Guerre au Mali: La descente aux enfers du militaire à la tête de mort

par Vicky Huguelet – En poste au Mali, le légionnaire français Joachim Tybora avait fait scandale l’année passée en s’affichant avec un foulard à tête de mort. Il s’exprime pour la première fois. «Ce n’était pas une menace. Je ne voulais pas montrer la supériorité d’une armée sur une autre. Derrière le masque, j’étais juste un petit soldat.» Joachim Tybora, ex-militaire, s’est confié pour la première fois, à visage découvert, dans une interview pour «Le Parisien». Pourquoi ces regrets?

Retour en janvier 2013. Le légionnaire, en pleine opération militaire française contre les jihadistes au Nord du Mali, est pris en photo, le visage à moitié caché par un foulard arborant une tête de mort. Tour du monde. Polémique.

«Je suis devenu fou»

Le soldat poursuit pourtant sa mission: «Mes chefs m’ont dit que je faisais du bon travail. Ils m’ont expliqué que j’allais être puni pour calmer la pression médiatique.» La faute n’étant pas «gravissime», selon le terme employé par le colonel Bruno Louisfert, responsable de la communication de l’armée de terre contacté par «Le Parisien», il n’y a finalement pas de raison de punir Joachim Tybora, ni de le renvoyer pour indiscipline. C’était «juste un masque cool», se défend le militaire.

C’est en rentrant dans le sud de la France, mi-février, que la situation se complique. Le légionnaire «a subi des pressions», affirme son avocate, Maître Anna Grima. Joachim Tybora, suédois d’adoption, veut résilier son contrat avec l’armée française. Il essuie un refus, et décide de déserter, mi-juin. La gendarmerie ne le retrouvant pas, il est exclu de l’armée. Il se drogue, boit beaucoup, s’assomme aux antidépresseurs. «Je suis devenu fou. Je me suis senti seul et abandonné», confie-t-il au «Parisien».

Sous le choc

Alors qu’il pense au suicide, il se retrouve au poste de police d’Orange (Vaucluse), sans savoir pourquoi. Trou noir. Les agents lui expliquent qu’il a voulu braquer une pharmacie à l’aide d’une kalachnikov démilitarisée. «Ça a été un choc, je ne me souvenais de rien, explique Joachim. Encore aujourd’hui, je ne m’en rappelle plus.»

Ayant pu retrouver une certaine quiétude, il refait sa vie en Suède, en tant que conducteur d’engins. Le masque est toujours en sa possession, dans une boîte rangée sous le lit, en compagnie des souvenirs de l’armée. «Je suis fier d’avoir été un petit bout de la légion.»