Ebola fair-play, par Tounkara

 

Nous n’avons pas réussi à nous protéger du virus mortel qui s’est fait lâchement importé chez nous. Un jeune étudiant guinéen infecté a pu voyager jusque dans la banlieue dakaroise. Il est présentement pris en charge en isolement, alors qu’il n’y a ni vaccin ni traitement efficace pour les Africains (deux Américains touchés ont reçu un traitement efficace qui les a sauvés).
L’attitude la plus élémentaire à adopter en cas de survenance d’une épidémie dans une zone quelconque est de ne pas s’y rendre et de ne pas en sortir.
Pourtant, « toutes les mesures avaient été prises » pour que cette maladie ne s’invite pas chez nous. C’est ce que disaient les autorités. A quels niveaux se trouvent les failles ? Quelle est la chaîne de responsabilité ayant conduit à cette catastrophe aux conséquences incalculables ? Qui a été négligent ? Sans doute ne le saura-t-on jamais, car chez nous, en cas de catastrophe, pas de responsabilités systématiquement situées, pas de sanctions adéquates pour tous ceux qui ont fauté. Le Joola vous dit quelque chose ? La corruption dans la magistrature ? La drogue dans la Police ? Quelques changements cosmétiques sans jamais oser secouer le baobab pour faire face avec jom, ngor et fit. Or, un peuple qui ne prend pas à bras-le-corps les catastrophes qui le touchent est condamné à ne pas sortir du cycle des catastrophes. La présidente sud-coréenne a tout simplement dissout le corps des garde-côtes un mois après le naufrage d’un ferry qui a coûté la vie à trois-cents personnes en avril 2014. Gageons que rien de similaire ne se produira en Corée du Sud dans les prochains siècles. Chez nous, la catastrophe Ebola est là, douze années après Le Joola, plus grande catastrophe maritime de tous les temps.
Pour rappel, l’attitude la plus élémentaire à adopter en cas de survenance d’une épidémie dans une zone quelconque est de ne pas s’y rendre et de ne pas en sortir. Nos autorités ne l’ont pas appliquée et le virus est là.
Soyons Ebola fair-play et prenons-le du bon côté lorsque les autres nous l’appliqueront : annulations de toutes sortes, méfiance à venir chez nous et refus d’accueillir les Sénégalais chez qui, en cas de catastrophe, personne n’est responsable, personne n’a été négligent, personne n’est sanctionné.
Mamadou Sy Tounkara