La loi sur l´offense au chef de l´État – Une loi périmée Dr Abdou Abbas Lat Dior Diop

 

Il est impossible d´interdire à un peuple souverain et instruit la liberté d´écrire, de parler ou de penser. La liberté d´expression est un critère indispensable pour une démocratie et un droit fondamental pour les citoyens. Le délit d´offense au chef de l´État est une manière dictatoriale de gouverner. Des générations entières se sont battues pour que la démocratie et la liberté d´opinion s´installent au Sénégal.
La loi c´est la loi a t-on l´habitude de dire, seulement il y a des lois anachroniques, erronées.
Les pouvoirs exceptionnels du Président de la République qui nomme à tous les postes civils et militaires est une loi. La loi sur l´Apartheid en Afrique du Sud est une loi. La loi sur la ségrégation des noirs aux USA est une loi. La loi sur les immigrés et le droit de travail en France est une loi. La loi sur le nombre de joueurs extra-communautaire qui doivent figurer sur la feuille de match en Bundesliga est une loi. Mais, ce sont toutes des lois hors circuit. La loi sur l´offense au chef de l´État en fait parti.
De par notre éducation, basée sur des vertus cardinales de civilité et de politesse, l´injure, ne serait-ce qu´à l´encontre d´un citoyen ordinaire est intolérable. Toute personne qui injure, diffame ou calomnie un autre individu, à plus forte raison, le chef de l´État, doit s´attendre à des poursuites judiciaires.
Cependant, remettre en cause le patrimoine, d´un fonctionnaire de l´État, estimé à plusieurs milliards de FCFA est une légitimité ordinaire. Il n´y a aucune infraction, aucun délit à douter de l´origine (licite ou illicite) du patrimoine d´un homme politique, chef de parti, fût-il le Président de la République.
Il y a une très grande ambiguïté dans cet article du code pénal sénégalais relatif à l´offense au chef de l´État. En effet, à titre d´exemple, on peut traiter le chef de l´État d´ebola sans risque d´être poursuivi. Ce qui est cependant interdit aux citoyens, c´est de s´interroger où de remettre en cause son riche patrimoine.
Il appartient maintenant à chacun de nous, de donner de nouvelles couleurs à cette politique d´intimidation et de harcèlement que le pouvoir actuel veut nous imposer. On ne peut pas assister à cela sans indignation.
Sans perception sélective, la transparence, la clarté et l´obligation de rendre compte doivent constituer les fondements de la gestion des affaires publiques.