SANAA: L’ONU annonce un «accord» de sortie de crise au Yémen

 

L’émissaire de l’ONU au Yémen, Jamal Benomar, a annoncé tard samedi 20 septembre un accord de sortie de crise au Yémen sans préciser s’il implique une trêve à Sanaa où des combats opposent les rebelles chiites à des combattants sunnites soutenus par l’armée.

«Après des consultations intensives avec toutes les parties politiques, y compris Ansaruallah (les rebelles chiites), un accord a été conclu pour résoudre la crise actuelle au Yémen (…)», a indiqué M. Benomar dans un communiqué.

Dans la soirée, un couvre-feu a été décrété dans quatre quartiers du nord-ouest de Sanaa, théâtre de d’affrontements entre rebelles chiites et combattants sunnites soutenus par l’armée. La capitale du Yémen a été paralysée toute la journée en raison de ces violences.

Le couvre-feu court de 21h00 samedi à 06h00 locales dimanche, a annoncé le Haut comité de sécurité dirigé par le chef de l’Etat Abd Rabbo Mansour Hadi.

Le chef de l’Etat Abd Rabbo Mansour Hadi, cité par les médias locaux, a qualifié de «tentative de coup d’Etat» l’offensive des rebelles d’Ansaruallah à Sanaa. Les combats avec le puissant parti sunnite al-Islah ont fait des dizaines de morts depuis jeudi dans les deux camps.

Depuis plus d’un mois, les rebelles qui contrôlent la région de Saada (nord) campent avec leurs partisans dans et autour de la capitale. Ils réclament l’éviction du gouvernement accusé de corruption, ainsi qu’un droit de regard sur la nomination des ministres et un accès à la mer.

Bâtiment de la télévision visé

Les combats se sont intensifiés jeudi dans le secteur de l’aéroport, au nord de Sanaa. Cela a entraîné la suspension des vols des compagnies étrangères depuis vendredi. Samedi, de nouveaux tirs ont visé le siège de la télévision, faisant des blessés parmi les employés, a indiqué la chaîne publique.

Des habitants et des proches des victimes ont signalé la mort d’au moins 16 personnes entre vendredi soir et samedi matin, dont 10 d’une même famille qui tentaient de fuir leur domicile dans le quartier de Chamlane dans le nord de Sanaa. Leur véhicule a été touché par un tir au mortier.

Commerces fermés

L’hôpital Azal, dans le même secteur, a été touché par un obus qui a tué un homme. De sources médicales, on a déclaré à Reuters que 13 Houthis étaient morts samedi dans les combats dans la capitale.

Les habitants des quartiers proches des zones de combat restent terrés chez eux tandis que, dans le reste de la ville, il n’y a quasiment pas d’activité. De nombreux commerces sont fermés et la circulation est quasi nulle.

Vacances forcées

L’Université de Sanaa a demandé à ses étudiants de prendre des vacances forcées jusqu’à la mi-octobre après la chute d’obus sur le campus. Les autorités ont suspendu les cours dans les écoles et lycées jusqu’à nouvel ordre.

Un des grands marchés de la capitale, le Souk Ali Mohsen, situé dans la zone des combats, est fermé depuis trois jours. ce qui commence à affecter l’approvisionnement en fruits et légumes, selon des habitants.

Six provinces

Soupçonnés de vouloir élargir leur zone d’influence dans le futur Etat fédéral qui doit compter six provinces, les rebelles -dits Houthis- apparaissent plus que jamais décidés à en découdre avec leur rival d’Al-Islah. Ils l’accusent d’avoir tenté de s’implanter dans leur fief, à Saada.

Les rebelles avaient rejeté en août une proposition du président Hadi portant sur la nomination d’un nouveau Premier ministre et la réduction d’une augmentation controversée des prix du carburant, deux de leurs principales revendications.

Echec des négociations

L’émissaire de l’ONU, Jamal Benomar, qui négocie un cessez-le-feu, a regagné vendredi soir Sanaa en provenance de Saada sans être parvenu à obtenir un accord de trêve.

«J’ai tenté de réduire l’écart entre les deux parties et on est tombé d’accord sur un nombre de points pouvant servir de base à un accord» de cessez-le-feu, a dit M. Benomar après trois jours de discussions avec le chef de la rébellion, Abdel Malek al-Houthi. Aucune indication n’a été donnée sur d’éventuelles nouvelles négociations.

Longue crise

Le Yémen est englué dans la crise depuis le départ en février 2012 de l’ancien président Ali Abdallah Saleh, après onze mois de contestations de rue. Pays très pauvre de la Péninsule arabique, il fait aussi face à l’agitation de séparatistes dans le Sud et à des violences endémiques provoquées par Al-Qaïda.

Les houthis sont issus du zaïdisme, une branche du chiisme majoritaire dans le nord du Yémen. A l’échelle nationale, les sunnites sont prédominants.

(ats/Newsnet)