EIIL: En Irak, les djihadistes poursuivent leur avancée

Les rebelles djihadistes d’EIIL ont pris mercredi la ville de Tikrit en Irak et avançaient vers la capitale Bagdad. Cette progression fulgurante le long du Tigre, qui a poussé à la fuite environ un demi-million d’habitants, risque de plonger le pays dans le chaos.

La dernière conquête des djihadistes sunnites de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) est Tikrit, située à 160 kilomètres au nord de Bagdad. Cette prise est très symbolique, car il s’agit de la région natale du président sunnite Saddam Hussein, renversé et exécuté en 2006, après l’invasion américaine de 2003.

Selon un responsable de la police, Tikrit été prise par les rebelles au bout de seulement deux heures de combats avec l’armée.

Pas de véritable force armée irakienne

Face à l’avancée des combattants djihadistes aguerris, soldats et policiers ont montré peu de résistance et abandonné leurs postes, selon des responsables irakiens et des témoins. Les troupes irakiennes, formées par les Etats-Unis à partir de zéro, n’ont jamais réussi à devenir une véritable force armée.

Les insurgés tentaient en outre de prendre la ville de Samarra, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, selon des policiers et des témoins.

D’autres attaques prévues

Les combattants ont également tenté de prendre Baïji, où se trouve l’une des plus grandes raffineries du pays. Ils se sont toutefois retirés à l’arrivée de renforts de l’armée.

Coup sur coup, les djihadistes ont pris depuis mardi, presque sans combats, la province de Ninive, dont Mossoul, deuxième ville d’Irak, est le chef-lieu, et des secteurs de deux autres provinces proches, Kirkouk et Salaheddine. L’EIIL a prévenu qu’il «n’arrêtera pas la série d’invasions bénies».

Un péril «grave, mortel»

Devant la progression des insurgés, le ministre irakien des Affaires étrangères, Hochiar Zebari, a appelé tous les dirigeants irakiens à s’unir face au péril «grave, mortel». A Bagdad, des responsables évoquent une possible demande d’aide aux peshmergas, les combattants kurdes.

La Ligue arabe et l’Union européenne ont appelé mercredi «toutes les forces démocratiques irakiennes» à coopérer pour faire face à la «détérioration de la sécurité». Les Etats-Unis «se tiennent prêts» à venir en aide, alors que le chef britannique de la diplomatie William Hague a déclaré qu’il n’était «pas question» que Londres renvoie des troupes.

Prise d’otages

Dans une première démonstration de force, les djihadistes ont exécuté par balles 15 membres des forces irakiennes dans la province de Kirkouk, selon des responsables.

A Mossoul, l’EIIL retenait en otages 48 Turcs au consulat de Turquie, dont le consul, des membres des forces spéciales et des enfants, a annoncé un responsable turc. Au moins 28 chauffeurs de poids lourds turcs sont également aux mains des combattants d’EIIL depuis mardi.

Une série d’attentats anti-chiites ont également fait 37 morts. Les attaques ont visé des quartiers de Bagdad, de la ville sainte chiite de Kerbala et des secteurs de la province de Bassora, jusqu’alors relativement épargnée par les violences.

Les habitants fuient

Craignant pour leur vie, «plus de 500’000 personnes se sont déplacées à l’intérieur et autour de Mossoul», qui compte habituellement deux millions d’habitants, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Selon l’OIM, les habitants fuient, la plupart à pied, leurs foyers à l’intérieur de Mossoul, vers d’autres régions de Ninive et vers la région autonome du Kurdistan. L’eau potable manque et les réserves de vivres sont maigres. Les Etats-Unis ont promis mercredi de leur apporter leur assistance.

Proche des territoires syriens

Considéré comme ultraradical et accusé d’abus en Syrie où il combat le régime et d’autres groupes rebelles, l’EIIL contrôle déjà de larges secteurs de la province occidentale irakienne d’Al-Anbar, frontalière de la Syrie en guerre. Il pourrait réaliser une unité territoriale avec le nord-ouest irakien.

Selon des experts, l’Etat islamique en Irak et au Levant est formé en grande partie -en Irak- d’ex-cadres et membres des services de sécurité de Saddam Hussein. Ceux-ci ont rejoint la rébellion après l’invasion, après avoir été exclus par les Américains.

Aidé par des tribus hostiles au gouvernement, ce groupe jouit aussi d’un certain soutien au sein de la minorité sunnite qui s’estime marginalisée par le pouvoir.

(ats/Newsnet)