L’audition d’Alioune Samba Diassé, co-inculpé de l’ancien ministre d’Etat, Karim Wade, aura fait dans le clair-obscur, tant l’homme aura fait dans les contradictions, se réfugiant tantôt derrière son état de santé (une hernie discale à quatre étages), ce qui a valu une suspension d’audience, tantôt derrière la ” torture morale ” que lui auraient fait subir les gendarmes de la Section de Recherches lors de l’instruction, tantôt derrière une mémoire chancelante.
Il faut savoir qu’Alioune Samba Diasse a été le directeur général de Abs Sa, au début dénommé Aéroport Bus Sénégal, avant d’être renommé Aéroport Bus Services. Mais, auparavant, il a été comptable de Bourgi Transit, la société de l’autre co-inculpé, Ibrahima Abdoukhalil Bourgi, dit Bibo. C’est à la suite de tracasseries de ses ex-employeurs de Bourgi Transit, qui lui reprocheraient ses extra, qu’il a fini par démissionner pour se consacrer exclusivement à ” sa société ” de transport aéroportuaire.
Abs Sa, il l’aurait créé avec un Allemand du nom de Wolf Franck (ou Wolf Raoul, c’est selon !), dont 45% des actions dans ladite société étaient détenus par Véronique Manga, la copine de l’Allemand et qui serait aussi une employée de maison de la maman de Pape Mamadou Pouye, un co-inculpé de Karim Wade (sic ! ). A la question du substitut du procureur de la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (Crei), Antoine Dione, de savoir d’où il avait tiré les trente millions (30 000 000 ) de F Cfa pour monter le capital de la société, Alioune Samba Diassé invoque ses économies, lui qui ne se souvient plus qu’il avait un salaire compris entre deux cent et deux cent cinquante mille (200 et 250 000) F Cfa.
Toutefois, il justifie ces économies par ses activités annexes de transit, change et vente de ” thiouraye ” (encens) gongo, pardon congolais, et par le soutien de son beau-frère (une histoire de mille-fa, quoi !). Remarquez que M. Diassé, ” comme tout bon Sénégalais ! “, est tellement dans l’informel que les enquêteurs de la Section de Recherches de la Gendarmerie ont retrouvé dans un coffre-fort, soigneusement gardé chez lui, la rondelette somme de deux cent dix millions (210 00 000).
Toujours est-il qu’un beau jour, l’Allemand quitte la société et Alioune Samba Diassé se débrouille tant bien que mal pour se retrouver avec les 90% de Abs Sa, les 10% restants appartenant à ” sa tante “, Fatou Babou, avec laquelle il n’entretient aucun… lien de parenté (re-sic ! ). La société passe alors d’un capital de trente millions (30 000 000) à deux-cent cinquante millions (250 000 000) de F Cfa et devient une succursale de Abs Corporate, une société créée aux Îles Vierges Britanniques et dont les comptes bancaires seraient logés à Monaco (suivez notre regard ! ).
Pour ce qui est de ces liens avec Karim Wade, Diassé a maintenu ne connaître ce dernier, ” comme tous les Sénégalais “, que de nom. N’en jetons plus avec des arguments comme la mort du comptable de Abs Sa, ou encore les inondations qui n’auraient pas permis de retrouver les documents comparables de ladite société, et vous comprendrez le sourire, parfois un tantinet narquois, du substitut du procureur de la Crei devant le flou des déclarations de Diassé.
