Le pauvre Niger s’offre un avion présidentiel à 36 millions

 

 

Le Niger, l’un des Etats les plus pauvres au monde, vient de s’acheter un nouvel avion présidentiel pour environ 30 millions d’euros (36,8 millions de francs suisses), a indiqué lundi 1er septembre le ministre nigérien de la Défense. Cette décision a déclenché l’ire de l’opposition.

L’avion a été «réceptionné dimanche après-midi» à Niamey, a précisé le ministre, Karidjo Mahamadou. Il s’agit d’un Boeing 737-700 acheté «sur fonds propres» du Niger «autour de 20 milliards francs CFA».

L’appareil participera au «rayonnement de notre illustre République», a encore dit le ministre à la télévision nigérienne. Il sera géré par l’armée, notamment «pour des raisons sécuritaires».

L’ancien avion présidentiel, également un Boeing 737, acheté dans les années septante par l’ancien général-président Seïni Kountché (1974-1987), continuera à voler, a souligné Karidjo Mahamadou. «Mais c’est à présent un cercueil volant qui ne répond plus aux normes internationales», a commenté un expert en aéronautique.

Dépenses de prestige

«Alors que la famine menace de nouveau le pays et avec les graves inondations cette année encore, l’Etat se permet d’investir des milliards dans des dépenses de prestige», a critiqué Ousseïni Salatou, le porte-parole de la Coalition de l’opposition nigérienne.

Mi-août, le député de l’opposition Amadou Ali accusait le gouvernement d’avoir «triché» en logeant les fonds destinés au nouvel avion dans la rubrique «matériels et équipements militaires» du budget 2013.

Nouhou Arzika, une figure de la société civile généralement très critique envers le régime, a déclaré ne pas trouver «mauvais en soi» de renouveler l’avion présidentiel, «un bien public». «L’ancien est assez vieux, huit présidents l’ont utilisé et il faudra le changer un jour ou l’autre», a-t-il estimé.

Démographie galopante

Le Niger est le 187e et dernier pays au monde en matière de développement humain, selon l’ONU, malgré d’importants gisements d’uranium et l’exploitation plus récente de pétrole.

Très aidé par la communauté internationale, Niamey impute ce mauvais classement à son taux de natalité de 7,6 enfants par femme, le plus élevé du monde. Ce pays sahélien rocailleux souffre également d’une malnutrition chronique, que sa démographie galopante empêche d’enrayer.

Le FMI a gelé mi-juin au moins jusqu’en septembre son aide au Mali, pays voisin du Niger, après l’achat par Bamako d’un nouvel avion présidentiel pour 40 millions de dollars. Le gouvernement malien s’était justifié en disant que l’ancien était techniquement défaillant.

(ats/Newsnet)