SYRIE: Les Kurdes de Kobané attendent des renforts

 

Les forces kurdes défendant la ville clé syrienne de Kobané attendaient des renforts mardi 21 octobre au soir après avoir résisté à un nouvel assaut des djihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Les combats semblent avoir baissé d’intensité dans cette ville kurde, frontalière de la Turquie, après une attaque lundi soir de l’EI menée entre autres par deux kamikazes, ont indiqué des témoins et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Les forces kurdes résistent depuis plus d’un mois à Kobané, conquise à environ 50% par l’EI, aidées des frappes de la coalition dirigée par les Etats-Unis qui a encore mené quatre raids ces dernières 24 heures près de cette ville du nord de la Syrie ravagée par la guerre civile depuis 2011.

Frappes en Irak

La coalition a également lancé des frappes contre ce groupe extrémiste sunnite responsable d’atrocités, en Irak voisin où l’armée et les forces kurdes peinent elles aussi à repousser les djihadistes.

Kobané est devenue le symbole de la résistance face à l’EI qui cherche à élargir son emprise territoriale en Syrie et en Irak, où il contrôle déjà de larges pans de territoire.

«L’EI a tenté d’avancer dans le centre» et au nord de Kobané, et «il y a eu deux attaques suicide» lundi soir, selon un responsable local Idris Nassen, réfugié en Turquie.

Les djihadistes tentent d’asphyxier Kobané, plus d’un mois après le début le 16 septembre de leur offensive, qui a poussé à la fuite plus de 300’000 personnes et fait plus de 700 morts selon l’OSDH. Des centaines d’habitants y sont encore bloqués.

Aucune information au sujet des peshmergas

Après avoir bénéficié lundi pour la première fois d’un largage d’armes par des avions américains, les forces kurdes à Kobané attendent toujours les renforts promis par le Kurdistan irakien après le feu vert donné par la Turquie à leur passage par sa frontière.

«Nous avons de jeunes Kurdes originaires du Kurdistan occidental (Syrie, NDLR) que nous avons entraînés et nous allons les envoyer au combat», a déclaré à l’AFP Halgord Hekmet, porte-parole des peshmergas (combattants kurdes irakiens).

Mais selon M. Nassen, aucun peshmerga n’était encore arrivé mardi dans la ville. «Nous n’avons aucune information à ce sujet».

L’Irak reste la priorité américaine

La Turquie a confirmé qu’aucun combattant kurde n’avait encore passé sa frontière. «Les peshmergas doivent encore franchir (la frontière) entre la Turquie et Kobané, et cette question doit encore être discutée», a dit le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, sans autre précision.

Malgré la grande attention portée sur Kobané, les Etats-Unis continuent de souligner que l’Irak, où les djihadistes ont conquis de larges secteurs dans des provinces au nord et à l’ouest de Bagdad, restait leur «priorité».

Lundi, les djihadistes ont poussé vers le nord irakien et attaqué la ville de Qara Tapah, contrôlée par les Kurdes et située à une cinquantaine de km de la frontière iranienne. Quelque 9000 personnes ont fui.

«Nous avons réclamé un soutien aérien de la coalition», a déclaré un responsable militaire local.

Les frappes montrent leurs limites

En Irak, la coalition a lancé ses premières frappes sur les positions de l’EI le 8 août, mais plus de trois mois après, elles commencent à montrer leurs limites face aux djihadistes qui contrôlent l’immense majorité de la province occidentale d’Al-Anbar, frontalière de la Syrie.

Des responsables américains et irakiens ont reconnu qu’une stratégie purement aérienne ne permettrait pas de gagner cette guerre, soulignant la nécessité de renforcer l’armée irakienne, totalement dépassée au début, en juin, de l’offensive de l’EI.

Le nouveau ministre irakien de la Défense Khaled al-Obaidi a d’ailleurs promis d’enquêter sur les manquements de l’armée et de demander des comptes aux responsables.

Les attentats antichiites se multiplient à Bagdad

Les djihadistes sont «une menace pour la région, et ces groupes terroristes tentent de créer la division entre chiites et sunnites», a déclaré le Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi en visite en Iran, puissance chiite de la région.

«Nous nous tenons à vos côtés et nous défendrons votre gouvernement, comme le précédent», lui a dit le guide suprême iranien, Ali Khamenei, dont le pays a envoyé armes et conseillers militaires en Irak, pays à majorité chiite voisin de l’Iran.

D’autre part, les attentats antichiites se sont multipliés à Bagdad, faisant en trois jours plus de 50 morts.

Une femme lapidée par des djihadistes

Nouveau signe des atrocités commises par l’EI, une jeune femme accusée d’adultère a été lapidée par son père et des djihadistes dans le centre de la Syrie, selon une vidéo postée sur Youtube.

Ce groupe fort de dizaines de milliers d’hommes est responsable d’autres exactions -viols, rapts, exécutions et décapitations dans le «califat islamique» proclamé sur les zones sous son contrôle.

(afp/Newsnet)