FRANCE: Faveur au «Monarque» Sarkozy: Qui est donc Mme de P.?

 

Mais qui est donc «Mme de P.», personnage d’une fable politique qui accorde à un «Monarque» inspiré de Nicolas Sarkozy une faveur sexuelle?

S’estimant ainsi désignée, l’ancienne maire UMP d’Avignon Marie-Josée Roig a poursuivi mardi 21 octobre en diffamation l’auteur et l’éditeur du livre.

Le cœur du problème se trouve au chapitre 7 de l’ouvrage «Le Monarque, son fils, son fief» (éditions du Moment) écrit par Marie-Célie Guillaume, intitulé «Rocky ou le monologue du périnée».

«Allez… c’est pas grand chose»

«Tu ne peux pas me laisser comme ça, tu vois bien que j’ai besoin de me détendre, allez c’est pas grand chose», lance le personnage du «Monarque». Le personnage de l’élue s’exécute.

Pour l’avocate de Marie-Josée Roig, Me Raphaëlle Charlier, demandant au tribunal de l’excuser pour la crudité des termes, il est «très clair dans ce passage que Nicolas Sarkozy aurait demandé (à sa cliente) une fellation ou de le masturber aux seules fins d’obtenir une subvention».

Sa cliente, qui poursuit les passages qui viennent après cette phrase, serait ainsi décrite «comme une femme légère, prête à tout, sans aucune morale».

15’000 euros de dommages et intérêts

Marie-Josée Roig conteste les faits, mais pour elle pas de doute, elle est identifiable et demande 15’000 euros (18’100 francs) de dommages et intérêts.

Plus de deux ans après la sortie du livre, qui a rencontré un certain succès en librairie et suscité un tollé au conseil général des Hauts-de-Seine, dont le président avait mis fin aux fonctions de Marie-Célie Guillaume à la demande de plusieurs élus, l’audience a pour effet de remettre le sujet sur la place publique.

Certains détails correspondent, d’autres pas. Avignon a certes des remparts, comme beaucoup d’autres villes, mais elle ne compte que 90’000 habitants et non les 150’000 administrés du personnage de «Mme de P.».

Plusieurs noms avaient circulé

Pour le procureur Annabelle Philippe, «l’identification n’est pas du tout évidente pour le public». «On peut la reconnaître», tout comme «on peut reconnaître d’autres personnes», a estimé la magistrate, qui a lu l’ouvrage après la plainte de Marie-Josée Roig.

Mais si le tribunal devait estimer qu’il n’y a «pas d’erreur possible», a-t-elle poursuivi, le propos serait bien diffamatoire, dans la mesure où il serait alors bien imputé à la plaignante un fait précis: accorder une «faveur sexuelle, dont on ignore la nature, pour obtenir une subvention».

Plusieurs noms avaient circulé. Celui de Françoise de Panafieu, qui a «pris ça avec humour» et «sait très bien qu’il s’agit d’une fiction», selon l’avocat de l’auteur, Me Olivier Schnerb.

«C’est moi»

Les noms d’autres élues avaient ensuite également été évoqués, mais en réalité, le personnage du livre était «le mélange de trois personnes», a plaidé l’avocat, «c’était plus amusant de faire de trois personnages un personnage unique».

Mais «Marie-Josée Roig, à un moment donné a dit, ‘c’est moi’», a-t-il relevé. «Ce n’est que de l’imagination» et, a-t-il relevé, à part celui-ci, «il n’y a eu aucun procès en diffamation».

L’éditeur se marre

Quand l’éditeur Yves Derai a été convoqué pour être mis en examen dans cette affaire, «il a ri», a affirmé son avocat, Me Olivier Pardo.

«Nous sommes au pénal, en matière de certitude, pas en matière d’approximation», a-t-il poursuivi. «Pardon de le dire et d’être vulgaire», mais le personnage a 58 ans, au moment des faits, censés se passer en 2008, Marie-Josée Roig en avait 12 de plus.

Le personnage est décrit comme une parlementaire «active», tandis que statistiquement, a fait observer Me Pardo, Marie-Josée Roig était «classée très moyennement par le site nosdeputes.fr», qui se présente comme un «observatoire citoyen de l’activité parlementaire».

Jugement le 25 novembre

L’auteur se livrait «au fond à une description du machisme ambiant du monde politique envers les femmes», a conclu l’avocat.

Le tribunal correctionnel de Paris a mis son jugement en délibéré au 25 novembre.

(afp/Newsnet)