Pologne: Les funérailles du général Jaruzelski ont eu lieu à Varsovie

Le général Wojciech Jaruzelski, dernier dirigeant communiste polonais dont l’action continue à diviser ses compatriotes, est inhumé vendredi au cimetière militaire de Varsovie, après une messe à sa mémoire en présence du président Bronislaw Komorowski et de l’ex-président Lech Walesa.

Célébré à la cathédrale de l’armée, l’office dédié au général, mort dimanche à l’âge de 90 ans, a débuté à 09h00 GMT.Né dans une famille catholique de petite noblesse polonaise, Wojciech Jaruzelski avait adhéré jeune au communisme et il s’est toujours déclaré comme non croyant.

Cependant, treize jours avant sa mort à l’hôpital, il a demandé à un prêtre, «en toute liberté et de façon lucide», de pouvoir se confesser et de recevoir l’extrême onction, a indiqué le curé de la cathédrale, le père Robert Mokrzycki, pour expliquer la tenue de cette messe.

Hostilités

Pendant l’office, quelques dizaines de personnes massées devant l’église ont brandi des pancartes hostiles au général, le qualifiant de «traitre» à la Pologne.L’urne avec ses cendres devait ensuite être inhumée avec les honneurs militaires au cimetière de Powazki à Varsovie, dans un carré dédié aux soldats de l’armée polonaise qu’il avait commandés.

«Mon père se considérait durant toute sa vie comme un soldat et il a toujours voulu reposer parmi ses camarades d’armes», a déclaré à la presse sa fille unique, Monika Jaruzelska, présente à la messe avec sa mère Barbara, la veuve du général.

Controversé

Personnage controversé, il a divisé jusqu’à sa mort ses compatriotes quant au jugement à porter sur la loi martiale qu’il avait décrétée dans son pays en 1981 pour mater Solidarité, le premier syndicat indépendant à l’Est.

Ses détracteurs continuent à lui reprocher aussi son dévouement au communisme imposé à la Pologne par Moscou après la Seconde guerre mondiale.Mais ce fut ce même général Jaruzelski qui a permis à la Pologne le passage pacifique de la dictature à la démocratie.

Sa décision de négocier avec Solidarité l’avenir du pays a abouti à l’été 1989, avec les premières élections législatives partiellement libres remportées par le mouvement de Lech Walesa, à la chute du pouvoir communiste.«J’ai perdu quelques batailles contre lui, mais j’ai gagné la guerre pour une Pologne libre. J’ignore toutes ses motivations, je laisse donc le jugement à Dieu», a déclaré Lech Walesa après son décès.

Aveu inattendu

Le général lui-même a fait un aveu inattendu dans une interview en 2005.«C’est peut-être paradoxal dans ma bouche, mais je suis très content de voir la Pologne dans l’Otan, qui est le garant de notre sécurité, et dans l’Union européenne, qui est une énorme chance de développement», a-t-il dit.

Après sa mort dimanche, le parti social-démocrate SLD (gauche post-communiste) a souhaité un deuil national pour le général, qui fut également le premier président de la Pologne après sa transition du communisme à la démocratie.Le président Komorowski, un ancien opposant au communisme, n’a pas été de cet avis.

«Il serait préférable de ne pas prendre de décisions qui diviseraient la société», a déclaré la porte-parole de la présidence Joanna Trzaska-Wieczorek.Des organisations d’anciens combattants, ainsi que l’Institut de la mémoire nationale (IPN) qui instruit les crimes nazis et communistes, se sont même élevés contre l’inhumation des restes du général au cimetière militaire de Powazki, un lieu prestigieux, estimant qu’un «cimetière ordinaire» serait suffisant.

Souffrant depuis quelques années d’un cancer des glandes lymphatiques, le général est décédé peu avant les cérémonies du 25e anniversaire des premières élections semi-démocratiques, remportées par Solidarité, pour lesquelles le président américain Barack Obama et plusieurs présidents européens sont attendus le 4 juin à Varsovie.

(afp/Newsnet)