ETATS-UNIS: Intrus à la Maison Blanche, des failles «inacceptables»

 

La directrice du Secret Service, chargé de la sécurité du président américain, a reconnu, mardi 30 septembre, des failles «inacceptables» dans la sécurité de la Maison Blanche et promis de réformer le service, devant des parlementairesoutrés par l’intrusion récente d’un homme dans la résidence.

Julia Pierson, qui dirige depuis mars 2013 le Secret Service, chargé également de protéger la famille du président et des dignitaires étrangers, a reconnu que les «plans de sécurité n’avaient pas été exécutés efficacement», lors d’une audition à la Chambre des représentants.

«J’assume toute ma responsabilité»

«J’assume toute ma responsabilité», a-t-elle lancé. «Ce qui s’est passé est inacceptable, et cela ne se reproduira plus jamais».

Un ancien militaire de 42 ans, Omar Gonzalez, a sauté dans la soirée du 19 septembre par-dessus les 2,30 mètres de la grille nord de la Maison Blanche, puis il a parcouru plus de 60 mètres (BIEN 60 mètres) de pelouse, poursuivi par des agents.

En possession d’un couteau pliable, il a réussi à entrer par la porte principale au rez-de-chaussée, à faire tomber un agent posté derrière, puis à traverser deux grandes salles avant d’être finalement plaqué au sol et arrêté, dans le grand salon nommé «East Room».

Une intrusion au départ minimisée

Le président et sa famille venaient de quitter la Maison Blanche, et selon le Washington Post, c’est un agent qui venait de terminer son service qui a stoppé l’intrus.

Dans un premier temps, le Secret Service avait seulement indiqué qu’Omar Gonzalez avait été interpellé «après être entré» par la porte.

Barrières supplémentaires

Cette double porte (une extérieure en verre et une porte intérieure en bois) n’était pas verrouillée malgré l’alerte, a reconnu Julia Pierson, mais un système de fermeture automatique a depuis été installé, a-t-elle annoncé. Des barrières supplémentaires ont également été installées autour de l’enceinte.

Julia Pierson a expliqué que 16 personnes avaient sauté les grilles ces cinq dernières années, dont six cette année. Une enquête est en cours.

«J’ai l’intention de redoubler d’efforts dans les prochains mois» pour réformer le service, a-t-elle indiqué, affirmant implicitement qu’elle n’entendait pas démissionner.

Un vrai problème de discipline

Mais les élus, démocrates comme républicains, ont dénoncé un problème plus large de discipline au sein du service d’élite, et l’enquête parlementaire va se poursuivre.

«Cet incident récent, malheureusement, conduit beaucoup de monde à se demander s’il y a ou pas un problème beaucoup plus grave au Secret Service», a dit Elijah Cummings, un démocrate.

«Comment diable cela s’est-il produit?»

«Le complexe de la Maison Blanche est censé être l’un des plus sécurisés du pays, sinon du monde. Comment diable cela s’est-il produit?», a déclaré Darrell Issa, président de la commission de Supervision et de Réforme du gouvernement.

Le républicain Jason Chaffetz a dénoncé la «retenue» des agents du service, qui n’ont pas ouvert le feu sur Omar Gonzalez. «Ne laissez personne s’approcher du président!» a-t-il lancé.

Cette affaire s’ajoute à de nombreux incidents.

Invités «surprise» à un dîner

En novembre 2009, un couple de personnalités de téléréalité a réussi à «s’inviter» à un dîner d’Etat. Des agents du service ont fait appel à des prostituées en Colombie en avril 2012, et d’autres se sont saoulés en mission aux Pays-Bas en mars 2014. Et en novembre 2011, Oscar Ortega-Hernandez avait tiré depuis sa voiture sur la Maison Blanche sans être immédiatement repéré.

Des révélations du Washington Post sur ce dernier épisode, dimanche, ont montré que le service n’avait découvert que plusieurs jours après l’impact de plusieurs balles sur les murs et une fenêtre blindée de l’étage où vit la famille Obama.

Pas d’enquête

Des questions demeurent aussi sur les raisons pour lesquelles Omar Gonzalez, qui avait été contrôlé par la police en Virginie en juillet et aux abords de la Maison Blanche en août, ne faisait pas l’objet d’une enquête pour menace contre la famille présidentielle, malgré la possession d’armes et d’une carte désignant la demeure.

Surtout, il avait été reconnu le jour de son intrusion par deux agents, qui ne l’ont pas signalé. Mais selon Julia Pierson, aucun délit ne justifiait son arrestation.

«Vous avez perdu»

L’intrusion «opposait le Secret Service à un individu souffrant de problèmes mentaux, et vous avez perdu», a asséné le démocrate Stephen Lynch.

Omar Gonzalez, qui souffre de stress post-traumatique, est actuellement en détention. Sa prochaine audience a été fixée à mercredi.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a assuré vendredi que le président maintenait sa «pleine confiance» dans le Secret Service, «dont la directrice».

(afp/Newsnet)