Pakistan: Une femme et deux enfants lynchés pour «blasphème» sur Facebook

Une femme membre d’une secte religieuse et deux de ses petites-filles, dont l’une âgée de sept ans, ont été lynchées par une foule pakistanaise, a-t-on appris lundi de source policière. Il s’agit du dernier épisode en date des violences contre les minorités au Pakistan.

La femme et ses petites-filles appartenaient à la communauté ahmadie, qui se considère musulmane. Mais ses membres sont jugés hérétiques par nombre de Pakistanais, puisqu’ils reconnaissent un prophète après Mahomet.

L’incident s’est déroulé dimanche dans un ghetto de Gujranwala, ville située à une centaine de kilomètres au nord de Lahore, la capitale de la province centrale du Penjab.

Aqib Salim, un adolescent de la minorité ahmadie, «aurait mis en ligne sur Facebook une photo blasphématoire, ce qui a ulcéré un ami musulman», a déclaré un responsable de la police locale, Salim Akhtar.

Maisons incendiées

Les deux adolescents ont alors commencé à se bagarrer sous le regard d’une foule croissante, et de plus en plus belliqueuse, qui a incendié des maisons de la minorité ahmadie.

Une femme, une fillette de sept ans et une autre d’à peine un an ont péri par suffocation, selon ce responsable de la police. Il enquêtait lundi non pas sur ces meurtres, mais sur de possibles accusations de «blasphème» contre l’adolescent ahmadi.

Peine de mort prévue

La loi pakistanaise sur le blasphème, accusée par les libéraux d’être instrumentalisée pour régler des conflits personnels mais défendue bec et ongles par les islamistes, prévoit la peine de mort pour les personnes dénigrant Mahomet et la prison à vie pour quiconque brûle le Coran.

Au cours des dernières années, des personnalités pakistanaises ayant plaidé en faveur d’une réforme de cette loi controversée, souvent utilisée contre les chrétiens et les ahmadis, ont été assassinées.

Fondée au XIXe siècle

La communauté ahmadiyya, fondée au XIXe siècle par Mirza Ghulam Ahmad, estime que son fondateur est le messie attendu depuis la mort du prophète Mahomet.

Les ahmadis se considèrent musulmans, mais une loi datant de 1974 au Pakistan les qualifie de non-musulmans. Les ahmadis ne peuvent nommer «mosquée» leur lieu de culte et sont interdits de séjour en Arabie saoudite pour faire le pèlerinage à La Mecque, un des cinq piliers de l’islam.

Selon un rapport récent de la Commission américaine sur la liberté religieuse à travers le monde, le Pakistan est de loin le pays qui emprisonne le plus de citoyens soupçonnés de porter atteinte à la religion, principalement l’islam.

(ats/Newsnet)