvré dans ce sens. Et malheureusement la politique n’a pas changé depuis’’, a déploré le juriste américain.

Il a toutefois souligné que le cas particulier de ces Africains devant la Cour pénale internationale ”se justifie, parce que ce sont des gens qui ont commis des crimes graves, ils ne sont pas des anges’’.

Pour autant, a-t-il estimé, ”même sur le plan de la visibilité, on devrait faire quelque chose pour donner plus de crédibilité à cette juridiction”.

‘’C’est une opinion personnelle’’, a-t-il précisé, saluant la création des Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises pour juger l’ancien président Tchadien Hissène Habré.

Professeur associé à l’Institut du droit comparé de Paris et d’autres universités françaises de renom, M. Aucoin séjourne au Sénégal depuis le 20 mai dernier. Il fut également membre de la faculté de droit de l’Université de Boston durant 15 ans

Durant son séjour, il traite des questions de ‘’Convergences du droit civique et traditions du droit commun à l’ère contemporaine: Amendements de la Constitution française qui donnent aux particuliers, tout comme aux Etats-Unis et en Allemagne, l’accès aux tribunaux, au contrôle de la constitutionalité des lois, les réformes du code commercial américain, entre autres sujets’’.

MTN/AD / APS /