Le Sénégal, une démocratie en panne de dialogue politique

« Disso ak Baykat yi, Disso ak Samkat yi, Disso ak Napkat yi », dixit le président Lépold Sédar Senghor. A dix jours du sommet de la Francophonie, l’un des meilleurs hommages que la classe politique sénégalaise peut rendre au président Senghor c’est de s’approprier de cette pensée.

Depuis 2000, la démocratie sénégalaise se caractérise par une absence totale de dialogue politique. Si l’opposition d’alors n’a jamais répondu aux appels du président Wade, celle d’aujourd’hui est, jusque là, systématiquement ignorée par le président Macky Sall. Ce manque de dialogue politique fait du Sénégal une démocratie plus d’affrontement que de consensus. L’arène politique se transforme en véritable « ring » où les contradictions se règlent par des invectives, des menaces, des emprisonnements, etc.

Le renforcement de la stabilité politique au Sénégal exige, nécessairement, le dialogue entre les acteurs politiques. Malheureusement, certains compatriotes assimilent toujours dialogue politique à l’instauration d’un gouvernement d’union nationale (qui ressemble à un partage du gâteau) ou à un « deal » politique. Le dialogue politique permet plutôt aux acteurs politiques d’avoir des convergences fortes sur des questions supra partisanes telles que la CREI, le PSE et l’Acte 3 de la décentralisation. Sinon avec la CREI, non seulement que ces décisions vont davantage creuser le fossé social et politique mais on risque d’entrer dans un cercle vicieux. Quant au Plan Sénégal Emergeant et l’Acte 3 de la décentralisation si chers au président Macky Sall, ils risquent de ne pas survivre à son régime. « Rero amul gnak wax taan mo am ».

Il est du rôle, de l’intérêt et de la responsabilité du président Macky Sall de faire un appel au dialogue politique. Un climat social et politique apaisé permettra au Chef de l’Etat, dépositaire de la confiance du peuple, de remplir autant que possible les clauses de son « contrat social » avec le peuple et surtout, en sa qualité de garant de la paix et de l’unité nationale, de renforcer la stabilité politique et sociale du pays.

L’opposition est bien dans son rôle et c’est à lui de déjouer les pièges en évitant l’affrontement. 2017 commence déjà à pointer son nez. L’institution du statut du Chef de l’opposition tel que prévu par la Constitution de 2001, la poursuite de la reddition des comptes par les juridictions normales, etc. participeront à renforcer l’image de marque de la démocratie sénégalaise.

Adama SADIO ADO
adosadio@yahoo.fr

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