CRISE POLITIQUE: Les efforts de paix s’enlisent en Ukraine

 

 

Les efforts de paix s’enlisent en Ukraine où cinq soldats ont été tués en 24 heures dans l’Est séparatiste prorusse, malgré l’appel du chef de la diplomatie allemande à reprendre dès dimanche les pourparlers à Minsk.

Les représentants de Kiev et des rebelles n’étaient pas parvenus ce vendredi 19 décembre au soir à fixer une date pour la réunion de Minsk destinée à relancer le processus de paix et ainsi mettre fin à conflit qui a fait plus de 4.700 morts, à l’issue d’une visio-conférence.

Une véritable rencontre

En visite à Kiev, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, dont le pays est le principal médiateur européen dans la crise ukrainienne, avait estimé quelques heures plus tôt que tout devait être fait pour qu’ait lieu la rencontre entre les rebelles et le Groupe de contact composé de représentants de l’Ukraine, de la Russie et de l’OSCE.

«Je voudrais qu’une rencontre physique ait lieu entre les protagonistes, probablement dimanche», avait-il déclaré à l’issue d’une rencontre avec le président Petro Porochenko. «Nous devons faire des efforts dans ce sens et il y a de bonnes prémisses pour cela,» avait-il poursuivi.

Après avoir parlé au téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel, les présidents français François Hollande et russe Vladimir Poutine, M. Porochenko avaient aussi avancé cette semaine la date de dimanche.

Réunion de paix

Tous les acteurs placent leurs espoirs dans le format de Minsk pour trouver une solution au conflit qui a provoqué la pire dégradation des relations entre Moscou et les Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.

Mais les responsables des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, auxquelles Kiev a coupé tout financement en novembre, ont annoncé vendredi en fin de journée qu’aucune date de la reprise de pourparlers n’avait été fixée.

«La date de la rencontre de Minsk n’a pas encore été fixée», a déclaré à l’AFP Vladislav Deïnego, représentant de la république de Lougansk. «Il fait encore trouver des compromis», a pour sa part souligné Denis Pouchiline, représentant de la république de Donetsk cité par l’agence Interfax.

Trêve respectée

La rencontre de Minsk, où avaient déjà été signés les accords de paix le 5 septembre, était initialement prévue le 9 décembre, le jour de l’instauration du nouveau cessez-le-feu.

Les protagonistes jugent que la trêve est globalement respectée, malgré quinze tués à ce jour du côté ukrainien.

Assombrissant encore les perspectives diplomatiques, le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko a annoncé que cinq soldats avaient été tués et sept blessés en 24 heures, ce qui constitue le pire bilan journalier pour l’armée depuis la trêve.

La Russie se défend

Il a par ailleurs accusé les rebelles de redéployer armes et troupes, et la Russie de leur envoyer de nouveaux renforts.

Accusé par les autorités ukrainiennes et les Occidentaux d’armer les séparatistes dans l’Est et d’y avoir déployé des troupes – jusqu’à 10’000 selon Kiev -, Moscou dément catégoriquement.

Interrogé jeudi sur le nombre de militaires russes en Ukraine, Vladimir Poutine s’est contenté d’évoquer ceux qui «suivant l’appel de leur conscience, accomplissent leur devoir ou qui en tant que volontaires combattent dans l’est de l’Ukraine».

Russie menacée

Déjà frappée par de lourdes sanctions économiques occidentales qui ont participé à aggraver une crise monétaire, la Russie risque de nouvelles mesures américaines contre ses entreprises énergétiques et militaires.

Barack Obama a en effet annoncé jeudi la promulgation d’un loi qui lui donne la possibilité d’introduire de nouvelles sanctions contre la Russie et qui, selon le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, peuvent «saper pour longtemps» les relations entre les deux pays.

Cette loi autorise également les États-Unis à fournir à l’Ukraine des armes létales, une éventualité à laquelle Barack Obama s’est jusqu’ici opposé.

Accord avec l’UE

M. Obama, qui n’envisage pas de nouvelles sanctions à l’encontre de Moscou dans l’immédiat, a indiqué à plusieurs reprises qu’il jugeait contre-productive l’imposition de sanctions américaines supplémentaires sans coordination avec l’Union européenne.

Le président français François Hollande a estimé jeudi que si les gestes envoyés par la Russie étaient tels «que nous les attendons», il n’y aurait pas lieu de prononcer de nouvelles sanctions.

La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a aussi appelé cette semaine la Russie à «des actes» prouvant son désengagement dans le conflit ukrainien.

(afp/Newsnet)