Ukraine: Moscou demande à l’OSCE de faire pression sur Kiev

La Russie a demandé mardi à l’OSCE de faire pression sur l’Ukraine pour appliquer la feuille de route établie par cette organisation. Kiev de son côté a obtenu une aide financière de 500 millions d’euros pour faire face à ses besoins, notamment des achats de gaz en Europe.

«Les dirigeants ukrainiens refusent absolument de mettre en œuvre la feuille de route et nous appelons tous les pays membres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à exercer des pressions» afin de «mettre en œuvre cette feuille de route», a dit le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite à Belgrade.

Formulées pour la première fois en mai par Didier Burkhalter, qui assume la présidence suisse de l’OSCE, ces recommandations visaient une désescalade sur le terrain. L’organisation y formulait «une voie pragmatique pour passer d’une logique d’escalade vers une logique de coopération et de renforcement de la stabilité sur le terrain».

La Serbie prendra à son tour la présidence de l’OSCE l’année prochaine. Belgrade souhaite maintenir une position «neutre» par rapport à la crise ukrainienne et surtout ne pas imposer des sanctions contre la Russie, comme l’ont fait l’UE et les Etats-Unis.

Depuis l’éclatement de la crise en Ukraine en novembre, la Serbie, candidate à l’adhésion à l’UE, marche sur une corde raide tiraillée entre le respect de ses obligations envers Bruxelles et le maintien de bonnes relations avec Moscou.

Gazoduc

«Nous respectons les négociations de la Serbie sur son adhésion à l’UE», a encore dit M. Lavrov devant la presse après une rencontre avec son homologue serbe, Ivica Dacic.

Evoquant, la construction du tronçon serbe du gazoduc South Stream, le ministre russe a affirmé que le projet se poursuivait. «Il n’y a aucun changement dans les projets de la Russie et de la Serbie», a-t-il.

Quant à la suspension des préparatifs visant au début des travaux en Bulgarie voisine, à la demande de la Commission européenne, Sergueï Lavrov a estimé qu’il s’agissait d’un «problème temporaire».

Soutien substantiel de Bruxelles

Depuis l’échec dimanche soir des négociations russo-ukrainiennes sur les factures de gaz, l’Ukraine doit se préparer à une baisse des livraisons de gaz russe. Mais Kiev aura le soutien des Européens.

La Commission européenne a annoncé mardi avoir débloqué 500 millions d’euros (610 millions de francs) pour aider l’Ukraine à faire face à ses besoins de financements, notamment pour des achats de gaz à des compagnies européennes.

«Il s’agit d’une assistance budgétaire et il revient aux autorités ukrainiennes de décider comment elles veulent utiliser cet argent», a expliqué le porte-parole du commissaire aux affaires économiques Olli Rehn. «Elles peuvent l’utiliser pour faire face à leurs besoins de financements extérieurs, comme des achats de gaz», a-t-il précisé.

La Commission européenne tente une médiation entre Moscou et Kiev pour éviter aux pays européens une rupture dans les livraisons du gaz russe transitant par le réseau ukrainien. Mais elle refuse de prendre parti dans ces négociations entre sociétés.

«L’achat à des entreprises européennes est une possibilité, mais il appartient aux entreprises de négocier les prix», a de son côté déclaré la porte-parole du Commissaire à l’Energie Gunther Oettinger.

L’Ukraine affirme ne pas craindre de pénurie de gaz, tout en reconnaissant vouloir se tourner vers l’Europe pour bénéficier de livraisons fiables, après la coupure décidée la veille par Moscou.

Mort d’un journaliste russe

Sur le front de l’Est, un journaliste de la télévision russe a été tué par un obus de mortier alors qu’il couvrait des affrontements entre les forces ukrainiennes et les séparatistes pro-russes près de Lougansk, a annoncé mardi la chaîne Rossiya-24. Un de ses collègues est porté disparu.

Pour le ministère russe des Affaires étrangères, la mort du journaliste démontre la «nature criminelle» de l’opération menée par l’armée ukrainienne dans l’est du pays.

(ats/Newsnet)