Marche républicaine contre le terrorisme: le président Macky Sall a parfaitement raison de se rendre à Paris (Cheickh Sadibou Diallo)

 

« La liberté d’expression est une chose fondamentale dans notre société, et toutes les religions devraient s’ouvrir à la critique, néanmoins, cette liberté doit être utilisée de façon responsable et avec une extrême sensibilité pour les différences culturelles » (Richard Harries, Evêque d’Oxford).
Suite à l’attentat survenu au siège de «Charlie Hebdo» le mercredi 7 janvier, où 12 personnes ont perdu la vie et 5 tués lors des prises d’otages qui ont suivi, une «marche républicaine» a été organisée à l’appel des partis politiques, des principaux syndicats et associations de défense des droits de l’homme le dimanche 11 janvier, à laquelle ont participé les dirigeants d’une cinquantaine de pays, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron, le Premier Ministre espagnol Mario Rajoy, le nouveau Président de l’Europe, Donald Tusk, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, le palestinien Mahmoud Abbas, le roi de Jordanie ainsi que six Chefs d’Etat africains : la manifestation a aussi réussi à rassembler la quasi-totalité des responsables politiques français, aux côtés du Président français François Hollande.

Une mobilisation aussi massive de Chefs d’Etats et de gouvernements, c’est à vrai dire du jamais vu, pas même pour les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, pour une raison évidente ! « C’est que l’attaque de 2001 était une agression de l’extérieur, vécue comme telle. « Celle-là, vient directement de l’intérieur », observe le maire du Havre, Edouard Philippe. A ses côtés, dans le cortège, Bruno Le Maire confirme : « Aujourd’hui, les Français disent que cela ne peut pas continuer. Ce sont nos enfants qui ont tué, le produit de notre société». Participer à ce grand rassemblement républicain, partager la douleur de la France lui exprimer les condoléances attristées du peuple sénégalais et lui témoigner son amitié dans ces moments pénibles qu’elle traverse, font partie d’une des principales valeurs que nous portons en nous. Telle a été la logique constituante de la présence du Président Macky Sall à Paris, parmi ses homologues Chefs d’Etats. Un symbole de plus, pour illustrer que cette grande manifestation républicaine était motivée par des raisons émotionnelles envers un Etat ami, ayant subi une grande tragédie.

Suite à la participation du Président de la République à la marche de Paris, des voix se sont aussitôt élevées dans le pays, pour dénoncer une telle démarche. Oui, le Président Macky Sall, n’accomplissant que son devoir, était parti en France pour se joindre à la manifestation républicaine, qui n’avait qu’un seul but : condamner la violence aveugle de toutes les formes de terrorismes internationaux, interraciaux ou interreligieux qui risquent de détruire notre monde, si l’on y prend garde, avec la vigilance de toute notre humanité commune, Cependant, comme l’a si bien relevé la Présidente africa7.« Comme chez nous en Afrique, et plus prosaïquement au Sénégal, on est experts en tout, plus royalistes que le roi, nous mêlons toujours politique, république, sentiments et manipulation… On peut aisément participer à une marche pour la paix, la fraternité, contre le terrorisme, sans cautionner les blasphèmes, les offenses, qui heurtent les consciences des autres dans leur foi, au nom de sa propre liberté d’expression».

Alors qu’il effectuait une visite d’Etat en Algérie, le Président Macky Sall, n’a pas hésité, dès qu’il eut connaissance au lendemain de son départ de Paris, de la parution de l’hebdomadaire satirique caricaturant le Prophète Muhammad, à prendre la décision souveraine d’interdire la publication du journal Charlie hebdo au Sénégal, Ce qui atteste d’une manière certaine, son intransigeance sur la religion : attitude qu’il considère comme une grave atteinte à la religion musulmane. Le Chef de l’Etat, face à son peuple, s’en est d’ailleurs expliqué dans une déclaration clairvoyante : «Mon déplacement à Paris n’a aucune connotation religieuse. Mon voyage répond uniquement à mon souci de présenter mes condoléances, suite à l’assassinat d’innocents, tout en réaffirmant mon engagement dans la lutte contre tout acte terroriste. Certains osent même verser dans des allégations, insinuant que je ne serais pas un bon musulman. D’autres disent même que j’ai fait totalement preuve d’apostasie et que je suis sorti de la religion musulmane. A ceux-là qui versent dans les allégations et accusations gratuites, je rappelle que Dieu est le meilleur des juges et qu’il saura reconnaître les siens. Notre engagement auprès de la France dans la lutte contre le terrorisme reste constant. Mais, on ne peut pas, au nom de la liberté d’expression, cautionner ou ne pas réagir contre des pratiques qui peuvent être des sources de tensions sérieuses sur l’ensemble de la planète. Je ne cautionnerai jamais les pratiques d’un journal qui s’en prend à nos valeurs islamiques et à son plus grand symbole humain : le prophète Muhammad (Psl)».

Le Président Macky Sall n’a pas manqué aussi de préciser que s’il y a un combat à mener contre les détracteurs de l’Islam, il sera à la pointe du combat, car souligne-t-il avec conviction : «Je suis musulman ! Je le revendique et l’assume. Lorsqu’un malheur frappe un pays ami, nos valeurs recommandent que nous soyons à ses côtés pour le soutenir et lui présenter nos sincères condoléances. Les relations entre le Sénégal et la France dépassent le cadre de la simple diplomatie». Voilà une paraphrase particulièrement précise qui devrait, rationnellement, clore le débat des sceptiques… Par ailleurs, il est déterminant, qu’au cours du débat sur la liberté d’expression qui fait rage depuis l’assaut meurtrier contre l’hebdomadaire satirique Charles Hebdo, qu’une voix autorisée, le Pape François, symbole de la chrétienneté se soit élevée faisant preuve d’éminence, pour transmettre son message, en ces termes : «La liberté d’expression est un droit fondamental, mais n’autorise pas à insulter la foi d’autrui. Tuer au nom de Dieu est une aberration. Cette liberté d’expression doit s’exercer, sans offenser et sans tourner la foi des autres en dérision. Chacun a non seulement la liberté, le droit mais aussi l’obligation de dire ce qu’il pense, pour aider au bien commun. Il est légitime d’user de cette liberté, mais sans offenser», a-t-il insisté avec force.

Avant de clore ma réflexion, il m’est venu à l’esprit l’idée heureuse de partager avec vous la sensibilité des britanniques. L’honnêteté intellectuelle oblige d’affirmer que beaucoup de britishs se sont prononcés contre la publication de ces caricatures en Grande-Bretagne, et la presse britannique a fait preuve de sagesse, mais elle a aussi démontré une grande délicatesse et un sens de responsabilité, à ne pas éditer ces dessins dans leur pays. Ce profond sens du respect et de la maîtrise de soi, mérite l’admiration et les félicitations de la toute la communauté musulmane.

Son Excellence Monsieur Cheickh Sadibou DIALLO
Conseiller Spécial politique du Président de l’APR
Administrateur de la DES APR France