Nouvel aéroport du Sénégal : L’ Aibd gouffre à milliards

 

Etant l’un des projets phare du régime libéral très cher au président Abdoulaye Wade, l’Aéroport Internationale Blaise Diagne (Aibd) qui est sorti de terre il y a de cela 14 ans constitue un véritable gouffre à milliards de F Cfa. Le joyau, achevé à 75%, d’après les autorités aéroportuaires qui ont organisé une visite guidée en fin de semaine à l’intention des journalistes, a déjà englouti des milliards de francs Cfa et a vu sa date de réception mainte fois repoussée.

Avec une enveloppe initiale estimée à 235 milliards de F Cfa, son budget a connu une hausse pour franchir la barre des 400 milliards F Cfa.

Dans le montage financier initial,  les banques et autres structures identifiées allaient débourser chacune une partie des fonds. La Banque africaine de développement (Bad), l’Agence française de développement (Afd), la Banque islamique de développement (Bid), Saudi fund for développement (Sfd), devait contribuer chacun à hauteur de 70 millions d’euros (soit 45,9 milliards chacun). Industrial developpement Corporation (Idc) devait donner 50 millions d’euros soit 32,7 milliards de F Cfa, Infrastructure crisis facility (Icf) devait cotiser à hauteur de 30 millions d’euros soit 19,6 milliards F Cfa, la Banque ouest africaine de développement (Boad) devait décaisser 26 millions d’euros soit 17,05 milliards de F Cfa et Opec found for international developpement (Ofid) avait consenti à libérer 20 millions d’euros soit 13,1 milliards de F Cfa. Ces 8 structures avaient pour mission de réunir ainsi les 406 millions d’euros (266,3 milliards de F Cfa) qui étaient nécessaires pour la réalisation de l’Aibd.

Mais depuis, trois avenants sont venus augmenter le coût de la réalisation de l’infrastructure. Une infrastructure dont la réalisation a été à la base de la Redevance sur le développement des infrastructures aéroportuaires (Rdia). Une taxe exigible depuis le 1e avril 2005 chiffrée initialement à quelques 30 euros (soit environ 20 000 F Cfa) pour les passagers internationaux et un euro (655 F Cfa) pour les nationaux. Et depuis le 1e janvier 2011, la Rdia est passé à 54 euros (environ 35 000 F Cfa) pour les passagers qui embarquent à partir de Dakar.

Depuis 14 ans donc, l’aéroport Blaise Diagne continue d’engloutir des milliards, mais peine à démarrer ses activités. C’est en 2000  que le projet a été lancé, suite à une vision politique de mise en œuvre de grands projets d’infrastructures de transport. En 2001, les études de faisabilité technique, économique, financière et juridique ont démarré sous l’égide de l’Agence pour la Promotion des Investissements au Sénégal (Aibd).

En février 2006, la Société Projet Aibd Sa est créée.  Elle a pour mission d’assurer, entre autres, le financement, la construction, l’exploitation et le développement du nouvel aéroport. C’est un  projet lié à l’Etat du Sénégal par une convention mettant en coopération des partenaires de classe mondiale. En mars 2007, la cérémonie de pose de la première pierre a été organisée avant que le financement à long terme ne soit bouclé en 2011. Déjà en décembre 2012, Rede Jabari, le représentant de la Saudi Bin Laden Group (Sbg), soutenait que l’aéroport a été réalisé à 65% voire 70%. Auparavant, en février 2012, le président Abdoulaye Wade, a fait atterrir l’avion présidentiel, «La Pointe Sarène », sur la piste de l’Aibd en plein travaux.

Des blocages s’ensuivent avant que les travaux ne redémarrent en octobre 2013 après un arrêt entrepris par la Sbg qui réclamait 100 millions d’euros (65,595 milliards de F Cfa).

On est en septembre 2014. Abdoulaye Mbodj, le directeur général de l’Aibd, annonce que l’aéroport est réalisé à 75 %. Il ne reste que les finitions des travaux et l’installation d’équipements et des systèmes de navigation, dit-il. A terme, indique-t-on, l’Aibd sera notamment équipé d’une piste principale de 3500 mètres de longueur sur 75 m de largeur. Une deuxième piste de la même taille est envisagée. Erigé sur 4 500 ha, Aibd aura une aire de stationnement capable d’accueillir simultanément 50 avions dont 26 gros porteurs, 6 petits et moyens porteurs et 18 appareils d’aviations générales.

Selon les prévisions, le premier avion commercial atterrira sur l’Aibd en juillet 2015. Un délai qui cette fois-ci, espérons-le, sera respecté.