Irak Les djihadistes irakiens et syriens unissent leurs forces

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a balayé mercredi l’idée d’un gouvernement de salut national malgré les appels de la communauté internationale. Alors que les insurgés de l’EIIL ont reçu l’allégeance du Front al-Nosra, le chef d’Etat chiite persiste dans sa volonté d’exclure les sunnites du nouveau cabinet.

En dépit des pressions occidentales, Nouri al-Maliki a exclu la constitution d’un gouvernement de salut national, alors que les profondes divergences qui minaient le pays bien avant l’offensive djihadiste empêchent l’établissement d’un nouveau gouvernement depuis les élections d’avril.

Le Premier ministre irakien s’est pourtant engagé mercredi à constituer un nouveau gouvernement dans les délais impartis. La première séance du Parlement consacrée à un nouveau cabinet doit avoir lieu avant le 1er juillet.

Allégeance

Alors que le pouvoir irakien semble dans l’impasse, les insurgés de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont eux reçu l’appui d’un autre groupe. A Boukamal, des membres la branche syrienne d’Al-Qaïda, le Front al-Nosra, ont «prêté allégeance à l’EIIL dans la nuit de mardi à mercredi», lui permettant d’être désormais des deux côtés de la frontière, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), proche des rebelles syriens.

Ce rare acte d’allégeance entre frères ennemis est intervenu alors que l’EIIL progresse dans une province syrienne. Les insurgés sunnites avancent dans leur objectif de lancer un Etat islamique dans une zone à cheval entre la Syrie et l’Irak.

Tensions en vue

Les combattants d’Al-Nosra et ceux de l’EIIL, autrefois alliés en Syrie contre le régime, s’affrontaient depuis le début de l’année lorsque les premiers, las des exactions, de la violence et de la volonté des seconds de devenir la seule branche d’Al-Qaïda dans la région, ont retourné leurs armes.

Mais, selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, «cette allégeance créera des tensions avec les autres groupes rebelles, y compris les islamistes».

Pour Romain Caillet, un expert des mouvements djihadiste, «cette allégeance s’inscrit dans le cadre d’une dynamique en faveur de l’EIIL».

Alors que les insurgés ne cessent de progresser tous azimuts, un haut officier de l’armée jordanienne a déclaré que son pays était prêt à faire face à «toute agression».

Offensive repoussée

En Irak, nombre de soldats irakiens ont baissé les armes, certains abandonnant leurs positions, voire leurs uniformes. Si elles semblent relever la tête depuis plusieurs jours, les troupes ne sont pas parvenues à reprendre les vastes pans de territoire dont se sont emparés les insurgés.

Mercredi, les troupes irakiennes sont toutefois parvenues à repousser des insurgés de l’importante base aérienne de Balad, à environ 70 km au nord de Bagdad, selon un chef local et un responsable de sécurité.

Inquiets devant la tournure que prennent les événements, les Etats-Unis, qui se distancient de Nouri al-Maliki, ont promis l’envoi de 300 conseillers militaires en Irak, dont 40 ont commencé à travailler mardi.

Des entretiens avaient lieu mercredi entre des conseillers américains et des commandants irakiens, a indiqué un porte-parole de M. al-Maliki.

L’Occident inquiet

Quelque 90 autres soldats ont également commencé à mettre en place un «centre de commandement conjoint», géré en partenariat avec les forces irakiennes, a annoncé un responsable militaire américain.

Parallèlement, à Bruxelles, les 28 pays membres de l’OTAN étaient eux réunis pour des discussions où l’Irak devrait tenir une place importante, les capitales occidentales ne cachant plus leur inquiétude face à l’avancée des djihadiste. Préoccupé, le secrétaire d’Etat américain John Kerry se rendra vendredi en Arabie saoudite pour discuter de l’Irak.

(ats/Newsnet)