FRANCE: Nouveau maire du Front national épinglé par la justice

 

 

La justice française a déclaré vendredi inéligible pour un an un maire d’extrême droite en raison de «graves» irrégularités dans ses comptes de campagne. Les magistrats enfoncent ainsi un coin dans l’image sérieuse et responsable voulue par le parti Front national pour ses représentants locaux.

Maire de Hayange, une petite ville de l’est de la France, Fabien Engelmann a «commis un manquement d’une particulière gravité aux règles relatives au financement des campagnes électorales», a affirmé dans un arrêt le tribunal administratif de Strasbourg.

«C’est un jugement politique avant tout», a rapidement dénoncé le maire en annonçant qu’il allait faire appel. «Il fait appel, il n’y a pas grand-chose à dire de plus», a sobrement réagi Marine Le Pen, présidente du Front national.

Deuxième fois

La décision du tribunal n’empêche pas l’élu de conserver son poste jusqu’à épuisement de toutes les voies de contestation possibles. Une confirmation de sa condamnation en appel n’entraînerait pas automatiquement de nouvelle élection. Le conseil municipal, dans lequel entrerait à la place du maire déchu le premier non élu de sa liste, devrait alors se réunir pour choisir un nouvel édile.

C’est la deuxième fois qu’un tribunal épingle un responsable local du Front national depuis la percée effectuée par le parti de Marine Le Pen aux élections municipales de mars, qui avait fait tomber 11 villes dans son escarcelle.

Mi-octobre, la justice avait annulé l’élection municipale dans la localité du Pontet (sud), pour des soupçons de fraude au second tour du scrutin remporté d’infime justesse par le candidat FN, Joris Hébrard.

Un ancien de la CGT

Les juges de Strasbourg ont notamment reproché à Fabien Engelmann d’avoir omis d’intégrer à ses comptes de campagne près de 15% de ses dépenses réelles. Une partie de la somme aurait été avancée par une colistière de M. Engelmann, son ex-première adjointe Marie Da Silva entrée depuis en dissidence et qui accuse aujourd’hui le maire de «fraude».

Agé de 35 ans, ancien responsable de la CGT, premier syndicat de France marqué à gauche, Fabien Engelmann s’est fait remarquer depuis son élection à la mairie d’Hayange par des polémiques à répétition qui ont fait grincer des dents jusqu’au sein de son parti.

Outre les querelles avec son entourage, qui ont amené deux de ses adjoints à le lâcher et quitter le FN, une de ses premières décisions avait consisté à faire repeindre en bleu une sculpture implantée dans le centre de la petite ville industrielle de 16’000 habitants, qu’il trouvait «sinistre».

(cht/ats/Newsnet)