Egypte : manifestations réprimées dans le sang, 4 ans après le début la révolution

 

Alors que le pays commémore le quatrième anniversaire de la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir, plus d’une dizaine de personnes ont été tuées dans des affrontements avec la police, dimanche 25 janvier, selon un média d’Etat.

Douze manifestants ont été tués à travers la capitale égyptienne du Caire, et un treizième a été tué dans la ville d’Alexandrie lors de rassemblements que la police a refusé de voir se dérouler, a indiqué le ministère de la santé. Un policier a aussi été tué et 11 ont été blessés, selon le ministère de l’intérieur. Au total, 150 personnes ont été arrêtées.

Les mesures de sécurité draconiennes prises au Caire et dans d’autres villes n’ont pas dissuadé les manifestants, notamment les partisans des Frères musulmans et de l’ancien président Mohamed Morsi, de descendre dans les rues. La place Tahrir, où la révolution égyptienne a pris forme, a été fermée à la circulation et reste sous la surveillance étroite des blindés de l’armée. La police a tiré à la chevrotine et fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants qui tentaient de la rejoindre dimanche.

UNE MANIFESTANTE TUÉE AU CAIRE SAMEDI

Le 25 janvier 2011 marque le début de 18 jours de manifestations monstres qui avaient obligé M. Moubarak à démissionner, le 11 février. Dès samedi, des affrontements étaient survenus entre la police et des manifestants d’un mouvement de gauche au Caire. Une des participantes a été tuée. Selon un porte-parole du ministère de la santé, Shaïmaa Al-Sabbagh, 34 ans, mère d’un enfant de 5 ans, est morte après avoir été blessée par des tirs de chevrotine.

Des manifestants ont rapporté qu’elle avait été touchée par les forces de l’ordre, qui dispersaient le rassemblement. Un scénario réfuté par un responsable du ministère de l’intérieur. Le premier ministre, Ibrahim Mahlab, a précisé qu’une enquête sur la mort de Shaïmaa Al-Sabbagh avait été ouverte et que « qui que ce soit ayant commis une erreur sera puni ».

Le rassemblement de samedi soir, dans le centre du Caire, était organisé par le parti de l’Alliance populaire socialiste. La formation entendait avec cette « manifestation symbolique (…) commémorer l’anniversaire de la révolution du 25 janvier », a expliqué un de ses membres. Celui-ci affirme par ailleurs que le secrétaire général du parti ainsi que cinq adhérents ont été interpellés. Les autorités ont empêché les militants laïcs de manifester dimanche.

PLUS DE 1 400 MORTS DEPUIS JUILLET 2013

Disant agir en représailles à cette répression, des groupes jihadistes ont multiplié les attaques contre les forces de l’ordre à travers le pays. Dimanche matin, deux policiers ont été blessés dans l’Est du Caire dans l’explosion d’une petite bombe. Vendredi, quatre policiers et un civil ont été blessés dans l’explosion d’une petite bombe dans le même quartier. Cette attaque a été revendiquée par le groupe djihadiste Ajnad Misr.

La jeunesse militante, laïque et de gauche était le fer de lance du soulèvement populaire de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir, et a soutenu dans son ensemble l’éviction par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013. Depuis, le président Abdel Fattah Al-Sissi, l’ex-chef d’état-major tombeur de M. Morsi, est accusé de mener une répression implacable contre toute opposition, islamiste, mais aussi laïque.

Depuis son éviction, soldats et policiers ont tué plus de 1 400 manifestants islamistes et plus de 15 000 personnes ont été arrêtées. Des dizaines de militants laïcs et de gauche ont également été emprisonnés pour avoir enfreint une loi controversée limitant le droit de manifester.

Le Monde.fr avec AFP