Irak: Kerry inquiet par les combats autour de la principale raffinerie

Après une brève visite en Irak, John Kerry est arrivé mardi soir à Bruxelles pour faire part à Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l’UE, du «sérieux problème de sécurité en Irak», a indiqué la porte-parole du Département d’Etat Jen Psaki.

John Kerry, qui doit participer à une réunion de ses homologues des 28 pays de l’Otan, a évoqué devant ses alliés européens sa «vive préoccupation sur la menace posée par l’EIIL» (Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), groupe ultra radical qui a pris le contrôle d’une partie du pays, a-t-elle précisé.

Près de Bagdad

Alors que les djihadiste sont désormais à moins d’une centaine de km de Bagdad, John Kerry a tenté mardi lors d’une étape à Erbil (nord) de persuader le président de la région autonome du Kurdistan Massoud Barzani de se joindre à un gouvernement d’union. Sa mission semble néanmoins ardue, Massoud Barzani appelant à la démission du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki qui semble vouloir se maintenir au pouvoir malgré les critiques virulentes contre sa politique confessionnelle qui a marginalisé notamment la minorité sunnite.

«Comme tout le monde le sait, il s’agit d’un moment très critique pour l’Irak, et la formation d’un gouvernement est notre principal défi», a affirmé John Kerry devant son interlocuteur. Les profondes divergences qui minaient le pays bien avant l’offensive djihadiste empêchent la formation d’un nouveau gouvernement, issu des élections d’avril où le bloc Maliki était arrivé en tête. Et sa formation est devenue plus urgente après l’assaut.

Près de 1000 personnes tuées depuis le début juin

John Kerry, selon qui l’offensive djihadiste représente une «menace existentielle» pour l’Irak, a promis un soutien plus «efficace» à Bagdad si des progrès politiques étaient réalisés ainsi qu’un soutien «intensif» aux dirigeants kurdes pour enrayer l’offensive qui a permis aux djihadiste de prendre de larges pans de territoire, déplaçant des centaines de milliers d’Irakiens.

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a fait état mardi d’un bilan de plus de 1000 personnes tuées dans plusieurs régions d’Irak entre le 5 et le 22 juin.

Tandis que les premiers conseillers militaires promis par Barack Obama ont entamé leur mission à Bagdad, sur un total de 300 qui doivent venir épauler les forces irakiennes, les insurgés de l’EIIL ont lancé mardi à l’aube un nouvel assaut pour reprendre la raffinerie de Baïji, à 200 km au nord de Bagdad.

Mais les soldats les ont repoussés et les combats se poursuivaient mardi, selon des responsables. Dix enfants et neuf femmes ont péri dans les raids, selon un autre responsable, alors que la télévision officielle a parlé de 19 «terroristes» tués. D’autres raids ont fait six morts dans la soirée.

L’armée avait repoussé à la mi-juin un précédent assaut contre la raffinerie, un épisode qui avait affolé les marchés pétroliers, l’Irak étant le deuxième producteur de l’Opep.

Il s’agissait d’un rare succès des forces armées après leur totale déroute aux premiers jours de l’offensive lancée le 9 juin par les insurgés qui ont mis la main sur Mossoul, deuxième ville d’Irak, une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d’autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est), Kirkouk (nord), et Al-Anbar (ouest).

Dans ces zones, les autorités ont affirmé qu’elles suspendaient le paiement des salaires des fonctionnaires jusqu’à la fin des hostilités. Dans la province occidentale d’Al-Anbar, où les insurgés contrôlent plusieurs villes, l’armée appuyée par des tribus locales a repoussé un assaut sur la cité de Haditha, qui abrite une importante centrale électrique. L’armée de l’air a en outre mené des raids sur deux ponts vitaux sur l’Euphrate près de la ville d’Al-Qaïm, utilisés par les insurgés dans leurs déplacements, faisant 13 morts.

(afp/Newsnet)