FERGUSON: Les parents de Michael Brown ne croient pas le policier

Les parents de Michael Brown, tué à Ferguson en août par un policier blanc alors qu’il n’était pas armé, ont déclaré ce mercredi 26 novembre «ne pas croire un mot» du récit de l’agent. Des manifestations ont eu lieu dans des dizaines de villes américaines lundi soir puis mardi dans la nuit suite à la décision d’un grand jury de ne pas poursuivre l’agent.

Dans la première interview qu’il a accordée à la presse depuis l’incident, le policier concerné, Darren Wilson, a assuré que Michael Brown l’avait agressé et tenté de s’emparer de son arme de service.

«Il a foncé sur moi, il allait me tuer», a-t-il déclaré à la chaîne ABC. L’agent a affirmé avoir «bonne conscience» et qu’il aurait agi de la même manière avec un jeune Blanc.

«Manque total de respect»

Mercredi matin, la mère de Michael Brown s’est insurgée contre cette version des faits, dénonçant un «manque total de respect» à l’égard de son fils. «Je n’en crois pas un mot. Je connais trop bien mon fils (…) Il n’aurait jamais fait ça. Il n’a jamais provoqué qui que ce soit», a expliqué Lesley McSpadden dans l’émission «This Morning» sur la chaîne CBS.

Et pour son père, Michael Brown Sr., le récit du policier est tout simplement «fou». «Tout d’abord, mon fils respectait les forces de police. Et ensuite, quelle personne saine d’esprit oserait charger un agent de police qui a son arme en main?», s’est-il interrogé sur NBC.

2e nuit agitée à Ferguson

La petite ville américaine de Ferguson (Missouri) a connu mardi soir une deuxième nuit agitée en réaction à l’impunité du policier. Mardi soir, dans cette petite banlieue de St Louis qui compte 21’000 habitants, 2200 militaires de la Garde nationale, soit trois fois plus que lundi, étaient déployés pour empêcher incendies et pillages de recommencer.

Devant le commissariat de police, des policiers en tenue anti-émeute, secondés par des gardes nationaux équipés de matraques et de boucliers, ont repoussé une centaine de personnes qui tenaient des pancartes où on lisait: «on ne nous fera pas taire».

Malgré ce déploiement de force, des vitres de la mairie ont été brisées, une voiture de police a été incendiée et des manifestants ont lancé des pierres, des bouteilles et un cocktail Molotov, selon la police locale.

Une quarantaine d’arrestations

Le chef de la police de St Louis, Jon Belmar, a indiqué que 44 personnes avaient été arrêtées mais que, dans l’ensemble, «la nuit avait été bien meilleure» que la veille.

A St Louis, une voiture de police a également été incendiée par des manifestants. Les autorités ont déclaré le rassemblement «illégal», menaçant d’arrêter protestataires et journalistes. Elles ont voulu à tout prix éviter une éruption de violences comme lundi soir.

Obama condamne les violences

Violences qui ont été fermement condamnées par le président américain Barack Obama. «Brûler des bâtiments, mettre le feu à des voitures, détruire des biens, mettre des gens en danger: il n’y a aucune excuse pour cela, ce sont des actes criminels», a-t-il déclaré à Chicago (Illinois, nord).

«Il existe des moyens constructifs d’exprimer ses frustrations», a poursuivi le président, reconnaissant qu’il existait au sein de nombreuses communautés le sentiment que «les lois ne sont pas toujours appliquées (…) de façon équitable».

L’avocat de la victime, Benjamin Crump, a lui déploré que «dans toute l’Amérique, à New York, à Los Angeles, en Californie, à Cleveland, les jeunes garçons de couleur soient tués par les policiers».

«La prison pour les policiers meurtriers!»

«La prison pour les policiers meurtriers!», «Nous demandons justice pour Ferguson», «Les mains en l’air, ne tirez pas», «Les vies noires comptent», pouvait-on lire sur les pancartes lors des rassemblements à travers tout le pays.

Des centaines de manifestants sont notamment descendus dans les rues de New York, Boston, Philadephie (est) ou Nashville (sud). CNN dénombrait des rassemblements dans 170 villes américaines et la plupart se sont déroulées pacifiquement.

Darren Wilson, toujours en congé administratif, n’est cependant pas à l’abri de toute poursuite. Le ministre de la Justice Eric Holder a rappelé que deux enquêtes fédérales étaient en cours. Il a promis des conclusions rapides «pour rétablir la confiance» entre la police et la communauté noire.

(ats/afp/Newsnet)