ELECTION PRÉSIDENTIELLE: En Tunisie, les derniers coups de la présidentielle

 

 

Qui de Moncef Marzouki, le président sortant, et Béji Caïd Essebsi, leader du courant libéral incarné par le parti Nidaa Tounès, emportera dimanche le droit de s’installer au palais de Carthage? Les Tunisiens ne sont pas mécontents de voir s’achever une campagne de deuxième tour marquée par les invectives. Tout du long, les deux candidats, que tout oppose, n’ont pas caché leur mépris l’un pour l’autre, en multipliant les attaques personnelles. Qualifiant son adversaire d’«extrémiste» soutenu par les «salafistes djihadistes», Béji Caïd Essebsi a également refusé de débattre avec lui à la télévision. Moncef Marzouki, lui, n’a pas hésité à répéter que «seules les fraudes feraient gagner l’autre camp». Ce qui lui a d’ailleurs valu un avertissement de la part de l’instance chargée d’organiser les élections.

Malgré son âge, 88 ans, l’ex-premier ministre Béji Caïd Essebsi semble partir légèrement favori. Arrivé en tête au premier tour avec 39,46% des voix, et bénéficiant de la victoire de son parti aux législatives d’octobre, il se pose en homme d’expérience et récolte du soutien à Tunis et dans le Nord, là où se concentre l’intelligentsia. Mais pour nombre de Tunisiens, il est aussi l’incarnation de l’ancien régime, un homme qui a bâti sa carrière sous Bourguiba et qui a encore officié sous l’ère Ben Ali.

Moncef Marzouki, 69 ans, homme du sud tunisien, exilé sous la dictature, n’a eu de cesse de cultiver l’image de l’opposant historique, à l’écoute des pauvres. Mais son image, due à la compromission avec les islamistes pour les uns, à sa démagogie pour les autres, est très écornée. Son parti n’a récolté que des miettes lors des législatives et son mandat de président de transition ne l’a guère servi. Il pourrait pourtant bénéficier des voix islamistes du sud du pays.

Ennahdha, le courant islamiste arrivé deuxième aux législatives et qui avait fait le choix de ne pas présenter de candidat à la présidentielle, n’a pas donné de consigne de vote. Mais certains de ses poids lourds ont appelé à voter Marzouki.

Quel que soit le président élu, dont la fonction reste relativement limitée, le prochain enjeu sera la constitution du prochain gouvernement. Les islamistes ont dit leur disposition à travailler main dans la main avec Nidaa Tounès. Les rumeurs d’accord post-élection présidentielle entre la formation de Béji Caïd Essebsi et Ennahdha ont défrayé la chronique. Avant la présidentielle, Nidaa Tounès s’est employée à les démentir vivement.

(24 heures)