Repoussé en Irak, l’EI se rapproche de la Turquie

 

Les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) étaient mardi aux portes d’Aïn al-Arab (Kobané en kurde), ville du nord de la Syrie, malgré les frappes menées par la coalition. En Irak, les forces kurdes ont lancé une offensive sur trois fronts et la Grande-Bretagne a mené ses premières frappes.

En Syrie, «l’EI est désormais à 2 ou 3 km de Kobané», a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’un des chefs du principal parti kurde de Turquie, Demirtas, a confirmé que l’EI était tout près. «Kobané est assiégée de tous les côtés», a-t-il rapporté à son retour au poste-frontière turc de Mursitpinar (sud).

Inquiétude le long de la frontière turque

Près d’une vingtaine de roquettes tirées par les djihadistes sur le centre-ville d’Aïn al-Arab ont, en outre, fait trois morts, lundi, selon l’ONG. L’EI n’avait jamais été aussi près de la ville depuis le début, il y a deux semaines de son offensive dans la région, a-t-elle précisé.

S’ils faisaient sauter ce verrou, les djihadistes contrôleraient une longue bande territoriale continue au nord de la Syrie, le long de la frontière turque.

Rapprochement

Le gouvernement turc a par ailleurs affirmé mardi que l’EI s’était rapproché de la petite enclave turque abritant le tombeau de Souleimane Shah. Celle-ci est située à une vingtaine de kilomètres à l’intérieur du territoire syrien et une trentaine au sud d’Aïn al-Arab.

Devant cette menace, Ankara a renforcé son dispositif militaire à sa frontière avec la Syrie après avoir été visée par plusieurs obus. De son côté, le gouvernement turc a présenté au Parlement un texte autorisant l’intervention de son armée en Irak et en Syrie, aux côtés de la coalition. Le projet de mandat sera discuté jeudi.

Bombardements de la coalition

Face à cette avancée, la coalition américano-arabe a mené dans la nuit de lundi à mardi deux frappes contre des positions de l’EI, d’après l’OSDH.

Dans cette province de Raqa, principal fief de l’EI, la coalition a aussi frappé près de Tall Abyad, localité frontalière avec la Turquie. D’autres bombardements ont également ciblé deux localités sous le contrôle de l’EI dans la province de Deir Ezzor (est). Ces dernières visaient un camp d’entraînement et une municipalité transformée en siège par les djihadistes, a ajouté l’ONG.

Exode massif

L’assaut de l’EI a entraîné un exode massif de population, au moins 160’000 personnes ont traversé la frontière pour se réfugier en Turquie.

De son côté, l’EI a relâché mardi plus de 70 élèves kurdes qui avaient été enlevés dans le nord de la Syrie le 29 mai. Aucune information n’était disponible dans l’immédiat sur les raisons et les circonstances de la libération de ces jeunes, qui faisaient partie d’un groupe de 153 élèves.

Assaut avant l’aube

Dans l’Irak voisin, deux chasseurs-bombardiers Tornado sont venus appuyer des troupes kurdes prises pour cible par l’EI dans le nord-ouest, selon le ministère britannique de la Défense. Les frappes ont détruit un poste d’artillerie et un véhicule équipé d’une mitrailleuse lourde, a-t-il précisé.

Des officiers peshmergas avaient annoncé plus tôt que les forces kurdes avaient lancé avant l’aube mardi une offensive sur trois fronts contre les djihadistes .

Soutenus par des frappes aériennes, les peshmergas ont également attaqué la ville de Zoumar, à environ 60 km de Mossoul. Ils ont repris des villages au sud de la ville pétrolière de Kirkouk.

Selon le secrétaire général des peshmergas, Jabbar Yawar, les forces kurdes ont maintenant repris environ la moitié du territoire qui avait dû être abandonné aux djihadistes début août.

La nuit la plus intense de bombardements

Au total, les Etats-Unis ont annoncé mardi avoir conduit lundi et mardi 22 frappes aériennes contre l’EI en Syrie et en Irak. Il semble qu’il s’agisse de la nuit la plus intense de bombardements depuis le lancement de la coalition.

La campagne de frappes en Syrie a fait en une semaine au moins 211 morts parmi les djihadistes et 22 parmi les civils selon l’OSDH.

Attentats meurtriers

Toujours dans le nord, trois policiers irakiens ont été tués en manipulant un drapeau de l’EI piégé à l’explosif, selon la police locale.

Par ailleurs, au moins huit personnes, dont quatre enfants, ont été tuées mardi à Alep, dans le nord de la Syrie. Des hélicoptères de l’armée syrienne ont lâché des barils d’explosifs sur un secteur tenu par les rebelles, a indiqué une ONG syrienne.(afp/Newsnet)