Le nouveau président afghan appelle à la paix

 

Dans son discours d’investiture, Ashraf Ghani a appelé les taliban et autres insurgés à prendre part à des pourparlers de paix ce lundi 29 septembre.

«La sécurité est l’aspiration numéro un de notre peuple, nous sommes las de cette guerre. J’appelle les taliban et le (groupe insurgé) Hezb-i-Islami à se préparer à des négociations politiques», a dit le nouveau chef de l’Etat. La cérémonie s’est déroulée au palais présidentiel de Kaboul, où les mesures de sécurité, déjà très strictes, ont encore été renforcées.

«Pour chacun des griefs des talibans, nous trouverons une solution… Nous demandons aux villageois de demander la paix et aux imams de conseiller les taliban, et s’ils n’écoutent pas, de couper les ponts avec eux», a ajouté Ashraf Ghani peu après son assermentation.

Première transition démocratique

Ex-cadre de la Banque mondiale et ancien ministre des Finances, Ashraf Ghani, 65 ans, succède à Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé le pays depuis la chute des talibans à la fin 2001. Cette passation consacre la première transition démocratique de l’histoire de l’Afghanistan.

«Je promets devant Dieu que je vais obéir et soutenir la sainte religion de l’islam. Je vais respecter la Constitution et les lois et les mettre en oeuvre», a déclaré Ashraf Ghani lors de sa prestation de serment. «Je vais défendre l’indépendance et la souveraineté de l’Afghanistan, protéger les droits et l’intérêt du pays et du peuple d’Afghanistan», a-t-il ajouté.

Attentat près de l’aéroport

Les appels du nouveau président n’ont pas empêché un kamikaze de faire exploser sa charge sur un barrage de sécurité à proximité de l’aéroport, quelques minutes à peine avant la prestation de serment. Sept personnes – quatre membres des forces de sécurité et trois passants – ont péri dans cet attentat, a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Zabihullah Mujahid, porte-parole des taliban, a revendiqué cet acte et indiqué qu’il visait les forces afghanes et étrangères. Egalement lundi, quatre kamikazes ont tué huit personnes près d’un bâtiment des autorités locales de la province de Paktia, dans l’est du pays, a déclaré un responsable de la police.

Trois mois de crise

Cette transition démocratique met officiellement fin à trois mois d’une crise politique sur les résultats de l’élection qui a fragilisé davantage le pays. Ashraf Ghani et son rival Abdullah Abdullah revendiquaient tous deux la victoire lors du second tour de la présidentielle du 14 juin, marquée par des fraudes massives.

Or Ashraf Ghani concentre ses appuis chez les Pachtounes du Sud, et M. Abdullah chez les Tadjiks du Nord, ce qui faisait craindre un embrasement, voire la partition de facto de l’Afghanistan. Mais sous la pression de l’ONU et des Etats-Unis, les deux rivaux ont accepté la semaine dernière de former un gouvernement d’union nationale.

Selon les termes de l’accord âprement négocié, M. Abdullah est devenu «chef exécutif» du futur gouvernement, l’équivalent d’un poste de Premier ministre qui n’existait pas jusqu’alors dans les institutions afghanes.

Les caisses sont vides

Le successeur d’Hamid Karzaï va aussi devoir agir sur un autre front, financier celui-là. Le Trésor afghan a reconnu ce week-end que les caisses étaient vides. Le versement des salaires d’octobre de plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires devait être différé, probablement d’une semaine ou deux.

Son expérience à la Banque mondiale et son passé de ministre des Finances seront à cet égard des atouts pour Ashraf Ghani. «Avec un gouvernement d’unité nationale, il ne s’agit pas de partager le pouvoir, mais de travailler ensemble», a-t-il dit dans son discours.

Sur le plan militaire, l’Afghanistan signera mardi un accord de sécurité avec Washington, qui permettra à un contingent réduit de troupes américaines de rester sur le sol afghan au-delà de la fin 2014, a annoncé lundi l’ambassade des Etats-Unis à Kaboul.(ats/Newsnet)