François Hollande: «La France a fait face»

 

L’émotion était palpable hier au Forum de Davos (WEF) au moment où le président français, François Hollande, s’est exprimé au Centre de congrès. «L’Europe a besoin d’une France forte et confiante», a déclaré en introduction Klaus Schwab, patron du WEF. Les massacres perpétrés par trois terroristes français à Paris, il y a deux semaines, ont donné à l’intervention du Français une certaine gravité.

«La France a fait face. Tous les pays du monde sont susceptibles d’être touchés par le terrorisme. Tous doivent s’y préparer», a dit François Hollande avant d’appeler l’assistance à une «réponse globale et partagée». L’homme politique a notamment appelé les «grandes entreprises» à soutenir les Etats dans leur lutte contre le terrorisme. De manière plus générale, il a cité trois domaines dans lesquels une action commune est indispensable: «la circulation des armes», les «mouvements financiers» et «Internet utilisé comme arme d’endoctrinement».

François Hollande n’a fait qu’évoquer la situation économique difficile de son pays. Il a donc donné hier l’impression d’être sur un nuage aux couleurs contrastées. Blanc sur le plan politique et médiatique, dans le sillage d’une riposte contre le terrorisme menée avec une très forte volonté. Gris et chargé encore de mauvaises pluies sur le plan économique, le programme de rachat de dettes ayant à moitié convaincu les participants au Forum de Davos.

Car la France est toujours à la recherche de son triple A au sein des agences de notation les plus importantes. Chez Moody’s, elle bénéficie tout de même d’une note honorable (Aa1), mais l’Hexagone est devancé par l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Finlande et le Luxembourg. Ces cinq pays de la zone euro peuvent s’enorgueillir de la note maximale, ce qui leur permet d’emprunter sur les marchés à moindre coût. Et, pesant environ 95% du produit intérieur brut de la France, le niveau de sa dette s’approche dangereusement de la barre symbolique de 100%; pour mémoire, la dette représentait il y a vingt ans 50% du PIB du pays et il y a trente ans, un quart seulement de sa richesse interne annuelle!

Les autres handicaps de la France sont connus, dans cette course effrénée à la croissance. Les Etats-Unis se hissent au-dessus de 2%, l’Allemagne autour de 1,5% et l’Hexagone parvient à peine à sortir la tête hors de l’eau.

Mais les stricts chiffres économiques ne reflètent pas toute la complexité d’un pays. Dans le cadre d’un dossier fouillé sur l’économie mondiale, le magazine Les Echos a aussi publié le classement des pays à l’aune de la consommation d’antidépresseurs. Le rang de la France est alors bien meilleur: en 2012, dernière date disponible, sur mille Français, 50 gobaient chaque jour un de ces produits, contre 52 Allemands, 70 Belges et 75 Anglais.

L’état de santé global de la France n’est donc pas aussi difficile qu’une simple lecture économique classique pourrait le faire penser. Après trois jours de débats très nourris, le WEF se prépare, aujourd’hui, à clore ses portes. La neige a commencé à tomber. Intellectuellement essorés après des journées entières à refaire le monde, de nombreux participants s’apprêtent enfin à découvrir les charmes de la station alpine.

(24 heures)