ALIMENTATION: Le Japon se délecte du scandale de la viande avariée chinoise

Les médias japonais ont expliqué mercredi par le menu les mauvaises manières d’une usine chinoise d’alimentation qui a utilisé de la viande avariée. De son côté, la police chinoise a arrêté cinq employés d’une filiale du producteur alimentaire américain OSI, à l’origine du scandale.

Toutes les télévisions japonaises ont diffusé à maintes reprises des images prises dans l’usine de Shanghai incriminée. On y aperçoit des ouvriers remettre sur la ligne de production de la viande tombée au sol, ou manipuler de la chair tellement avariée qu’elle en est verte.

«Avec des informations inquiétantes comme celles-là, on n’a plus envie d’acheter des produits chinois», a insisté un journaliste de la télévision Nippon TV lors d’un programme très suivi par les mères au foyer.

Croquettes suspectes

La chaîne de restauration rapide McDonald’s au Japon avait indiqué mardi qu’environ 20% des McNuggets (morceaux de poulet panés) servis dans 40% de ses boutiques de l’archipel (soit 1340 restaurants) provenaient de l’usine de Shanghai. Le groupe FamilyMart vendait aussi dans ses quelque 10’000 supérettes japonaises des croquettes de poulet confectionnées dans la même usine.

Les deux groupes ont cessé de proposer cette marchandise.

Vérifications en cours

Pour le moment, aucune autre société nippone n’a déclaré avoir acheté des produits de cette usine, mais des vérifications sont en cours pour s’assurer que ne sont pas utilisés des circuits indirects (un grossiste s’approvisionnant auprès du site problématique).

Interrogé mercredi matin en conférence de presse, le porte-parole du gouvernement nippon, Yoshihide Suga, a indiqué que les inspections allaient être renforcées et que des mesures sanitaires plus fermes allaient être prises afin que n’entrent pas sur le territoire des produits avariés.

Cinq arrestations

La police chinoise a arrêté mercredi cinq employés d’une filiale du producteur alimentaire américain OSI, à l’origine du scandale, a-t-elle annoncé dans un communiqué.

Le bureau de la sécurité publique de Shanghai n’a pas donné les noms des personnes arrêtées, mais a affirmé que des responsables de l’entreprise, dont l’un de ceux chargés du contrôle de la qualité, figuraient parmi ces cinq personnes, salariées de la Shanghai Husi Food Co., la filiale d’OSI qui exploitait l’usine.

Pizza Hut, Starbucks et Burger King

Dimanche, les autorités de Shanghai ont fermé une usine du groupe OSI – fournisseur de McDonald’s et KFC (Kentucky Fried Chicken) en Chine – qui aurait notamment mélangé de la viande avariée avec de la viande fraîche et ré-étiqueté des produits périmés.

Parmi les autres clients de l’usine figuraient la marque Pizza Hut, du groupe de restauration Yum, ainsi que les chaînes Burger King, Papa John’s Pizza, Starbucks coffee et 7-Eleven, selon des déclarations séparées de ces entreprises.

L’usine OSI de Shanghai, établie en 1996, employait plus de 500 ouvriers sur cinq lignes de production et préparait sous plusieurs formes de la viande de porc, de bœuf et de poulet, selon le site internet du groupe.

Huiles recyclées et champignons cancérigènes

La Chine, un important fournisseur du Japon en dépit de relations politiques exécrables, est régulièrement confrontée à des scandales alimentaires qui dissuadent une partie des consommateurs japonais.

Ces derniers se souviennent entre autres de «gyoza«(nom japonais des «jiaozi», raviolis chinois) aux insecticides qui avaient provoqué la panique en 2008 dans la population nippone.

Parmi les autres affaires les plus retentissantes figurent celles concernant des huiles de cuisine recyclées, des œufs teintés avec des colorants nocifs, des champignons cancérigènes, du tofu (pâte de soja) contrefait, du vin frelaté ou du porc au clenbuterol, un anabolisant.

Le scandale le plus marquant reste néanmoins celui du lait contaminé à la mélamine qui, en 2008, avait provoqué la mort de six enfants et rendu malades 300’000 autres.

(ats/Newsnet)