NIGERIA: Boko Haram nie tout accord avec le gouvernement

 

Le groupe islamiste armé Boko Haram nie tout accord de cessez-le-feu avec les autorités nigérianes, qu’il accuse de mensonges, dans une vidéo obtenue vendredi 31 octobre par l’AFP, et dit exclure toute perspective future de négociation.

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, affirme aussi que les 219 lycéennes enlevées à Chibok, dans le nord-est du Nigeria, ont toutes été converties à l’islam et mariées.

Shekau dit aussi détenir un ressortissant allemand enlevé en juillet dans l’Etat d’Adamawa, également dans le Nord-Est.

Contradictions

L’armée et la présidence nigérianes avaient annoncé, mi-octobre, avoir conclu un accord de cessez-le-feu avec Boko Haram, prévoyant notamment la libération des otages de Chibok.

Mais les violences n’ont pas cessé depuis et de nouveaux enlèvements ont même eu lieu, la semaine dernières, dans le Nord-Est, épicentre de l’insurrection islamiste qui a fait 10’000 morts ces cinq dernières années.

Dès le départ, cette annonce de cessez-le-feu avait été accueillie avec le plus grand scepticisme, Boko Haram y étant été représenté par un individu inconnu de tous, un dénommé Danladi Ahmadu.

«Allah nous a dit de ne pas négocier»

Le gouvernement nigérian continue à soutenir que des pourparlers sont en cours au Tchad voisin. Mais dans cette nouvelle vidéo, Shekau, qui s’exprime en haoussa, dit ne pas connaître Danladi Ahmadu.

«Nous n’avons signé de cessez-le-feu avec personne (…) nous n’avons négocié avec personne (…) c’est un mensonge. Un mensonge».

«Nous ne négocierons pas. Quel est notre intérêt à négocier? Allah nous a dit de ne pas le faire», ajoute-t-il. Aucun élément ne permet de déterminer où et quand la vidéo a été tournée.

Première allusion aux lycéennes depuis 5 mois

Shekau y apparaît en tenue militaire, coiffé d’un turban noir. Autour de lui, quatre vans militaires équipés de canons anti-aériens, et 15 combattants armés, dans un lieu à la végétation aride.

Il parle pendant 12 minutes, avec son habituelle gestuelle emphatique, flanqué de deux combattants exhibant des drapeaux noirs frappés du sceau du prophète Mahomet, emblème des djihadistes dans le monde.

C’est la première fois depuis plus de cinq mois que Shekau évoque le sort des lycéennes enlevées à Chibok le 14 avril.

«Elles ont mémorisé deux chapitres du Coran»

Dans une vidéo obtenue par l’AFP le 5 mai, on pouvait voir plus de 100 d’entre elles vêtues de hijabs noirs, récitant des versets du Coran. Shekau affirmait alors que certaines des otages étaient devenues musulmanes.

«Vous ne savez pas que les plus de 200 lycéennes de Chibok ont été converties à l’Islam? Elles ont mémorisé deux chapitres du Coran», déclare Shekau dans la nouvelle vidéo.

S’il avait précédemment menacé de vendre les jeunes filles et d’en faire des esclaves sexuelles, il avait cependant laissé la porte ouverte à un possible échange d’otages contre la libération d’islamistes emprisonnés.

«Nous les avons toutes mariées»

Dans cette vidéo, Shekau dit en éclatant de rire: «Nous les avons toutes mariées, elles se trouvent dans leurs foyers conjugaux».

Selon un rapport de Human Rights Watch publié cette semaine, Boko Haram détient plus de 500 femmes et jeunes filles et les mariages forcés sont une pratique courante dans les camps du groupe islamiste.

Un otage allemand

Dans cette vidéo, Shekau soutient également «retenir (un) otage allemand» enlevé le 16 juillet dans l’Etat d’Adamawa.

Il avait été enlevé par des hommes armés à Gombi, à 110 kilomètres de Yola, la capitale de l’Etat, où il travaillait comme instructeur dans un centre de formation.

Des témoins avaient rapporté qu’une vingtaine d’hommes armés à moto l’avaient attaqué vers 6h45 devant chez lui, alors qu’il partait au travail.

Certains avaient même affirmé que de nombreuses couvertures avaient été trouvées dans les buissons autour du domicile de la victime, indiquant que les ravisseurs avaient veillé là toute la nuit.

«L’éducation occidentale est un péché»

Si cet enlèvement n’avait pas été revendiqué jusqu’ici, Boko Haram, dont le nom signifie «l’éducation occidentale est un péché» en langue haoussa, avait tout-de-suite été évoqué.

Ansaru, une faction dissidente de Boko Haram, a également revendiqué l’enlèvement d’au moins huit étrangers dans le Nord-Est depuis 2012, mais ce groupe n’a rien communiqué depuis plus d’un an.

En janvier 2012, un ingénieur allemand, Edgar Raupach a été enlevé par Boko Haram sur un site en construction près de la ville de Kano (nord). Il a été tué dans un raid militaire sur une cachette de Boko Haram quatre mois plus tard.

(afp/Newsnet)